Le vendredi 24 novembre 2023, le président de la Transition du Burkina Faso, Capitaine Ibrahim Traoré, a reçu le Gouverneur de la Bceao, Jean- Claude – Kassi Brou venu lui parler de ‘’la situation économique dans la zone Umoa’’, de la ‘’santé de l’institution sous-régionale’’ ‘’robuste’’ en dépit des effets induits des crises ukrainienne et sahélienne. Si c’est pour tenter de convaincre les Etats de l’AES à renoncer à leur projet, il a raté le coche.
Selon lui, la croissance dans l’espace communautaire est de 5% et les perspectives pour l’année 2024 sont prometteuses. Il a déploré les effets néfastes des sanctions économiques à l’encontre du Niger, suite au coup d’Etat. Coup de théâtre : Jean- Claude Kassi Brou a reconnu que ces sanctions sont ‘’injustes, illégales et inhumaines’’ car conscient de l’évidence que les textes régissant la Bceao disposent en leur article 5 qu’elle n’obéit à aucune injonction émanant de quelque personnalité officielle que ce soit, fût-il chef d’Etat. Or l’U.m.o.a s’est entêtée à bloquer les comptes bancaires Bceao et des banques commerciales du Niger et à désactiver les Guichets Automatiques Bancaires de toutes les banques sanctionnées de l’Etat nigérien.
Malgré la clarté de ces textes, les gouverneurs ont courbé l’échine face aux oukases des Chefs d’Etat, ces «sous-préfets» d’une France hostile au genre de coups d’Etat comme ceux survenus au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Dont les auteurs, déterminés à soustraire leurs pays de son influence, ont créé l’AES et jurent de mettre fin aux violations des textes régissant la Bceao selon son bon vouloir par le biais de ses dévoués serviteurs.
Selon une source proche de la Radio Télévision nigérienne, le Gouverneur de la Bceao serait venu démarcher l’AES à renoncer à créer sa monnaie en échange de la levée des sanctions contre le Niger. Mais force est de constater que M. le Gouverneur raté le coche car, le 23 novembre 2023, à Bamako, étaient en conclave les ministres des Finances des trois pays. Lesquels ont déjà acté le principe de la création d’un fonds de stabilisation financier, d’une banque d’investissements ainsi d’une Union économique et monétaire.
A écouter, le professeur Boubé Namaïwa, enseignant chercheur au département de philosophie de l’Université Cheick Anta Diop, la Bceao est un instrument de destruction entre les mains de l’impérialisme français.
Elle n’est pas une banque centrale, renchérit une source crédible, mais plutôt un institut d’émission financière. Contrairement aux banques centrales du Ghana, de la Gambie, elle n’est pas représentée à Bâle en Suisse, au niveau de la Banque Internationale des Règlements – BRI – qui valide l’existence des banques centrales, à travers le monde.
Pis le franc CFA n’est pas une monnaie, mais plutôt un bon de trésor français. C’est pourquoi, nos opérateurs économiques ne peuvent faire aucune transaction financière avec ces billets du CFA, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis, sans le feu vert, de la France. Tout le monde le rejette. La preuve en Afrique est que le CFA de la C.e.m.a.c ne peut pas être utilisé en zone U.e.m.o.a.
Force est de reconnaître aussi que ce sont les enjeux géopolitiques et sécuritaires qui ont obligé les présidents de la transition de l’AES à emboucher, contre vents et marée, la trompette de la souveraineté véritable, au propre comme au figuré. Et à agir dans ce sens.
Leur détermination semble de toute évidence avoir paniqué le Gouverneur de la BCEAO, ancien ministre de l’Industrie 2012 à 2018 et baron du régime d’ADO. Il a pris son bâton de pèlerin pour un baroud d’honneur. En sollicitant et obtenant un tête-tête avec Capitaine Ibrahim Traoré. Sauf que dans les trois pays, on n’a pas encore oublié que c’est Jean-Claude Kassi Brou qui est le plus faucon des faucons de l’embargo décrété contre le Mali. Il est le tortionnaire financier de l’UEMOA dans l’application des sanctions drastiques prises contre le Mali, le 9 janvier 2022. Pendant 7 interminables mois !
Mohamed Koné
Le Challenger