(Agence Ecofin) – Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré multiplie les réformes qui rompent les liens avec la France. Outre les dénonciations des accords militaires et économiques avec Paris, Ouagadougou revisite également les liens socioculturels.
Le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré (photo) et son gouvernement ont examiné un projet de loi portant révision de la Constitution lors du Conseil des ministres du mercredi 6 décembre.
Selon le communiqué issu du Conseil, plusieurs réformes ont été apportées dont la suppression de la Haute Cour de justice, du Conseil économique et social (CES), du Médiateur du Faso et l’élévation des langues nationales au rang de langues officielles, entre autres. Pour les autorités burkinabè, ces réformes témoignent de l’engagement de l’Etat burkinabè à renforcer « la culture démocratique et consolider l’Etat de Droit » dans le pays.
Avec la suppression de la Haute Cour de justice, le jugement des dirigeants politiques sera désormais confié aux juridictions de droit commun. En ce qui concerne le CES et le Médiateur du Faso, le Conseil national des communautés les remplacera. Ce conseil sera donc institué dans le but d’impliquer beaucoup plus les leaders religieux et coutumiers dans la résolution des conflits sociaux d’une part, et d’autre part, de permettre aux communautés de s’impliquer davantage dans la gestion des affaires publiques. La langue Française, quant à elle, est désignée comme langue de travail.
Cette décision intervient dans un contexte où le Burkina Faso, qui a formé avec le Mali et le Niger l’Alliance des Etats du Sahel (AES), entend mieux concrétiser son indépendance et son autonomie politique, économique et culturelle. Dans cet ordre d’idées, le gouvernement burkinabé a adopté un décret, en juin dernier, autorisant le port du « Faso Dan Fani » et du « Koko Dunda », des tissus fabriqués localement dans plusieurs secteurs d’activité, notamment celui de l’éducation, les services publics, etc.
Il faut également souligner que les Etats de l’AES n’hésitent pas à implémenter en interne les mesures prises par l’un des membres comme par exemple le retrait récent du Niger et du Burkina Faso du G5 Sahel, après celui du Mali ou même la dénonciation des conventions fiscales avec la France par le Mali et le Niger après le Burkina Faso. Avant Ouagadougou, Bamako avait déjà relégué le français au rang de langue de travail.
Notons que le Conseil a donné son accord pour la transmission de ce projet de loi portant révision de la constitution à l’Assemblée législative de Transition en vue de son adoption.
Charlène N’dimon (stagiaire)
Agence Ecofin