Selon un rapport documenté et une étude menée par Human Right Watch (HRW), organisation garante de la protection et de la défense des droits de l’Homme, les attaques menées par des groupes armés terroristes contre les enseignants, les écoles et les élèves au Burkina Faso se sont multipliées ces derniers mois. Elles tuent chaque jour et ont « un impact dévastateur » sur l’éducation de la jeunesse burkinabè et son avenir.
Le rapport de 114 pages, intitulé « Leur combat contre l’éducation », est édifiant. Entre 2017 et 2020, dans six des treize régions du pays, ce sont 126 attaques qui ont visé le monde de l’école dont pas moins de 69 rien qu’en 2019 et 21 entre janvier et mars 2020.Au moins 12 enseignants et 8 élèves ont été tués par les bourreaux du JNIM et de l’EIGS qui, en se comportant ainsi, piétinent le drapeau du Pays des hommes intègres ! Et selon HRW, les chiffres sont en réalité sans doute beaucoup plus élevés.
D’après les survivants et les témoins, les victimes étaient à chaque fois de toutes les origines ethniques : Peulh, Mossi ou Gourmantchè souffrent de la même manière de l’obscurantisme des terroristes. Des élèves ont assisté au meurtre ou au passage à tabac de leurs maîtres, des élèves menacés, ciblés par les balles ou tués par un engin explosif quand leur bus les transportait pour l’école. Jacqueline, 17 ans, en classe de 3ème à Dédougou, était une bonne élève qui participait beaucoup en cours, Ousmane, 13 ans qui poursuivait sa 5èmeà Tougan, Sirina, 19 ans, faisait sa Terminale à Ouagadougou, une fille qui adorait la littérature… et quatre autres élèves ont tous été tués parce qu’ils voulaient apprendre.
Selon un autre témoignage, en 2019, un chef de village qui donnait des cours à titre bénévole a été exécuté d’une balle dans la tête devant les enfants à qui il donnait leçon. Les enfants traumatisés ne sont plus retournés en classe depuis. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les conséquences sont graves et affectent le quotidien des enseignants et des enfants : traumatismes, résultats scolaires médiocres, perte de matériels, fermeture d’écoles, anxiété, peur extrême, panique… et bien d’autres.
Destructions de matériels, pillages, intimidations, tortures, meurtres, agressions, décapitations…Barbarie et sauvagerie ne sont pas de vains mots pour qualifier ce genre de comportements !De quelles fautes les terroristes accusaient-ils leurs victimes ? Aucune, bien évidemment, si ce n’est de vouloir donner ou recevoir une éducation digne de ce nom, de permettre à tous les enfants, filles ou garçons, d’apprendre à lire, écrire, compter pour pouvoir espérer obtenir un avenir meilleur tout en assurant la richesse du pays.
Les attaques visant l’éducation ont grandement aggravé les défis qui existaient déjà. Elles ont entraîné toute une série de fermetures d’écoles et la fuite paniquée d’enseignants. 80% des écoles de la région du Sahel ont été fermées. Malgré la présence de nos forces armées jusque dans les cours de récréation et des patrouilles dans les villages pour protéger et sécuriser, il faut que nous soyons déterminés et unis pour assurer la protection de nos enfants. C’est l’Avenir de notre pays qui est en jeu! Mais aussi celui du Sahel tout entier où des attaques du même genre se déroulent chaque jour.
Issa Bâ
@issaba170
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