Suite à la plainte du sieur Adama Traoré, président du réseau des consommateurs du téléphone au Mali (REMACOTEM), contre les opérateurs de télécommunications Moov Africa et Orange Mali pour avoir facturé des appels téléphoniques sur répondeur, la cour d’appel de Bamako a condamné les deux sociétés au paiement de plus de 173 milliards de FCFA . En protestation, des sit-in avaient été organisé par les syndicats des travailleurs de ces deux sociétés pour interpeller sur la probable faillite des sociétés et la perte de milliers d’emplois. Malgré des rencontres avec les autorités de transition ces dernières semaines, aucune intervention n’a été faite et la décision de justice est restée inchangée.C’est ainsi que la synergie des syndicats des deux opérateurs de télécommunications a décidé de se faire entendre à travers une grève de 05 jours entamée depuis le lundi 21 Février. Cette grève qui devrait prendre fin demain, pourrait être reconduite si toutefois aucun compromis n’est trouvé.
Malgré tout le service minimum est assuré et la qualité du réseau devrait rester inchangée. Contre toute attente, des perturbations sur les réseaux de Moov Africa et Orange Mali se font sentir ces derniers jours. Pour en savoir davantage sur les répercussions de cette décision de justice qui a des effets néfastes sur la qualité du réseau, nous avons approché Saidou Dia, membre des syndicats de la société de télécommunication Moov Africa, afin qu’il nous apporte d’amples informations sur les causes de cette perturbation qui se fait de plus en plus sentir chez les clients.
Selon les explications de Mr Saïdou Dia « nous avons eu à faire trois jours de grève. Le mot d’ordre de grève est respecté à 98% des personnels des deux entreprises. Les 02 % restants c’est par respect des lois, d’observer un service minimum. La grève est en cours et elle se poursuit et la suite, c’est que nous continuons avec la grève le jeudi (aujourd’hui) et le vendredi. Maintenant si satisfaction n’est pas obtenue, le lundi prochain, nous allons recommencer la grève pour une semaine. Si encore satisfaction n’est pas obtenue, ça sera une durabilité » nous a-t-il expliqué.
Il a souligné que les autorités du pays ont mobilisé quelques membres du gouvernement pour échanger avec eux afin de trouver un terrain d’entente : « C’est une lutte pour alerter les plus hautes autorités et l’opinion nationale. Les deux directions générales ont été approchées. Les plus hautes autorités ont jugé utile de mettre en place une task force composée de plusieurs ministres qui ont déjà rencontré nos deux directeurs généraux » a souligné Mr Dia.
En ce qui concerne les perturbations des réseaux, il a dégagé toute responsabilité des deux sociétés : « la perturbation, ça se fait sentir mais ça se fait sentir sur autre chose. La perturbation se fait sentir parce que nos comptes sont saisis. On ne peut pas déposer notre argent, ni le retirer. Et pour qui connait notre activité, ça se fait avec des couts. Par exemple, pour avoir des réseaux, il faut que les pilonnes marchent. Les pilonnes marchent soient avec l’électricité de l’énergie du Mali (EDM), soit avec le groupe électrogène de gasoil, soit le panneau solaire et avec toutes les maintenances qui s’en suivent. Donc au jour d’aujourd’hui, ça fait trois semaines que nos comptes sont saisis. Nous n’arrivons pas à satisfaire nos fournisseurs gasoil pour les groupes électrogènes, nous serons en défaut de paiement par rapport à la société énergie du Mali. Donc cela va entrainer de facto des perturbations. Alors, à côté de ça, c’est des équipements qui tombent en panne des fois. Le fait que les travailleurs soient en grève, cela peut considérablement affecter la qualité du réseau voire sa dégradation » a-t-il détaillé.
Il a ensuite aussi souligné que perturber les réseaux ne sera jamais un acte volontaire des opérateurs pour déranger la clientèle : « nous sommes des syndicats responsables, couper le réseau, c’est le péché qu’un travailleur de télécommunications ne doit jamais commettre. Que le réseau nous ait interdit. Nous ne faisons pas et nous ne ferons jamais. Mais la grève entraine des perturbations, la saisie des comptes a déjà entrainé des perturbations. Pour le petit exemple, nous avons aujourd’hui 08 sites qui sont à l’arrêt. Nous, notre rôle, c’est d’informer la population que s’il y a perturbation, ce n’est pas à cause de nous, c’est à cause de la saisie des comptes de l’action judiciaire qui est en cours, qui a permis la saisie des comptes réduisant de façon drastique nos activités et nos capacités à intervenir dans nos différents sites. Nous ne sommes en rien responsables des coupures, nous ne pouvons pas et nous ne le ferons jamais pour faire souffrir notre population dans des temps aussi difficiles », a précisé Saïdou Dia.
Pour terminer, il a tenu à présenter les excuses des opérateurs à tous les clients pour les problèmes liés à l’utilisation des réseaux: « nous tenons à présenter nos excuses à la clientèle pour les différents désagréments indépendants de notre volonté. Mais nous tenons à les informer que si nous ne faisons pas ça, c’est la disparition des deux sociétés de télécommunications qui défile à l’horizon. Nous leur demandons leur compréhension et leur accompagnement. Nous sommes dans le secteur et nous sommes assez outillés pour voir dans deux ou trois mois ce qui va se passer. Raison pour laquelle, nous avons entamé tous ces mouvements pour nous faire comprendre. Sinon, la grève est prélevée sur nos salaires et ça joue sur nos chiffres d’affaires. C’est pour dire que nous faisons mal à nous même dans le but d’informer l’opinion nationale afin que notre combat soit relevé et que les comptes soient débloqués pour que nous puissions travailler au bonheur de la population à leur offrant des services de qualité. C’est notre vocation et nous sommes en train de nous battre pour ça » a-regretté Saïdou Dia.
Propos recueillis par Mamadou Sékou Traoré
Source: NOUVEL HORIZON