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Sanctions: le flop d’Accra

Le 5ième sommet extraordinaire de la CEDEAO, tenu vendredi 25 mars à Accra (Ghana) renfermait tout le potentiel pour la levée des sanctions économiques et financières, prononcées le 9 janvier précédent, conjointement par cette organisation et l’UEMOA, contre le Mali pour non respect de la durée de 18 mois prescrite à  la transition. La veille 24 mars, en effet, la Cour de justice de l’UEMOA, sur saisine des autorités maliennes, avait ordonné  » un susis à exécution  » de ces sanctions pour ce qui concerne cette organisation sous-régionale comprenant huit des douze Etats de la CEDEAO, compte non tenu du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso suspendus pour  » changement de pouvoir par la voie non constitutionnelle « .

 

S’y ajoute qu’une dérogation spéciale avait été faite à la suspension du Mali pour permettre à  son chef d’Etat, le colonel Assimi Goïta, de participer physiquement à la rencontre dans la capitale ghanéenne, le but étant de parvenir avec lui à un accord sur la durée de la transition dans le nouveau contexte créé par l’ordonnance de la Cour de la justice de l’UEMOA.

Seulement voilà : sans explication officielle donnant  le champ libre à des supputations les plus invraisemblables si elles ne tiennent pas de la schizophrénie (l’on a évoqué « un possible enlèvement  » voire « assassinat« ) le chef de la transition n’a pas honoré l’invitation qui lui a été faite, ce qui a, semble-t-il, souverainement déplu aux chefs d’Etat présents. Assez, en tous cas, pour exprimer leur  » regret » de cette  » indisponibilité  » dans le communiqué final ayant sanctionné la rencontre, soulignant qu’elle visait « à trouver une solution à la situation actuelle au Mali « .

Conséquence de cette absence du colonel Assimi Goïta à Accra: les sanctions économiques et financières contre le Mali sont maintenues. Ce qui signifie plus de privations pour les populations, plus de difficultés pour les entreprises dont les matières premières sont importées et dont un grand nombre vont devoir mettre la clé sous la porte, moins de recettes fiscales et douanières dans les caisses de l’Etat et donc moins de ressources pour ce dernier pour faire face à ses obligations salariales, sécuritaires ou autres. Sans compter les contraintes découlant de l’incapacité faite au Mali de lever des fonds sur le marché financier sous-régional et de son exclusion des transactions bancaires sous-régionales et internationales. Toutes choses qui vont fragiliser davantage l’Etat et prolonger  l’hibernation de l’activité économique.

La meilleure chose et la plus urgente à faire pour les autorités de la transition, c’est de réparer l’erreur commise en ne se rendant pas à Accra pour discuter d’un moyen terme entre les 24 mois proposés par elles (grâce à la lucidité, il faut le relever, du colonel Goïta) et les 12 mois prônés jusque-là par la CEDEAO. Celle-là ayant fait le geste à son tour, bien que la chaise du Mali fût vide au sommet, d’aller jusqu’à 16 mois supplémentaires, ce qui porterait la durée de la transition malienne à 34 mois (on n’est plus loin des 36 mois que le Comité National de Salut du Peuple (CNSP) s’était initialement adjugés) Bamako devrait saisir cette nouvelle offre pour mettre fin au supplice des sanctions et rétablir des relations apaisées, saines, constructives avec l’ensemble de ses voisins, UEMOA et CEDEAO confondues.

Le sommet l’a noté avec raison : « La situation sécuritaire et humanitaire continue de se dégrader au Mali avec les attaques de groupes terroristes causant des victimes militaires et civiles« . Cela dans « une conjoncture politique et sécuritaire mondiale » devenue elle-même alarmante, allusion faite à la guerre russo-ukrainienne et ses désastreuses répercussions. Toutes choses qui devraient alerter  les autorités maliennes à rechercher avec la CEDEAO un chrogramme consensuel pour hâter le retour de leur pays à la normalité.

Saouti HAIDARA

Source: L’Indépendant

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