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Russie : Le racisme, inévitable invité du Mondial 2018 ?

Préoccupant à trois ans du Mondial 2018, le niveau du racisme dans les stades en Russie inquiète la FIFA. Si l’instance a mis du temps à réagir, elle a dévoilé son plan en mai, avant l’éclatement du Fifagate, et prévoit de s’appuyer sur des observateurs antidiscrimination présents dans les stades. Si cela ne suffit pas, Yaya Touré et les joueurs de couleur laissent planer la menace d’un boycott de la compétition.
joueur football racisme

Insulté de manière raciste pour le jeu que j’adore… (…) Et pourtant nous jouerons une Coupe du monde dans ce pays où les Africains devront venir pour jouer au football.Ciblé par les cris de singe d’une partie des supporters du Spartak Moscou vendredi dernier pour sa première en Russie sous le maillot d’Ufa, Emmanuel Frimpong jette un pavé dans la mare. Décriée pour les incidents racistes répétés dont elle est le théâtre et le laxisme des autorités locales, comment la Russie pourra-t-elle faire du Mondial 2018, qu’elle doit accueillir, une grande fête du football ? A la veille du tirage au sort des éliminatoires de la compétition, qui aura lieu samedi à Saint-Pétersbourg en présence notamment de Samuel Eto’o, la question est plus que jamais d’actualité.

Comme nous l’avons vu dans la première partie de ce dossier, les chances de voir le changement impulsé de l’intérieur sont minces, malgré l’annonce de nouvelles mesures par Vitaly Mutko, le ministre des Sports, ce jeudi. Reste l’espoir incarné par… la FIFA. Un oxymore diront certains. Difficulté supplémentaire : Jeffrey Webb, le président de la task force de la FIFA contre le racisme et la discrimination, créée en mars 2013, est désormais placé en résidence surveillée (en échange d’une caution à 9,2 millions de dollars !)dans le cadre du Fifagate.

Eradiquer le racisme avec des manuels !

Il faudrait une task force spéciale rien que pour les supporters russes…“, s’inquiétait celui qui était également président de la Concacaf, à l’issue desdébordements survenus durant le Mondial 2014 au Brésil. Alarmée par ses propres dirigeants (en 2014, l’un d’eux jugeait le niveau de racisme en Russie “totalement inacceptable” pour un pays organisateur du Mondial) et les documents publiés par les ONG, la FIFA a pourtant mis du temps a réagir, malgré une rencontre Blatter-Poutine sur le sujet en juillet 2014.

– Retrouvez également la première partie de notre dossier sur le racisme en Russie, consacrée au laxisme des autorités locales

En décembre dernier, l’instance dirigeante du ballon rond entendait encore lutter contre le racisme à coups de… “guides sur les bonnes pratiques“, distribués dans ses associations membres. Educative et préventive, cette mesure portera sans doute ses fruits sur le long terme, mais elle semble un peu légère pour éradiquer le racisme d’une compétition qui aura lieu dans moins de trois ans.

Yaya Touré, juge de paix

Il a fallu attendre le mois de mai pour que la FIFA dévoile enfin un plan d’action concret pour le Mondial 2018, un événement que l’instance entend mettre à profit pour “montrer sa politique de tolérance zéro” contre toute forme de discrimination. Pour lutter contre le racisme, l’instance mise sur son “système de surveillance antidiscrimination”. Celui-ci consiste à déployer “des observateurs antidiscrimination spécialement formés lors de matches identifiés comme à haut risque“. A l’issue de chaque rencontre, “l’observateur antidiscrimination soumettra dans les 24 heures un rapport à l’organe disciplinaire de la FIFA, qui analysera les informations et décidera ou non d’ouvrir une procédure disciplinaire. Le principal objectif est d’optimiser les procédures judiciaires en fournissant les indispensables preuves à toute imposition de sanctions“, explique la FIFA.

Pour parrainer ce dispositif, qui sera testé durant les éliminatoires du Mondial 2018, la FIFA a fait appel à Yaya Touré, qui s’est dit “très satisfait de voir que la FIFA prend cette question très au sérieux en mettant en place des mesures concrètes pour éradiquer les comportements qui vont à l’encontre des valeurs de notre sport“. Une façon pour l’instance de se mettre l’Ivoirien dans la poche ? Peut-être. Fin 2013, à l’issue d’un match émaillé d’incidents racistes sur le terrain du CSKA Moscou en Ligue des champions, celui-ci avait invité les joueurs de couleur à envisager un boycott de la compétition. “Si nous ne sommes pas rassurés au moment de venir jouer la Coupe du monde en Russie, nous ne viendrons pas“, avait lâché le Mancunien.

Quelles sanctions ?

Un Mondial amputé des cinq sélections africaines et éventuellement d’autres joueurs de couleur, représente un scénario catastrophe pour la FIFA. Un scénario que l’instance veut absolument éviter. Elle a accompli une première étape en lançant son système de surveillance. Reste à franchir un nouveau palier en infligeant les sanctions qui s’imposent en cas de débordement (amende, huis clos, retrait de points, voire exclusion). Dans le cas contraire, le Mondial 2018 risque de laisser un triste souvenir dans l’histoire. C’est la crainte récemment exprimée par Hulk, l’attaquant brésilien du Zenith-Saint-Pétersbourg, à la BBC à l’issue d’une rencontre où il avait été la cible d’énièmes cris de singe : “Si quelque chose de ce genre se produit pendant la Coupe du monde, ça sera vraiment dégoûtant, vraiment laid, il va y avoir un gros problème“.

 

Source: Afrik Foot

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