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Saison des pluies : LA BONNE PIOCHE DES PEPINIERISTES DE BAMAKO

En cette période propice au reboisement et à la plantation de pépinières ou de fleurs d’ornement, les horticulteurs se frottent  les mains

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La saison des pluies offre l’occasion à nombre de Maliens (particuliers, services et organisations…) de reboiser les devantures des maisons. Nos concitoyens plantent des hectares de terres en guise d’enclos aux vergers. L’abondance d’eaux pluvieuses, en cette époque, les dispense des efforts physiques et financiers immenses à fournir pour arroser les arbres.

Cette période propice au reboisement et à la plantation de pépinières ou de fleurs d’ornement, est une aubaine pour les horticulteurs qui se frottent bien les mains. Les clients se bousculent devant les hangars de fortune, dressés au milieu des pépinières, des arboriculteurs installés généralement le long des grandes avenues bamakoises.

Comme chez ces pépiniéristes qui officient le long de l’avenue de l’OUA, dans son tronçon allant de Sogoniko à Faladié Sema. Cette voie, habituellement très fréquentée, est presque desserte en cette matinée du jeudi 25 août. La circulation est fluide. Des usagers roulent à vive allure. Le soleil brille moins. Mélangés à la fraicheur, ses rayons produisent une sensation bizarre sur le corps. La Tour de l’Afrique supplante les habitations environnant et est visible à moins d’un kilomètre, à partir de la station-service « Dia Négoce » où des clients s’approvisionnent en carburant.

A l’autre bout du bitume, un jeune homme aux gros muscles charge des pépinières d’eucalyptus à l’arrière d’un pick-up. Il est supervisé par un homme en bazin riche de couleur vert-clair. Hamza Haïdara, c’est son nom. Les bras croisés, ce jeune marabout d’une trentaine d’années explique : « Nous détenons des parcelles d’une superficie totale de 5 ha. Nous allons en faire la clôture en haie vive avec 1 100 pieds que je viens d’acheter au pépiniériste pour un coût total de 55 000 Fcfa ».

A une dizaine de mètres de son véhicule, un client discute le prix des pépinières de Ficus Djedda. Le marché est conclu au terme de quelques minutes de marchandage. L’acquéreur en prend trois pieds à 3 000 Fcfa, soit 1000 Fcfa par plante. Interrogé, il explique : « Je vais les planter devant la maison où je vis en location avec ma famille », en attendant de trouver un chez-moi, lance-il, avant de souhaiter bonne journée à Soungalo Traoré, opérant le long de l’avenue de l’OUA.

Soungalo, un recalé de l’Ecole normale supérieure (ENSUP), semble très sollicité ce jour-là par les clients. Il sert des clients, répond aux appels téléphoniques, encaisse l’argent et remet leurs monnaies à des clients déjà servis. A côté de sa vieille moto de marque Djakarta, un chat dort sous une chaise métallique.

Pour lui, ce commerce est florissant durant l’hivernage. Le natif de Dioïla impute la réusssite des plants à l’abondance d’eau de pluie en cette période. « Les Maliens en profitent pour planter des arbres moins gourmands en eau et résistants à la sècheresse, lorsque l’accès à l’eau est un parcours du combattant », apprécie-t-il d’une voix timide, ses yeux mi-clos. Combien de pieds de plantes vend-il par jour alors ? « Les recettes journalières, sourit M. Traoré, varient selon que la clientèle afflue ou arrive à compte-goutte. Elles dépendent aussi des variétés de plantes à leurs dispositions. L’eucalyptus et l’anacardier sont, par exemple, les espèces les plus prisées en cette période. Ces deux arbres exigent moins d’eau. « Il est des jours où je vend plus de 2 000 pépinières », révèle l’arboriculteur formé sur le tas. Soungalo Traoré révèle avoir écoulé, entre 6 et 10 heures, 1703 pieds de plantes, dont 1100 eucalyptus, 600 anacardiers et 3 Ficus Djedda pour un montant total qui dépasse les 100 000 Fcfa.

« Ces deux plantes (l’eucalyptus et l’anacardier) ont une durée de vie longue. Elles rapportent aussi de l’argent aux propriétaires qui fournissent moins d’effort après les avoir planté », analyse le vendeur de pépinières. Les branches d’eucalyptus, indique-t-il, sont utilisées par les maçons comme étais (supports) des dalles de béton pour la toiture ou comme bois de chauffe. Le kilogramme de l’anacarde se vend cher sur le marché international.

Le métier nourrit-il son homme ? Soungalo Traoré estime qu’il a une situation financière stable. Il s’est procuré deux terrains non construits à Bamako. Le pépiniériste possède un champ d’une superficie d’un hectare dans la périphérie de Bamako. Il envisage d’en faire une ferme. Il confirme préférer son travail à celui d’enseignant auquel il était prédestiné.

  1. Traoré se dit détenteur d’un baccalauréat obtenu en 1993. Il intégra la 1èreannée de l’ENSUP (option Anglais) l’année scolaire 1994-1995, après l’année blanche de 1993-1994. Avant d’abandonner les bancs en 2è année (1995-1996) à cause d’une sinusite chronique. Cet épisode sombre passée, il retourna à cette vie professionnelle « passionnante » qu’il apprit sur le tas, auprès de son oncle, quand il était élève au lycée de Badalabougou.

PEPINIERISTE, UN SAVOIR-FAIRE. Comme lui, de nombreux horticulteurs utilisent, entre autres techniques, la semence, le greffage, le bouturage et le marcottage. La semence consiste à semer les graines dans des parterres et des sachets plastiques. Les jeunes pousses sont déplantées, mises ensuite dans des sachets usités pour la commercialisation. Le bouturage vise à donner naissance à un nouvel individu (enfant de la plante mère) à partir d’un organe ou d’un fragment d’organe isolé (morceau de rameau, feuille, racine, tige, écaille de bulbe). Quand au marcottage, il procède du développement de racines sur une partie aérienne d’une plante mère. En horticulture, le marcottage est souvent utilisé pour cloner les plantes ligneuses dont le bouturage est difficile.

Juste après ces précisions, Soungalo Traoré aperçoit des clients se diriger vers son voisin. Des tentatives de vente avec eux avaient avorté avant. Il explique que la concurrence déloyale menace l’avenir du métier de pépiniériste. Le prix de vente d’une même plante varie d’un horticulteur à un autre. « Une pépinière d’eucalyptus, déplore M. Soungalo Traoré, se vend entre 40 et 150 Fcfa. A mon avis, cette surenchère irrite des clients qui réfléchissent à deux fois avant de payer une seule plante », regrette-t-il.

En attendant cette fin probable, les horticulteurs jouent leur partition dans l’assainissement de Bamako. Les soirs, des dizaines de femmes et d’enfants viennent les vendre des sachets plastiques, en raison de 5 Fcfa le lot de cinq unités de sachet vidé de son tenu d’une quantité d’un quart de litre.

C. M. TRAORE

Source : L’Essor

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