« La Conférence salue les efforts déployés par le médiateur de la CEDEAO en vue de parvenir à un calendrier acceptable pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel, conformément aux protocoles et décisions de la CEDEAO et de l’Union africaine. L’Autorité décide de demander au médiateur au Mali de poursuivre ses efforts et de finaliser les discussions avec les Autorités de Transition. En conséquence, l’Autorité décide de maintenir les sanctions prononcées le 9 janvier 2022…L’Autorité décide d’examiner la situation au Mali lors de son prochain Sommet ordinaire du 3 juillet 2022 » C’est là, la quintessence des décisions prises par les chefs d’Etat de la CEDEAO, lors du 6e Sommet Extraordinaire sur la situation au Mali, tenu à Accra au Ghana, le 4 juin 2022.
Vingt-quatre heures seulement après ce sommet, le chef de l’Etat, le Col. Assimi Goïta, prend un décret fixant le délai de la transition à 24 mois à compter du 26 mars 2022. C’est dire que les autorités de la transition et la CEDEAO ne se comprennent pas à présent. Cela, après cinq mois de sanctions politiques et économiques contre le Mali. Cette résistance peut être voulue par certains chefs d’État de l’organisation sous-régionale, juste pour tenter de dire que la CEDEAO doit demeurer une organisation forte, puissante et crédible. C’est certainement pour prouver le contraire à ceux-là qui pensaient que les chefs d’État membres de l’organisation sont allés vite en besogne sans avoir suffisamment mesuré les conséquences desdites sanctions.
Du côté des autorités de la transition, l’on peut imaginer que ce refus de céder est certainement motivé par le fait que quelques individus continuent d’occuper les rues de Bamako pour faire croire que l’avenir du Mali réside dans ce bras de fer. Ces derniers se focalisent sur les efforts qui sont en train d’être déployés sur les différents théâtres des opérations visant à lutter contre les terroristes pour sécuriser les personnes et leurs biens sur l’ensemble du territoire national. Certes, ces efforts sont à saluer, mais l’on ne doit pas non plus ignorer ou perdre de vue les autres secteurs vitaux comme la santé, l’éducation, le commerce…
Après la publication de ce décret le 6 juin 2022, devons-nous nous préparer à d’autres surprises au cours de cette transition ? Pour l’heure, rien n’est encore clair. Ce qui est sûr, c’est qu’au regard de la situation actuelle du pays, il était souhaitable que les autorités trouvent un accord avec la CEDEAO autour du délai de la transition pour permettre au pays de retrouver rapidement sa place dans le concert des nations.
Sans la levée de ces sanctions politiques et économiques, il faut dire que ce serait très difficile pour les autorités de mobiliser suffisamment de moyens financiers et matériels leur permettant de mener les réformes politiques et institutionnelles annoncées ; d’organiser et de tenir des élections crédibles, transparentes et inclusives à la bonne date. En pareille situation, ce sont les mêmes individus qui applaudissent dans les rues qui pourraient être encore manipulés pour dénoncer une prétendue tentative d’un Assimi Goïta de s’éterniser au pouvoir, sans chercher à savoir s’il a réellement les moyens nécessaires pour organiser ces scrutins.
Ce qui est évident aujourd’hui, c’est que pour bénéficier d’un soutien financier et matériel de la part d’une organisation internationale, il faut d’abord que le Mali trouve un accord avec la CEDEAO. Donc, les autorités maliennes ont intérêt à trouver un terrain d’entente avec les chefs d’État de l’organisation au moment où il est encore temps.
Ousmane BALLO
Source : Ziré