CRISE Depuis qu’un bombardier russe a été abattu par l’armée turque à la frontière syrienne, c’est l’escalade entre les présidents russes et turcs…
C’est le énième épisode de la grave crise diplomatique entre Ankara et Moscou, déclenchée le 24 novembre, après qu’un bombardier russe a été abattu par l’armée turque à la frontière syrienne. Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé ce jeudi qu’il détenait des « preuves » de l’implication de la Russie dans le trafic de pétrole de Daesh en Syrie. Alors que les tensions diplomatiques entre les deux pays sont à leur comble, 20 Minutes vous fait revivre ces dix jours d’escalade.
Acte I : Le bombardier russe abattu, le nœud gordien
Après une première violation de son espace aérien en août par le survol d’un drone, l’aviation turque abat, mardi 24 novembre, un avion militaire russe. La Turquie explique que le Sukhoï SU-24 – dont elle ignorait la nationalité – a violé son espace aérien près de sa frontière avec la Syrie, et qu’il a été averti « dix fois en cinq minutes », tandis que Moscou affirme de son côté que son appareil « se trouvait exclusivement dans l’espace aérien syrien » et qu’il n’a jamais été contacté avant d’être abattu.
Un pilote a été tué alors qu’il descendait en parachute après s’être éjecté, et l’autre a été secouru après une opération spéciale menée conjointement par les forces spéciales russes et syriennes. Une première opération de sauvetage a coûté la vie à un soldat russe.
Acte II : Malgré les tentatives d’apaisement, Vladimir Poutine fulmine
Alors que Recep Tayyip Erdogan multiplie les gestes d’apaisement (appels à son homologue russe, proposition – refusée – de rencontre « en face-à-face » lors de la COP21), et que la communauté internationale appelle à la « désescalade », la Russie ne décolère pas. Face à ce « coup de poignard dans le dos », elle met en place des mesures de rétorsions économiques, annonce un renforcement de ses défenses antiaériennes, et équipe ses bombardiers tactiques opérant au-dessus de la Syrie de missiles air-air.
Acte III : Face à l’obstination russe, Ankara se braque à son tour…
Jugeant « inacceptables » les critiques de Moscou, et annonçant qu’il ne répondra pas aux réactions « émotionnelles » de la Russie, Recep Tayyip Erdogan exclut de présenter des excuses, et demande à la Russie de revenir sur les sanctions économiques adoptées, « contraires à nos intérêts à tous les deux ». « Aucun Premier ministre turc, aucun président, aucune autorité ne s’excusera, clame son Premier ministre, Ahmet Davutoglu. Aucun pays ne peut nous demander des excuses car nous n’avons fait que notre devoir ».
Acte IV :… enrageant un peu plus les Russes, qui passent aux attaques personnelles
Furieuse, la Russie accuse : non seulement la Turquie « protège » les combattants de Daesh et couvre la contrebande de pétrole à laquelle se livre l’organisation en Syrie, qui est « acheminée massivement, de manière industrielle, vers la Turquie », mais le leader turc et sa famille profiteraient directement de ce trafic. Des accusations « immorales » et des « calomnies » selon Erdogan, qui exige de la Russie qu’elle « prouve ses allégations ». Les Etats-Unis ont également fermement démenti ces accusations, ne voyant « aucune preuve » soutenant les allégations visant Ankara.
Acte V : Erdogan ne lâche pas l’affaire, Poutine non plus
Ce jeudi, les deux présidents se sont livrés à une violente passe d’armes, Vladimir Poutine martelant que les Russes « n’oublieront jamais » la « complicité » des Turcs avec les terroristes et qu’ils « vont regretter ce qu’ils ont fait ».
Recep Tayyip Erdogan n’a pas tardé à réagir, affirmant que l’engagement de son pays contre Daesh était « incontesté », et annonçant qu’il détenait des « preuves » de l’implication de la Russie dans le trafic de pétrole de Daesh, et promettant de bientôt « commencer à les révéler au monde ». Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a lui qualifié de « propagande soviétique » les accusations russes.
Source: 20minutes.fr