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Révolution de palais au Mali, un camouflet pour le M5-RFP!

En ce mardi, 18 août 2020, sur la tête du peuple malien englué dans une indicible misère une douche froide est tombée, drue: le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Kéïta vient d’être arbitrairement mis aux arrêts et ainsi privé de son fauteuil. Et qui donc en sont les auteurs?

 

Plus d’une dizaine de jours après le départ forcé de la 1ère institution républicaine et démocratique du Mali, la question reste en partie sans  réponse. C’est que les auteurs du coup de force du 18 août avancent masqués. Ainsi, c’est d’abord le Colonel Sadio Camara qui est présenté comme le Chef de la junte; puis c’est le Colonel Goita; lequel aurait reçu l’ordre du ministre de la Défense, le Général de Brigarde Dahirou Dembélé qui serait lui aussi commis par le patron de la Sécurité d’Etat, le Général de Brigarde Moussa Diawara; lequel aurait pris attache avec le colonel Sadio Camara qui était de garde ce jour-là. Autre nom associé à ce coup de force: Cheick Fanta Mady Dembélé, Général de Brigarde.

Quoi qu’il en soit, tous ces gens-là sont des officiers supérieurs des Forces Armées Maliennes (FAMA) dont le Président de la République est d’ailleurs “le Chef Suprême” aux termes de l’art 44 de la Constitution en vigueur dans notre pays. De même que les officiers supérieurs ainsi impliqués dans l’acte que notre loi fondamentale qualifie de “crime imprescriptible” perpétré “contre le peuple malien” figurent au rang des personnalités clé du régime, à commencer par le plus médiatisé d’entre eux: le Colonel-major  Ismaïl Wagué, chef d’état-majore adjoint de l’armée de l’air du Mali au moment des faits. Le colonel Sadio Camara, lui , était aux commandes de l’école d’élite militaire (de niveaux fondamental et secondaire) de Kati. Poste qu’il ne quittera en janvier dernier que pour une formation d’ailleurs en cours. Le Général de brigade Cheick Fanta Mady Dembele dirige le Centre de Maintien de la Paix, Me Alioune Blondin Bèye. Quant au Colonel Hassimi Goïta, lui-même, il commande le Bataillon Autonome des Forces Spéciales(BAFS) du Mali. Son désormais adjoint au sein de la junte est le Colonel Malick DIAW, Chef d’état-major de la 3ème Région militaire de Kati.  C’est dire que le coup de force du 18 août n’est rien d’autre qu’une révolution de palais trop savamment orchestré.

Et c’est un camouflet pour le M5-RFP!

Mouvement séditieux dont l’objectif fondamental était la démission d’IBK et  la chute de son régime.

Or, non seulement IBK n’a pas démissionné, ayant “démissionné” que sous la menace armée: «Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix? M’y soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang soit versé pour mon maintien aux affaires», confie-t-il depuis son lieu de détention. Et une démission donnée sous la menace armée n’en étant pas une ! La démission étant par définition même un acte volontaire!

Malheureusement, faute d’un soutien du peuple au sens révolutionnaire du terme, Mahmoud Dicko et son armée du salut n’ont pu obtenir  une insurrection populaire comme ils le croyaient et ont ainsi dû revenir plusieurs fois sur leur ultimatum, multipliant les menaces, sans guère de succès. Et le piège s’est refermé sur le chef de guerre de boulevard et sa troupe dont certains ont consenti à l’ultime sacrifice.

Mais aussi le régime demeure; car, si le Président de la République est désormais cloué, le régime continue! Sur les huit institutions républicaines du Mali, fonctionnent encore cinq, à savoir la Cour Suprême, la Cour Constitutionnelle, la Haute Cour de Justice et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales ainsi que le Conseil Économique, Social et Culturel. Et les Secrétariats généraux du Gouvernement fonctionnent. On pourrait multiplier ces exemples.

Mais passons à l’autre revendication du M5-RFP qui  consiste en une réclamation plus ou loins implicite de «l’indépendance nationale», d’où d’ailleurs son omniprésence au monument de l’indépendance. Revendication désormais caduque; puisque dès les premières heures de leur coup de force, les putschistes ont tenu à souligner leur farouche volonté de traiter avec les ennemis jurés des nouveaux indépendantistes, à savoir la France qui fait l’objet de leurs invectives: «Depuis le jour où IBK a signé un accord militaire avec la France, le Mali est foutu».

Pourtant, le M5-RFP est convaincu que notre pays à lui seul ne peut rien pour la sécurité des Maliens: «On veut coopérer avec la Russie»,  clamant: «On veut la Russie!» et toujours fort: «Poutine, Poutine!». L’imam Dicko et ses pantins feignent ainsi d’oublier qu’IBK et son régime y avait pensé une année plutôt, un accord de coopération militaire liant déjà le Mali et la Russie; laquelle était d’ailleurs aux côtés de notre pays depuis les années 60.

En tous les cas, il s’agit pour les chantres du nouveau nationalisme malien de remplacer la France par la Russie. Ce qui revient à ce que certains appellent «du pareil au même», le Mali restant toujours sous tutelle étrangère. A certains compatriotes de s’interroger: «Où est passé  le désir d’indépendance qui a fat transférer la mosquée wahabite de Badalabougou à la place de l’indépendance?».

Mais au M5, pas le temps de trop répondre, l’armée du salut n’a pas encore fini de digérer le camouflet que les militaires leur ont  infligé. Et le camouflet est si patent que l’imam désormais passé maître de la politique politicienne souhaite subitement «retourner à la mosquée». Un peu comme s’il avait été sommé de mettre fin à sa sédition. Non, semblent répondre son armée du salut, car, pour elle, il s’agit plutôt d’une «mission accomplie»!  Un avis que ne partage pas D Mariko, une voix citoyenne qui lâche: «Après avoir mis le Chaos au Mali, Dicko se retire. Le Bon Dieu ne Dort jamais jamais!».

Pourtant, chacun le sait, l’imam est trop habitué aux jeux de pouvoir et autres guerres de positionnement dont la finalité demeure la même: presser l’Etat malien, malade congénital où végètent depuis 59 ans des millions de gens du peuple. Et par la faute de l’élite malienne; laquelle prend un malin plaisir à trouver toujours des boucs émissaires et compte bien en son sein Mahmoud Dicko ainsi que toutes les têtes pensantes du M5-RFP! D’où le mépris souverain qu’affiche le peuple(pris dans son sens le plus révolutionnaire du terme) face aux revendications de ce mouvement opportuniste.

Est-ce cela que les putschistes ont compris? Toujours est-il que ces derniers nient désormais toute accointance dangereuse avec le M5-RFP, jurant qu’ils ne le connaissent ni d’Adam ni d’Eve. Même s’ils ont réservé leur première rencontre à Mahmoud Dicko qui n’est qu’un imam de quartier, à l’opposé du Président du Haut Conseil des Musulmans du Mali, son successeur à ce poste, le Chérif Ousmane Haïdara. Par gratitude au  M5-RFP qui a salué en fanfare les auteurs d’un acte que la Constitution malienne qualifie de «crime imprescriptible contre le peuple malien? Ou par reconnaissance que le Colonel Goïta doit à l’imam qui l’a extirpé des crocs des terroristes?

Comme dit madame D Mariko: «Le temps est un autre nom du Bon Dieu». Sauf que le temps de Dieu n’est pas le temps de l’Homme! Et les lois républicaines et démocratiques peinent à s’appliquer dans notre pays où  chacun agit selon son entendement, y compris le Conseil National pour le Salut du Peuple(CNSP). qui s’est poliment passé de «la carte blanche» de l’imam. A celui-ci de crier gare.

Alors, fini le temps des congratulations et autres petits égards entre l’imam séditieux et les putschistes? Wait and see!

Hawa DIALLO

SourceLA REFONDATION

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