Ainsi à chaque époque son gourou et à chaque gourou ses disciples. Sur ce point les Maliens ne sont pas en reste. Ni Marx ni Lénine le député de Sikasso, Housseini Amion Guindo vient d’introduire dans le langage politique un nouveau concept qui, à première vue, fait dresser les cheveux sur la tête. Il parle désormais de « tournant générationnel » pour marquer sa volonté de changement des mœurs politiques. Et pourquoi pas une rupture avec le passé.
Housseini Amion Guindo, président Codem
Si tout le monde parle de changement Poulo a enfoncé le clou quitte à susciter des inquiétudes chez la vieille garde prétorienne. Ainsi chacun de se poser des questions. S’agit-il d’une guerre de générations comme ce fut le cas de la guerre des anciens et des modernes en littérature au XVIIIème siècle ? Après la lutte des classes et la guerre des sexes, le temps est-il vraiment venu de marcher sur le cadavre des anciens ? O, si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. Dans le même ordre d’idée on estime que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires. Dans ses explications embrouillées le président de la CODEM affirme qu’il ne s’agit pas d’une opposition entre jeunes et vieux. Pour preuve, il prend exemple sur la composition du bureau politique de son parti truffé de vieillards enturbannés.
Pourtant le dictionnaire Larousse définit le mot génération comme un ensemble d’individus ayant approximativement le même âge en même temps. Ainsi on parle de jeune et de nouvelle génération. De générationnel le Larousse dit que c’est ce qui concerne les générations, les rapports entre les générations. Même dans le subconscient collectif il y a toujours opposition entre jeunes et vieux. De même que dans notre société il y a une ligne de démarcation nette entre les deux âges sans que cela ne soit une guerre ouverte. Du point de vue comportemental le respect est du aux ainés qui toisent les jeunes du haut de leurs expériences. Or, a dit Rabelais, l’expérience vaut mieux que la science. Dès lors il devient délicat de faire des questions générationnelles une doctrine de propagande politique au risque de ne pas être compris. Le docteur Hamed Sow a su traduire à merveille l’idée du changement voulu par la société lorsqu’il dit qu’il faut balayer tous les prédateurs qui ont gaspillé les maigres ressources de l’Etat pendant ces vingt dernières années. Cela concerne tout le monde, ici il n’y a pas de distinction d’âge ni de sexe, encore que certains jeunes sont pires que le piranha. Cela n’empêche pas Poulo d’avoir des émules au sein de la classe politique. Il a même des disciples. Tour à tour Madani Tall, Boucadry Traoré, Moussa Mara, Yeah Samaké et d’autres ont été contaminés par le virus du tournant générationnel. Ils viennent de publier un manifeste pour réclamer le changement. Mais ne soyons pas dupes car cette bande de joyeux lurons n’a pas un tempérament révolutionnaire comme Karl Marx, Mao ou Lénine. Ils ne souhaitent pas un bouleversement de la société mais tout juste que les vieux politiciens débarrassent le plancher pour qu’à leur tour, ils s’en donnent à cœur joie. Chacun, se disent-ils, à son tour chez le coiffeur. Même l’ambitieux Jeamille Bittar est tombé sous leur charme. En se rendant l’autre jour chez son maître à penser Poulo il a déclaré sans sourciller que les oiseaux du même plumage volent ensemble. Mais en quoi lui et Guindo se ressemblent-ils pour s’assembler ? L’un est une hirondelle de printemps, l’autre est un hibou nocturne. Ces deux oiseaux peuvent-ils voler ensemble à plus forte raison aller dans la même direction ? Pire, quand le loup se rend chez l’agneau c’est pour lui dire « si ce n’est toi, c’est donc ton frère »
Pris dans le tournis du tournant générationnel certainement que Poulo est en train de prendre des vessies pour des lanternes en ménageant la chèvre et le chou, le coq et le renard. L’électeur malien en a déjà vu de toutes les couleurs. Il sait pourtant que sous nos cieux plus qu’ailleurs l’habit ne fait pas le moine. Le succès tout comme le pouvoir tour à tour enivre, grise et mine. Le candidat des PUR à l’élection présidentielle a le vent