La jurisprudence du silence de RSF La réaction de Reporters Sans Frontières (RSF) suite à la décision des autorités de la Transition d’engager les procédures de suspension de RFI et France 24 a été discriminatoire pour avoir gardé le silence sur la décision de l’Union européenne d’interdire Russia Today (RT) et Sputnik, deux médias russes. Au nom des valeurs que RSF entend défendre, son combat en faveur de la promotion de la liberté d’informer et d’être informé ne devrait pas souffrir de parti pris guidé par des postures politiques.
“La loi et l’équité sont deux choses que l’homme a unies, mais que l’homme a séparées”, écrivait Victor Hugo dans Les Misérables. Cette assertion peut illustrer la récente sortie de Reporters Sans Frontières qui dans une note a réagi ce jeudi matin à la décision des autorités de la Transition malienne. En effet, celles-ci ont décidé de suspendre RFI et France 24 au Mali. En terme clair, ces deux médias ne devront plus émettre au Mali parce qu’ils sont accusés de faire la manipulation et de balancer les fausses accusations contre les forces armées maliennes.
Or, les mêmes faits se sont déroulés contre deux médias russes. Curieusement, RSF s’est remarqué par son silence. Aucune réaction de cette organisation internationale, tout s’est passé comme si la situation était la plus normale possible. Ces médias russes ont payé alors le prix de la haine des Européens contre la Russie. La liberté de presse a été piétinée, bafouée au vu et su de RSF. Et pourtant, on le dit ‘’l’injustice est mieux acceptée quand elle est répartie équitablement’’.
La promptitude de RSF à agir à la décision du gouvernement de la Transition laisse apparaître une approche discriminatoire quant à la promotion de la liberté d’informer qui ne doit pour autant, souffrir d’aucune position partisane politique, religieuse et idéologique.
En effet, cette jurisprudence européenne du 27 février dernier fonde le Mali de Assimi Goïta à interdire la désinformation comme les Européens l’ont fait sans coup férir.
Nous n’avons pas beaucoup souvenance par ici que Reporters sans Frontières, qui s’égosillent à damner notre pays ait osé émettre la moindre protestation lorsque l’Europe a suspendu maladroitement les médias russes. Au contraire !
Interrogé par le Magazine français « Mariame », pour savoir si l’interdiction de la diffusion des médias financés par le gouvernement russe était justifiée, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire n’est pas allé par quatre chemins pour répondre par l’affirmative : «à court terme et dans un contexte de guerre, peut-être le danger de la propagande russe justifiait-il cette prise de décision, et la Commission européenne n’avait-elle pas d’autre choix…. »
Plus loin, le patron de Reporters sans frontières enfonce le clou : « Russia Today et Sputnik ne sont évidemment pas des organes anodins. Même si leur impact est limité, leurs contenus sont amplifiés sur les réseaux sociaux. Placés sous la tutelle du Kremlin, ils ont été créés pour déstabiliser nos démocraties dans un contexte de guerre de l’information. En bref, ils servent les intérêts d’un État répressif, censeur et propagandiste ».
Si Russia Today et Sputnik représentent pour les Européens des instruments de propagande, RFI et France 24 les sont aussi pour la Transition. Comme l’Union européenne, elle s’est aussi assumée en prenant cette décision contre ces deux médias français taxés «des bras armés de la France… ».
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin