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Sans Tabou: Niono : à quand la fin des massacres ?

Ce n’est un secret pour personne que la situation sécuritaire dans le Cercle de Niono devient de plus en plus dégradante. Les vidéos insupportables des chasseurs tués ou égorgés dans les champs de riz qui ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers temps ne peuvent et ne doivent laisser personne de marbre. Malgré les appels répétés des ressortissants de la localité, les populations civils continuent de payer le prix fort aux attaques quasi-quotidiennes des groupes armés djihadistes. Le pire est que tout se passe dans le silence de l’Etat et de ses partenaires comme la MINUSMA et Barkhane.

 

On se rappelle qu’au début du mois de juillet, des bandits armés non identifiés disaient ne plus se reconnaître dans l’Accord de cessez-le-feu inédit, conclu entre les Djihadistes de la Katiba Macina, liés à Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique), et les chasseurs traditionnels Dozos. A la suite de cette déclaration s’en est suivi une recrudescence des attaques contre les populations et les chasseurs Dozos.
Farabougou, Sokolo, Mariko, Songo, Dogofry… «On ne compte plus les attaques, on ne compte plus les morts. C’est presque tous les jours. », témoigne un élu local.
Selon les sources locales (élus, notables, religieux) la situation s’est particulièrement dégradée depuis la fin du mois de septembre. Tous parlent de « plusieurs dizaines de morts » en quelques semaines, sans pouvoir être plus précis.
De nos jours, les civils pris en étau entre les groupes armés, les violences intercommunautaires et les opérations militaires, sont contraints de fuir leur foyer pour se mettre en sécurité́. La vulnérabilité́ augmente en raison de l’escalade de la violence, de la multiplication des conflits, de l’insécurité́ alimentaire croissante.
Pourtant depuis deux ans maintenant, plusieurs initiatives de médiation et de réconciliation initiées par les autorités nationales et des leaders communautaires visant à mettre un terme aux attaques contre les paysans et les populations civiles ont favorisé la libre circulation des populations civiles dans le cercle de Niono et ont conduit à la signature d’accords qui n’ont pas survécu aux tensions entre groupes armés terroristes et chasseurs Dozos.
Il y a eu entre autres initiatives de paix, le forum de Niono du 5 au 7 novembre 2020 facilité par le gouvernement de transition puis la médiation menée par les leaders communautaires de la région de Ségou le 1er décembre 2020.
En dépit de l’établissement de ces Accords, plusieurs incidents sécuritaires survenus par la suite confirment que l’environnement sécuritaire reste précaire et impacte sur l’accès humanitaire.
Comme illustre ces derniers temps, les vidéos virales du massacre des Dozos dans les champs de riz à Niono et alentours attribués aux éléments de la Katiba du Macina.
Selon certains témoignages, les terroristes pénètrent dans des villages pour exiger de l’argent et des jeunes hommes afin de combattre. Les bétails sont volées par centaines, les marchés désertés par les bergers qui se font attaquer en chemin et par les clients qui déplorent le manque de certaines denrées, comme le sucre.
Face à cette situation, des milliers de déplacés ont quitté leurs hameaux isolés pour des localités plus importantes, logés tant bien que mal chez des proches ou dans des bâtiments publics. D’autres rejoignent des villes comme Ségou et Bamako.
Seule lueur d’espoir, il nous revient que le HCIM a bien repris sa médiation pour rétablir l’accord de cessez-le-feu conclu dans le cercle de Niono entre chasseurs traditionnels Dozos et jihadistes de la Katiba Macina en mars dernier, et rompu il y a trois mois. Pour le moment, sans succès.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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