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Salem Beghi, officier du MAA: «C’est le MNLA qui a ramené les groupes terroristes au nord du Mali»

Le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) est un mouvement armé existant depuis l’année 1991, au nord du Mali et en Mauritanie. Rencontré aux frontières algéro-maliennes, un des officiers et une des figures les plus en vue de ce mouvement, Salem Béghi, en l’occurrence, confirme, dans cet entretien, que des Algériens sont détenus en territoire malien.mouvement arabe azawad maa

Salem Béghi nous parle, également, des batailles qui ont opposé son mouvement au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et parle, également, des bombardements français contre le MAA à El Khalil, ville malienne frontalière à Bordj Badji Mokhtar.

Très méfiant, il a préféré nous rencontrer loin de la ville de Bordj Badji Mokhtar. Nous avons embarqué à bord d’un véhicule pour une destination inconnue pour nous arrêter aux fins fonds du désert, à quelques encablures des frontières algéro-maliennes. C’est dans cet endroit, connu par lui, que Salem Béghi nous a accordé cet entretien.

Le Temps d’Algérie : Parlez-nous de votre mouvement et des raisons de sa création…
Salem Béghi : C’est en 1991 que nous avons crée le Mouvement arabe de l’Azawad. Le but est la protection de la population arabe de l’Azawad, au nord du Mali, qui était victime de plusieurs agressions. Il y a plusieurs mouvements armés au nord du Mali et nous devions protéger les civils.

Il y a eu un accord entre votre mouvement et le gouvernement du Mali. Parlez-nous-en.
C’est vrai qu’il y  a eu un accord entre nous et le gouvernement du Mali. C’est l’accord de Tamanrasset. Mais nous avons pris les armes après que la population arabe de l’Azawad se trouvant au nord du Mali eut été victime de représailles. Notre mouvement n’est pas fermé aux autres. C’est le mouvement de tout le peuple.

Il y a quelques mois, vous avez pris d’assaut El Khalil et des combats vous ont opposés au MNLA.
Nous avons pris d’assaut El Khalil qui était occupée par le MNLA. C’était au cours de l’offensive militaire française, qui se déroule actuellement au nord du Mali.

Notre but était de protéger la population locale contre les exactions commises par le MNLA dans cette ville. Nous avons réussi, après de violents combats, à chasser le MNLA de cette localité. Mais, le Mouvement national de libération de l’Azawad a induit en erreur l’armée française engagée dans l’offensive militaire au nord du Mali, en lui faisant croire que nous sommes un groupe terroriste.

C’est ainsi que nous avons été bombardés par l’armée française et contraints, donc, de quitter les lieux. Avant l’intervention de l’armée française en faveur du MNLA,  il y a  eu des dizaines de morts entre nous et le Mouvement national de libération de l’Azawad, dans les combats pour l’occupation d’El Khalil.

Des pertes en vies humaines sont-elles enregistrées dans vos effectifs des suites de ces bombardements ?
Oui, le mouvement arabe de l’Azawad a perdu cinq de ses éléments dans ces bombardements, et un autre blessé. Nous avons également perdu 7 véhicules.

Que reprochez-vous au MNLA ?
Le MNLA a volé notre bien et a tué parmi le peuple. Nous avons, donc, décidé d’affronter militairement, ce mouvement. Je dois dire que ce ne sont pas tous les Touaregs qui tuent le peuple de l’Azawad. Nous avons des problèmes avec uniquement une partie des Touaregs, celle formant le MNLA.

Nous combattons pour notre dignité et celle de tout le peuple. Le Mouvement national de libération de l’Azawad que nous combattons a tué des innocents. C’est lui qui a ramené les groupes terroristes au nord du Mali en signant un pacte avec eux pour combattre, ensemble, l’armée malienne. Maintenant, le MNLA a induit en erreur la France lui présentant ses adversaires comme étant des terroristes.

Votre mouvement est présent où, géographiquement ?

Nous sommes présents au nord du Mali et en Mauritanie.

Le MAA a également quitté Tombouctou et Kidal…
Notre retrait est tactique. Il est vrai que si nous nous sommes retirés de Tombouctou et de Kidal, laissant nos maisons et nos biens derrière nous, c’est parce que les tribus de l’Azawad ne disposent, actuellement, pas d’assez de moyens militaires pour combattre Al Qaida au Maghreb Islamique et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest.

Nous nous sommes dirigés aux frontières pour nous réorganiser et reprendre des forces en vue de revenir à nos terres et d’en chasser ces organisations terroristes. Nous avons tenté de dialoguer avec le MNLA pour resserrer nos rangs face aux terroristes afin de trouver une solution acceptable par tous et qui trouverait une solution au conflit qui oppose des Touaregs à d’autres Touaregs, mais le Mouvement national de libération de l’Azawad a refusé de dialoguer avec nous.

Le MAA n’était pas présent lors du dialogue engagé en Algérie…
C’est parce que nous refusons de nous mettre autour de la même table qu’Ançar Eddine. Nous estimons qu’Ançar Eddine est une organisation terroriste et le temps nous  a donné raison puisque ce mouvement est devenu un allié d’Al Qaida au Maghreb islamique et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest.

Auriez-vous des informations sur les Algériens «disparus» au nord du Mali depuis l’offensive militaire française dans cette partie du territoire malien ?

Je sais une chose, que de nombreux Algériens sont détenus au nord du Mali. Ça c’est une information sûre. Cependant, je ne dispose pas de détails sur les lieux de leur détention, ni dans quelles conditions ils sont détenus. Mais le nombre d’Algériens détenus au nord du Mali est important.

Il y a eu des combats entre votre mouvement et AQMI/MUJAO…
Oui, il y a  quelques mois, de violents combats nous ont opposés aux terroristes d’AQMI et du MUJAO et nous en avons tué 37 parmi eux. Nous avons toujours combattu les organisations terroristes qui sévissaient au nord du Mali. Nos premiers combats contre eux ont commencé en 2007.

Comment voyez-vous l’issue de la guerre au nord du Mali ?
Nous, au Mouvement arabe de l’Azawad, portons l’entière responsabilité de ce qui se passe à la France. Nous dirons, également, que si la guerre se poursuit de cette façon, il y aura une guerre civile entre les Touaregs et le gouvernement malien.

Entretien réalisé par
Mounir Abi

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