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Sans Tabou: marche du 8 décembre, l’irrévérence de l’opposition

A 72 heures de la marche de l’opposition, programmée pour le samedi 8 décembre, une délégation de haut niveau composée des leaders coutumiers et religieux de notre pays a rencontré le chef de file de l’opposition et ses partisans au siège de la FSD. Cette rencontre, qui avait comme objectif d’apaiser le climat social et politique de notre pays, n’a pas produit tous les effets escomptés. Et pour cause, la capitale sera une fois de plus en ébullition demain samedi car l’opposition n’a pas renoncé à sa marche. Cela n’est-il pas synonyme de l’échec de la médiation, même si son but n’était pas de faire renoncer à cette marche ?

L’apaisement du climat social et politique nécessite de surseoir à toute manifestation qui peut être source de déstabilisation de l’ordre public. L’appel réitéré de l’opposition, pour sa marche du 8 décembre, après une médiation de haut niveau, n’est pas de nature à apaiser le climat social.

C’est pourquoi, le maintien de la marche de l’opposition, malgré la médiation des leaders traditionnels et religieux, suscite beaucoup de commentaires au sein de l’opinion publique. Certains observateurs trouvent que le maintien de cette marche est synonyme de l’échec de la médiation. Pour ceux-ci, compte tenu de la qualité des médiateurs, l’opposition devrait savoir raison garder et sursoir à cette manifestation.

Une telle décision serait de nature à donner plus crédibilité à son combat et à convaincre ceux qui doutent du bien fondé de ses multiples sorties dans les rues de Bamako, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Aussi, l’annulation ou le report de cette marche programmée serait-elle une bonne occasion pour tester la bonne foi du régime. Malheureusement, les leaders de l’opposition ont manqué l’occasion de prouver que ces marches sont organisées pour l’intérêt du pays. Sinon, les médiateurs viennent de donner à l’opposition une occasion de se refaire une nouvelle virginité auprès du peuple qui prend de plus en plus ses distances. Tous les ingrédients ont été réunis par les leaders coutumiers et religieux pour engager un vrai dialogue entre les protagonistes.

La Constitution malienne confère le plein droit à l’opposition d’organiser des marches et des meetings pour dénoncer les dérives du pouvoir, dans les règles de l’art. C’est pourquoi, depuis la campagne présidentielle jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle de 2018, une série de manifestation a été organisée par l’opposition. Mais le chic est qu’aucun impact de ces manifestations n’est jusque-là perceptible. Un adage nous apprend que l’excès de toute chose est nuisible. Il est encore temps pour l’opposition de changer le fusil d’épaule, pour se construire une bonne image et participer concrètement à la recherche de solutions aux maux qui minent notre pays.

Cela passe obligatoirement par l’apaisement du climat social et politique, avec comme socle l’instauration d’un vrai dialogue. Cette initiative patriotique et citoyenne des leaders traditionnels et religieux, saluée par les Maliens, était perçue comme le déclencheur pour rapprocher enfin pourvoir et opposition. Hélas, les maliens attendront encore longtemps pour voir ces protagonistes sifflés dans la même trompette. En tout cas, ce rapprochement se fera toujours désiré tant qu’il n’y aura pas de concessions de part et d’autre.

PAR MODIBO KONE

Source: info-matin

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