Décidément, la refondation du Mali tant clamée par les Maliens n’est pas pour demain. Les jeunes qui doivent assurer la relève et qui représentent l’avenir du pays s’entredéchirent pour des intérêts personnels. Cette nouvelle crise déclenchée au sein de l’organisation faitière des jeunes (CNJ-Mali) est une honte pour notre pays qui est à une période charnière de son histoire. Les jeunes constituent un des piliers essentiels pour réussir la refondation du pays et repartir sur de nouvelles bases. Mais malheureusement, ceux-ci ont d’autres agendas. À quand alors une prise de conscience des jeunes leaders pour enfin songer à l’avenir du pays ?
Incapable d’accorder leurs violons pour étouffer les prémices d’une crise après l’élection de son président au Conseil national de transition, le ministre de la jeunesse et des Sports a été obligé de prendre ses responsabilités pour suspendre le bureau du Conseil national des jeunes. Celui-ci a purement et simplement décidé de la fermeture des locaux du CNJ jusqu’à la tenue d’une conférence nationale de la jeunesse. Quelle honte pour notre jeunesse qui n’arrive pas à résoudre à l’amiable un problème qui n’en est pas un.
En effet, depuis la mise en place du Conseil national de transition des jeunes se mobilisent pour réclamer le départ du Président du CNJ Amadou DIALLO. Dans ce bras de fer, une tendance exige le choix d’un président intérimaire issu du bureau actuel, tandis qu’un autre clan demande l’organisation d’un congrès extraordinaire pour élire un nouveau président. Aucune solution n’a été trouvée de façon unanime et le président qui est le principal problème a refusé de démissionner, cumulant ainsi deux fonctions, à savoir Président du CNJ et membre du Conseil National de Transition.
Depuis la désignation du Président Amadou DIALLO au sein du CNT, c’est la brouille au sein du Conseil national de la jeunesse du Mali. Pour cause, malgré qu’il siège au sein du CNJ, Amadou DIALLO s’accroche toujours à la présidence du CNJ. Cette double fonction est très mal perçue par une grande partie de la jeunesse qui exige sa démission.
Beaucoup de jeunes leaders soutiennent que Amadou DIALLO doit faire un choix : rester à la tête du CNJ ou rester membre du CNT. Ce d’autant plus qu’en cumulant les fonctions, il engage également le CNJ au niveau du CNT.
Un vice-président du bureau du CNJ-Mali a déclaré que sur les 10 régions où la faitière est représentée, 6 régions ont écrit au bureau national pour contester le maintien de Amadou DIALLO. Il précise également que sur les 4 autres régions, il existe plusieurs cercles où la présidence de Amadou DIALLO est dénoncée par la base. Notre interlocuteur a rappelé que l’élection de l’actuel président a été faite dans la contestation.
Pour lui, au lieu de s‘entêter à rester à la tête d’une organisation où il est contesté par la base, Amadou DIALLO devrait simplement jeter l’éponge.
En tout cas, il est aujourd’hui déplorable de constater que le CNJ-Mali s’éloigne des objectifs qui ont prévalu à sa mise en place. Créé pour renforcer l’unité et la cohésion au sein de la jeunesse tout en aidant les jeunes à accéder à des postes de responsabilités, le CNJ devient de plus en plus un espace de violence et de division.
À chaque fin de mandat, les élections pour le renouvellement du bureau sont émaillées de violences qui ternissent l’image de la jeunesse malienne. Au lieu de donner de bons exemples et rassurer quant à la relève pour l’avenir du pays, les jeunes n’en finissent pas avec les combats d’intérêts personnels. C’est dire que notre Maliba a encore du chemin à faire.
PAR MODIBO KONÉ
Source : INFO-MATIN