Si tous les projets que les experts maliens élaborent et évoquent seraient un mot plus juste – à longueur de semaines et de mois – étaient réalisés, notre pays allait sûrement devenir un paradis sur terre. Quand ça ne va pas dans un domaine, les responsables le reconnaissent volontiers, mais s’empressent aussitôt de rassurer qu’à l’avenir tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les assertions sont généralement étayées d’un flot de détails techniques. Cela est valable dans tous les domaines.
Que n’a-t-on pas pu entendre dire à propos de la réalisation des barrages hydroélectriques ? Que le Mali allait devenir autosuffisant dans le domaine énergétique et même devenir exportateur net d’électricité avec l’entrée en danse de l’énergie solaire. Dans la réalité, le barrage de Gouina tarde toujours à être une réalité. Ses travaux de construction ne finissent pas. Résultat, Edm-sa fait vivre le calvaire à ses clients, avec ses coupures intempestives, pour ne pas dire ses délestages sauvages.
Dans le domaine des transports, un exemple éloquent est celui du train qui tarde toujours à siffler. Annoncé à grands renforts de publicité, le redémarrage du train n’arrive pas toujours à se faire. Ce redémarrage, IBK, avant sa chute, en avait même fait un thème majeur de la campagne pour sa réélection. Le redémarrage du train avait été annoncé, dans un premier temps, si nos souvenirs sont bons, pour trois mois, dans un deuxième temps pour six mois.
Et le train n’arrive toujours pas à siffler. Pourtant, ce redémarrage est important pour le Mali au plan économique et social. Il signifiera, par exemple, la renaissance pour des dizaines de localités riveraines du rail et au plan économique, le transport des marchandises à bas coût. Ce qui est vital pour un pays continental comme le Mali. Et le train tarde toujours à siffler. Sifflera-t-il encore ? Il faut le souhaiter car cela aura beaucoup d’impacts induits.
A côté de la renaissance des localités vivantes le long des rails, c’est du travail pour des centaines d’agents, chefs de famille et mères de famille.
Un troisième exemple et non le moins éloquent est celui de l’Office du Niger qui a un potentiel de près de deux millions d’hectares aménageables et, s’il vous plaît, par irrigation gravitaire. C’est-à-dire qu’à partir du barrage de Markala, le cœur du dispositif qui est un barrage de dérivation capable d’élever le niveau de l’eau à plus de 5 mètres et au moyen de plus de 8 000 kilomètres de canaux primaires, secondaires et tertiaires, on peut irriguer par gravitation cette étendue de terre. Malheureusement, depuis l’indépendance on n’a pu aménager que seulement 10% de ce potentiel.
En comparaison, le Maroc s’était fixé comme objectif l’aménagement d’un million d’hectares. Le Royaume chérifien a réalisé cet objectif en quelques petites années seulement, souvent au moyen des amenées d’eau forcées à travers les montagnes. Tout est un problème de volonté et non de moyens. Les moyens ne tombent pas du ciel. On les crée !
Au Mali, on vit sur des projets depuis l’ère du quaternaire. Il est grand temps de les réaliser si nous voulons refonder réellement le pays, comme tout le monde le réclame maintenant. Le pays, par la grâce du Bon Dieu, est doté d’immenses ressources naturelles. Il est grand temps de les exploiter en laissant la part des générations futures.
Boubacar SIDIBE Junior