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Sadiola et Yatela : L’or chute, la tension sociale monte

our éviter le pire dans les zones minières de Sadiola et Yatela dans la région de Kayes, les autorités locales multiplient les gestes d’apaisement, même si la tension reste vive dans la région. Anglogold Ashanti qui y dirige deux mines d’or estime qu’une réduction de l’effectif des travailleurs est nécessaire, justifiant le départ annoncé de près d’un millier de travailleurs par la chute du prix du métal jaune sur le marché international.

 

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Quant aux employés des deux mines, ils sont au bord de la crise de nerf depuis que 400 travailleurs ayant déjà été mis à la porte. Mais leurs syndicats qui avaient prévu d’aller en grève la semaine dernière ont choisi d’accepter l’invite du gouverneur de la région de Kayes, ce dernier ayant promis de tout mettre en œuvre pour emmener les deux parties à la table des négociations.

 

Les mines de Sadiola et de Yatela sont les plus grands pourvoyeurs d’emplois dans la région semi-aride de Kayes où des milliers de personnes venant de divers horizons du pays ont pu trouver du travail. L’anxiété des travailleurs est loin de prendre fin, étant donné que 600 autres personnes doivent perdre leurs emplois bientôt, selon les syndicalistes qui avaient observé une grève en mi-février et marché dans les rues de la ville de Kayes.

Même s’ils sont conscients des défis du secteur de l’or au Mali, le vœu des syndicalistes est que les employeurs mettent fin maintenant aux licenciements de masse. Si les employeurs veulent poursuivre les licenciements massifs, estiment les travailleurs, ils doivent protéger ceux qui perdent leurs emplois avec un réel plan social.

 

Au sujet de ce plan social, la position des employeurs, représentés par François Philippart, membre de la commission de licenciement,  tranche avec celle des travailleurs. Selon lui, la situation actuelle est due à la chute de la valeur de l’or sur le marché international depuis septembre 2013. Conséquence: à Yatela, l’exploitation aurifère a été suspendue pour des raisons sécuritaires, en plus du fait que le contrat de cette mine arrive à terme.

Au moment où les employeurs mettent en avant l’insuffisance des réserves d’or dans les deux mines, les activités minières sont maintenant concentrées sur certaines parties de la mine de Sadiola. Ainsi, Anglogold Ashanti a choisi de focaliser ses activités sur cette mine censée avoir des minéraux adaptés à l’usine qui traite l’or.

 

 

L’économie locale en mauvaise posture

Ce changement dans la méthode d’exploitation, ciblant les particularités géologiques, est aussi une adaptation au cours de l’or sur le marché international. Cette méthode aura également un impact sur la sécurité des emplois, même si Philippart estime que les licenciements se feront conformément à la législation malienne en matière de travail.

Les licenciements de masse constituent sans doute une question critique pour le développement local, un nombre important de communautés locales dépend des mines industrielles. Beaucoup de jeunes ont bénéficié d’un programme de facilité d’emplois au point que des licenciements massifs pourraient affecter les villages environnants.

Les communautés locales ne sont pas bien préparées à résister au choc d’un possible déclin des mines d’or industrielles, malgré de nombreux efforts destinés à diversifier l’économie locale. Le potentiel agricole des villages environnant les mines a été développé à travers l’aide que les mines ont apportée aux municipalités avec par exemple l’introduction d’une variété de riz qui résiste à l’aridité.

 

Malheureusement, dans les zones minières l’agriculture et l’élevage intéressent peu les villageois qui gagnent le plus souvent leur vie à travers des activités directement ou indirectement liées à l’or. Au-delà des centres de santé et des routes, plusieurs activités économiques comme le commerce ont été développées dans les environs des villages de Yatela et de Sadiola autour des mines d’or.

 

Est-ce bien la fin de l’or ?

S’agissant des licenciements prévus, les employés, tout comme les communautés locales, seront permanemment informés, selon les représentants des deux mines. Néanmoins, les négociations pourraient être intenses car les employeurs jugent que la requête de plan social des syndicats n’est pas conforme à la loi.

 

La tension entre les employeurs et les travailleurs ouvre une nouvelle ère pour le secteur de l’or au Mali. Et cette tension s’explique surtout par la paupérisation croissante des populations qui pointent du doigt les sociétés minières. D’autres mines dirigées par les investisseurs étrangers ont fait des licenciements dans le passé, mais le cas des deux mines de la région de Kayes est particulier car près d’un millier de travailleurs vont perdre leurs emplois. Alors que les mines dirigées par les investisseurs internationaux font face à des difficultés, les mines illégales prospèrent au Mali. Selon la Chambre des mines du Mali, il y a plus de 250 mines d’orpaillage au Mali et de nouvelles découvertes font jours chaque semaine.      En 2012, environ 2 millions de personnes vivaient de l’orpaillage, essentiellement des jeunes issus des milieux ruraux. Beaucoup d’enfants aussi sont impliqués dans cette activité selon Human Rights Watch (HRW) qui a publié en 2012 un rapport estimant que 20 000 à 40 000 enfants trav

 

Soumaïla T Diarra

 

SOURCE: L’Aube

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