Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) a encaissé le 17 janvier dernier la démission collective de 60 de ses membres, reprochant à la formation d’Oumar Mariko de « s’opposer à l’essence même de leur lutte ». Ils ne sont pas les seuls à s’interroger sur l’orientation politique de leur désormais ancien parti. Alors qu’on le reconnaît pour ses positions anti-impérialistes et souverainistes, beaucoup de Maliens attendent plus de SADI dans la crise politique malienne.
« Un lynchage médiatique ». C’est à cela que résume le Secrétaire politique national du SADI la démission collective d’une soixantaine de ses membres, dont la quasi-totalité vient de la Commune I du District de Bamako, plus un élu communal de la région de Dioïla et le Secrétaire administratif de la coordination du parti à Koulikoro. Il explique que ce sont des camarades politiques d’Allaye Bocoum, démissionnaire de SADI et aujourd’hui grand soutien du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. « C’est un comité qui est mort depuis longtemps et qui vient essentiellement d’un seul quartier. Il n’y a aucun cadre du parti dedans. Le but, c’est de faire un lynchage médiatique. Mais le parti n’a pas voulu en faire un événement », minimise Babarou Bocoum.
Il poursuit en disant que cette démission collective intervient alors que le Parti est en train de renouveler ses instances et que le comité démissionnaire allait de toute façon être remanié, d’où l’objet de ses agissements. « Le renouvellement du comité démissionnaire était prévu à la fin de ce mois. Des instructions avaient été données et ils savaient très bien ce qui allait en découler. Donc ils en ont profité pour faire une liste et aller chercher des gens qui n’ont jamais participé à une réunion du parti depuis cinq ou six ans ».
« Incohérence politique »
Les démissionnaires du 17 janvier dernier accusent SADI de « braquage systématique contre toutes les propositions faites », voire de celles pour lesquelles « ils se sont battus », faisant « perdre à leurs yeux toute cohérence » au parti. Et ils ne sont pas les seuls à penser ainsi. « Au lieu qu’on se demande pourquoi SADI ne soutient pas la nouvelle dynamique, qui va dans le sens de sa lutte, pourquoi ne pas demander à ceux qui se font passer aujourd’hui pour de vrais combattants de l’impérialisme pour quelles raisons ils n’ont pas associé SADI à la démarche », reformule Babarou Bocoum.
Il poursuit en expliquant que lors de la formation des différents gouvernements depuis le coup d’État du 18 août 2020, le parti d’Oumar Mariko a été invité à proposer des noms, mais que seul le second gouvernement éphémère de Moctar Ouane avait pris le soin de garder l’un des leurs. Ce fut aussi le cas lors de la mise en place du Conseil national de la transition (CNT), dont aucun membre du parti n’est membre. « SADI a toujours fourni des noms mais n’a pas été entendu. On n’a aucune raison de combattre cette transition. Pour nous, les enjeux, ce sont les élections», précise Babarou Bocoum.
Pour lui, l’orientation actuelle de la transition correspond aux idéaux du parti, mais à quelques différences près, et de taille. SADI pense que la démarche utilisée par les autorités de la transition n’est pas dans l’intérêt du Mali, car elle consiste plutôt à isoler le pays. « Nos idéaux ne sont pas opposés à la communauté internationale et le parti n’a pas été créé pour s’opposer à un pays. Mais c’est une démarche qui consiste à donner au Mali la souveraineté dans le respect mutuel de nos engagements internationaux », explique Babarou Bocoum. Parlant de la présence française au Mali, SADI pense qu’il faudrait juste « défaire »l’accord de défense qui lie les deux pays, en lieu et place « des discours ronflants ». Une position que semble partager le Président du parti, même si ce dernier garde le silence. Placé sous mandat de dépôt le 7 décembre 2021 pour des « propos injurieux », Oumar Mariko a obtenu la liberté provisoire moins d’un mois après, le 4 janvier 2022. Son jugement est prévu pour le 15 février 2022.
Source : Journal du Mali