A la suite de la déclaration du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), l’URD, la seconde force politique du pays, a adressé une correspondance au représentant du Bureau des Nations Unies à Bamako pour l’informer » sur les risques de fraudes électorales » à grande échelle, lors du scrutin du dimanche prochain. Où est le surplus de un million 900 mille cartes NINA que le ministre en charge des élections avait promis, devant les députés, de » mettre sous scellé et de les confier à la CENI » s’est interrogé le FDR dans sa déclaration. Pour ce regroupement politique, ces » cartes seront utilisées de manière frauduleuse au profit d’un candidat « . C’est dire que les autorités doivent faire toute la lumière sur cette affaire qui, si elle est avérée, va fortement entacher voire hypothéquer le processus en cours. Avec, certainement, des conséquences que personne ne saurait prédire.
C’est le jeudi 18 juillet dernier, que le FDR, qui réunit, entre autres, 129 députés sur les 147 que compte l’Assemblée nationale, 37 partis politiques, 40 associations de la société civile et la plus grande centrale syndicale, l’UNTM, a, dans une déclaration politique, saisi l’opinion nationale et internationale » sur les risques de fraudes massives « au cours de la présidentielle du 28 juillet prochain. Les faits en cause, selon le FDR : au mois de juin, sans qu’aucun responsable de l’Administration n’en fasse l’annonce, ce regroupement politique dit avoir appris de sources sûres – toutes les grandes formations politiques ayant leurs informateurs au sein du Département en charge des élections – que 8 millions de cartes NINA avaient été imprimées alors que le nombre total d’inscrits sur les listes électorales s’élève à 6,8 millions. Au courant de ce même mois, le député d’un parti membre du FDR a interpellé, à l’Assemblée nationale, le ministre en charge de l’Administration Territoriale sur cette » étrange quantité, source de possibles problèmes « . Après avoir reconnu la véracité de l’information, le ministre a répondu qu’il allait » mettre le surplus de cartes sous scellé et le confier à la CENI « . Où se trouvent présentement ces cartes et que compte en faire le ministre ?
Voilà la question que ne cesse de se poser les partis membres du FDR qui soupçonnent – c’est un euphémisme – l’Administration Territoriale de vouloir utiliser de manière fraudeuse lesdites cartes « au profit d’un candidat « . Selon un responsable d’un parti membre du FDR qui a requis l’anonymat et dit détenir des informations crédibles, au niveau même du ministère en charge des élections, des fonctionnaires, parmi lesquels un certain Issa T., travailleraient avec un réseau, dont l’équipe est constituée d’une certaine Rama et d’un certain Karim, pour organiser une » fraude programmée et à grande échelle au profit d’un candidat « .
En plus de cela, le FDR, dans sa déclaration, dit n’avoir toujours pas de « précision sur la logistique et les mesures de sécurité prises pour le transport des votes et des procès-verbaux des bureaux de votes « . Il a émis également » de sérieuses inquiétudes quant à la fiabilité du système électronique de comptage des votes « . Compte tenu de tous ces risques qui peuvent laisser penser que l’Administration Territoriale, voire le gouvernement et le président de la République par intérim sont dans une combine pour faire passer un candidat dès le premier tour, le FDR a saisi la communauté internationale « sur ces insuffisances du processus électoral en cours « . C’est ainsi que le FDR a demandé à la » CEDEAO, à l’Union Africaine, à la France, à l’Union Européenne, aux Nations-Unies de veiller à ce que le processus électoral soit transparent, équitable et crédible pour que les résultats soient légitimes, donc acceptables pour tous « .
Il semblerait, selon des sources concordantes, que ce sont en tout 1 956 012 cartes sans photos qui seraient toujours dans les mains de l’Administration. Ce sont ces cartes qui sont au cœur des soupçons de fraude qui pèsent sur le ministre de l’Administration Territoriale, Colonel Moussa Sinko Coulibaly et quelques-uns de ses subordonnés dont un gouverneur de région et des préfets de plusieurs localités du pays qui auraient été commis auprès de certains chefs de village. Tout cela, d’après le responsable du FDR susmentionné, pour faire parvenir l’un des candidats à obtenir – par la fraude – un taux de 50,10% afin de franchir les portes du palais de Koulouba dès le premier tour. Pour cela des émissaires auraient été récemment vus auprès de préfets et de chefs de village dans le but de les mettre en mission dans le cadre de » la fraude massive » qui serait en train d’être mise en œuvre dans le cadre notamment d’un plan dit » NINAA » avec, vous avez bien lu, 2A à la fin. Le retard pris dans la distribution des cartes NINA serait, toujours selon ce responsable du FDR, volontaire afin que le minimum d’électeurs puissent voter. A défaut de ces manœuvres pour atteindre l’objectif fixé du » Takoklen » (faire passer dès le premier tour), un plan « B « serait alors tenté. Il urge donc que le ministre Moussa Sinko Coulibaly réponde à toutes ces supputations et inquiétudes. Le silence de cimetière qu’il continue d’observer, de même que les membres de la CENI et de la DGE, et cela face à de réelles interrogations de la nation, n’est pas la solution.
Et s’il revenait que l’Administration a un parti-pris dans ces élections, ce serait une triste fin pour les autorités de la transition et une grosse malchance pour notre pays. Que Dieu nous en préserve et Qu’Il sauve le Mali !
Mamadou FOFANA