La rigueur dans le recrutement au sein de l’armée ne doit pas être un vain de mot de séduction. Elle doit se traduire en acte concret au regard du contexte sécuritaire difficile que notre pays traverse, si réellement l’on veut avoir un outil de défense à hauteur des défis. Cette rigueur permet d’éviter les pertes inutiles de jeunes recrus, qui n’arrivent pas à supporter les premières épreuves sportives, mais aussi de construire une armée composée de volontaires prêts à servir leur pays à tout moment.
La Loi d’orientation et de programmation militaire adoptée en mai 2015 par l’Assemblée nationale a prévu de nombreuses actions en vue de rendre notre armée plus professionnelle, performantes… Depuis l’adoption de cette loi, chaque année la grande muette organise un ou des concours de recrutement pour étoffer son effectif et améliorer la capacité opérationnelle des hommes.
Cette année, la direction de l’information et des relations publiques des armées a organisé le mardi dernier une conférence de presse sur le processus de recrutement en cours, dont la 1ere phase a pris fin. Le conférencier, qui était le directeur de la DIRPA, le Colonel Diarran KONE, lors de cette conférence de presse, a garanti toute la transparence qui accompagne le processus. De plus, il a donné des assurances sur la rigueur dans ce recrutement.
Aujourd’hui, au regard de la situation sécuritaire préoccupante, il y a lieu d’aller au-delà des mots. Tous les critères de recrutement doivent être traduits en réalité concrète. L’on se rappelle à cet effet que lors du recrutement de l’année dernière, il y a eu au moins 3 recrus morts enregistrés, pendant qu’ils étaient en formation dans différents centres militaires. Plusieurs sources militaires évoquent que ces jeunes sont décédés à cause de maladies qui auraient dû être détectées si réellement il y avait eu de la rigueur dans les analyses médicales.
Aujourd’hui, avec le contexte et le défi sécuritaire dans notre pays, nous devons sortir des discours de circonstance en joignant l’acte à la parole pour permettre à notre armée d’avoir des éléments capables de servir dignement le pays, conformément aux principes de la loi d’orientation et de programmation militaire. A cet effet, notre outil de défense a besoin des jeunes aptes et capables, volontairement engagés et non des hommes par défaut. L’armée ne doit plus être une simple fonction publique pour garantir des salaires à des jeunes diplômés.
Aussi, l’armée nationale ne doit pas être un lieu de refuge pour des enfants de certains hauts gradés de l’armée et de personnalités politiques influentes du pays. C’est pour autant la triste réalité, dans notre pays, depuis plusieurs années. En tout cas, par ces actes de complaisance, nous contribuons davantage à affaiblir ce corps de métier qui exige le sacrifice, l’abnégation, pour la patrie.
Tant que la hiérarchie militaire persistera dans certains laxismes et pratiques alimentaires, nous allons continuer à avoir des jeunes « fuyards » qui n’hésiteront pas de détaler comme des lièvres aux premiers coups de canon de l’ennemi en abandonnant très souvent des compagnons et même les équipements militaires chèrement acquis par l’argent du contribuable.
Par Sikou BAH
Source: info-matin