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Sans Tabou: centre, la malédiction du Tigre ?

En avril dernier, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, surnommé le Tigre, jetait l’éponge sous la pression de la rue et après le dépôt d’une motion de censure conjointe Majorité et Opposition, au motif qu’il était incapable de trouver la solution idoine à la crise. Six mois après cette démission de SBM, la situation est loin d’être à l’accalmie. Au contraire, en plus des attaques terroristes qui s’amplifient, ce sont des soulèvements des populations partout contre l’autorité de l’État et les forces étrangères (Minusma, Barkhane).

 

Malgré toute sa ténacité, des semaines de contestations de la société civile, notamment des religieux ; de l’Opposition politique et la Majorité présidentielle, en particulier le Rassemblement pour le Mali (RPM) qui l’avait même invité à tirer les leçons de son échec, ont fini par avoir raison sur SBM qui a rendu le tablier un 18 avril 2019. Le Tigre était alors considéré comme la source de toutes les tensions et les malheurs qui s’abattaient sur le pays. Des mauvaises langues attribuaient même des conflits et attaques terroristes qui survenaient au lendemain de ses visites au Centre à ses manœuvres et manigances sur le terrain.

Malgré ces tensions et les critiques, SBM lui-même est resté serein en défendant dans ses sorties que le Mali n’était pas en guerre. Mais le peuple durement affecté par la crise, avec son cortège de morts, de blessés et de déplacés, ne voulait rien entendre de ces explications du PM. Six mois après le départ du Tigre, c’est le statu quo.

Boubou Cissé choisi par le Président IBK pour son statut non partisan et sa technicité devrait faire face à la situation. Il devrait rapidement calmer la situation, mettre les Maliens en confiance et s’attaquer aux nombreux chantiers de développement. Il entreprend des voyages au Centre où des vivres ont été distribués, des accords de paix signés entre des communautés pour le retour de la paix. C’est ainsi que ce 25 juillet, toutes les communautés de la commune de Baye approuvent ensemble un accord de paix. C’est dans ce cercle, celui de Bankass, que quelques mois plus tôt, les tensions avaient abouti au drame d’Ogossagou où plus de 150 civils avaient été massacrés. Dans ce document, les Dafing, Samogo, Peul, Dogon et Bozo renouent le dialogue et exhortent les groupes armés, non-signataires, à stopper la violence.

Le 1er août, un autre accord est signé, toujours dans le cadre de la médiation menée par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD). Depuis un peu plus de deux ans, dans la zone de Djenné, la transhumance est bloquée, les campagnes agricoles sont perturbées. Les assassinats ciblés et les vols de bétail sont devenus quasi-quotidien. Ici, le groupe armé des chasseurs a été associé aux négociations, contrairement à ceux des jihadistes, approchés, selon HD, par les leaders peuls de la zone.

Enfin, dans le Macina, la région d’origine du chef djihadiste Amadou Kouffa, l’entente entre communauté peule et autres agriculteurs a été conclue pendant une visite du Premier ministre.

Alors que ces accords étaient très fragiles, le PM et son gouvernement doivent faire également face rapidement à d’autres fronts, notamment les émeutes routières, dans les régions de Kayes, Koulikouro, Gao et Tombouctou. C’est une situation de colère généralisée qui semble s’installer dans le pays.

Ainsi, au lendemain de la double attaque terroriste contre le camp des gardes de Mondoro, qui a fait deux cils tués, et le camp du G5 Sahel de Boulkessi ayant occasionné pas moins de 40 morts parmi nos soldats, des portés disparus et les dégâts matériels importants, les femmes et enfants des camps de Kati et Djicoroni Para ont manifesté leur mécontentement.

Avant, à Niono, en zone office du Niger, une émeute populaire avait coûté la vie au Commissaire de Police. Tout au long de la semaine dernière, des manifestations ont eu lieu à Sévaré, Bamako, Kayes, Ségou pour demander le départ de la MINUSMA et même de Barkhane.

À la suite de ces dernières émeutes, IBK, chef suprême des armées était obligé de reconnaître que le pays ‘’est en guerre’’.
Peut-on objectivement dire aujourd’hui que le départ de SBM a arrangé les choses ? Nous répondons par la négative. Pire, des observateurs ne manquent plus de parler de malédiction du Tigre au regard de la situation de plus en plus volatile.

Par Sidi DAO

SourceInfo Matin

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