Impossible, dit-on, n’est pas Malien. La présence du professeur constitutionnaliste Brahima Fomba parmi les membres de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution illustre fort aisément ce postulat. En effet, le juriste constitutionnaliste est l’un des détracteurs farouches de feu président Ibrahim Boubacar KEITA pour avoir notamment pris la décision de révision la constitution du 25 février 1992 qui a montré de nombreuses lacunes.
Du haut de son expérience, le Professeur Fomba avait estimé, il y a quelques jours de cela, que la révision de la Constitution de 1992 était impossible.
En absence de président de la République et de députés, et comme un mépris pour Assimi Goïta et aux membres du CNT auxquels ils dénient toute légitimité, Brehima Fomba avait estimé dans un post qui remonte de plusieurs mois qu’il ne saurait y avait de révision constitutionnelle face à l’obstacle «juridique lié à l’atteinte flagrante à l’intégrité territoriale du pays que nul ne saurait nier, pas même le PM Choguel».
La vérité, avait-il professé : «ni les conditions juridiques, encore moins les conditions politiques, ne sont réunies pour s’engager dans une telle aventure ». Et notre constitutionnaliste de trancher tout net : « aucune révision constitutionnelle n’est possible dans le contexte institutionnel actuel de la Charte de la Transition ».
Puis, il mettait en garde contre «le danger qu’il y a pour la démocratie malienne, à permettre à des institutions bricolées suite à des coups d’État de tripatouiller notre Loi fondamentale »…
Avant, le Pr Fomba est l’un des acteurs majeurs du mouvement « Ante Abana ne touche pas à ma constitution » qui pendant des mois ont manifesté contre l’initiative de révision de la loi Fondamentale.
A l’époque, l’un des arguments avancés et soutenus par M. Fomba est l’occupation d’une partie du territoire pour justifier son rejet du processus. Finalement, la mobilisation a contraint le président de l’époque IBK à surseoir à son initiative.
En dépit de ces positions que l’on peut estimer trancher puisque fondées sur le respect des textes, le Professeur a été contacté pour être membre d’une commission chargée non pas de réviser la Constitution mais d’écrire carrément une nouvelle Constitution.
Bien que le contexte sociopolitique de notre pays, loin de s’améliorer, s’il ne s’est d’ailleurs empiré, notre cher Constitutionnaliste à accepter volontiers le défi au risque de ‘’permettre à des institutions bricolées suite à des coups d’État de tripatouiller notre Loi fondamentale’’
Comme le droit est flexible, on ne dira plus que notre constitutionnaliste a été une girouette car l’obstacle juridique, du moins tous les obstacles liés à la rigidité de la révision de la Constitution de 1992 se trouvent contournés.
Et Bréhima Fomba peut fièrement et sans rien avoir sur la conscience être membre de cette commission, car il ne s’agit pas d’une révision, mais d’une rédaction.
Celui chargé d’apprendre le droit à des étudiants, s’est permis d’acter une jurisprudence qui pourrait faire date dans notre pays.
Ou du moins bien moins expliquer, à une partie du peuple qui le suit et qui récitait mécaniquement ses grandes déclarations sur la révision constitutionnelle, qu’est ce qui a changé ?
En tout cas, les Maliens veulent savoir ce qui s’est passé entre temps pour que Fomba rallie le colonel en Chef d’État des institutions bricolées suite à des coups d’État pour tripatouiller notre Loi fondamentale.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin