Malgré les deux mandats d’arrêt internationaux qui le visent pour crimes de guerre, génocide et crimes contre l’humanité, Omar el-Béchir a été reçu par Vladimir Poutine, ce jeudi 23 novembre. Les deux hommes ont discuté de relations bilatérales et de coopération économique et militaire. Le président soudanais en a profité pour demander l’aide de la Russie contre ce qu’il a appelé les « actes agressifs » des Etats-Unis.
Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
C’est sur les bords de la mer Noire, dans la résidence d’été de Vladimir Poutine, qu’Omar el-Béchir a été accueilli par son homologue russe. Sur les images diffusées par la télévision russe, Omar el-Béchir est souriant, détendu, et visiblement ravi de se retrouver aux côtés de Vladimir Poutine.
Cette première visite en Russie du président soudanais intervient peu après la levée par Donald Trump de l’embargo américain contre le Soudan. Pour autant, Omar el-Béchir a profité de ce déplacement pour dénoncer les « actes agressifs » des Etats-Unis, responsables, selon lui, de la division de son propre pays. « Nous avons besoin d’être protégés contre ces actes », a déclaré le numéro un soudanais. A ses yeux, cela passera par une coopération militaire renforcée et par l’achat d’armement russe. En échange, le Soudan propose à la Russie de lui servir de relais sur le continent africain.
Aucune annonce concrète pour le moment sur d’éventuelles signatures de contrats. Mais les deux pays ont visiblement l’intention de développer leurs relations commerciales, comme l’a souligné Vladimir Poutine à l’issue de son entretien avec le président soudanais. « Votre visite sera très utile et favorisera le développement de notre relation bilatérale, a déclaré le président russe. Nos relations notamment dans le domaine économique se développent. Leur volume n’est pas encore très important, mais le rythme est soutenu. Il y a des perspectives dans le secteur des hydrocarbures, de l’énergie électrique et du nucléaire civil. »
A aucun moment au cours de l’entretien il n’a été question des deux mandats d’arrêt émis contre Omar el-Béchir par la Cour pénale internationale. Interrogé sur cette question, le porte-parole du Kremlin a refusé tout commentaire : « Omar el-Béchir est le dirigeant légitime du Soudan et il est considéré comme tel par Vladimir Poutine », s’est contenté de déclarer Dmitri Peskov.