A 81 ans, après plus de quarante ans de combats politiques contre tous les régimes qui se sont succédé en guinée et à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Alpha Condé a encore l’intention de se maintenir au pouvoir en adoptant par referendum une nouvelle Constitution pour faire sauter le verrou de la limitation de mandat. Il tient à cette révision malgré tous les griefs avancés par son opposition et même contre les vents et marrées de la société civile et de l’opinion internationale. Pourquoi ne s’inspire-t-il pas de Nelson Mandela d’Afrique du Sud, d’Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et même de Mahamadou Issoufou du Niger ? Va-t-il entacher sa longue et riche carrière politique en sortant par la petite porte de l’histoire de la Guinée ?
C’est par une déclaration solennelle à la Télévision Guinéenne que le Président Alpha Condé a instruit son Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, d’initier des consultations avec les institutions de la République, les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile. Par cette déclaration, le Président guinéen a levé toute équivoque sur la révision de la constitution en vue de la révision de la Constitution. Il semble très déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique, malgré la contestation d’une bonne partie de la classe politique, notamment les partis politiques de l’Opposition regroupés au sein d’une coalition qu’ils ont dénommé Front National pour la Défense de la Constitution, FNDC et de la société civile. Ce Front qui rappelle fort opportunément celui créé en 2017 au Mali, ANTE A BANA, dans les mêmes circonstances et contre la même chose, est désormais vent débout après la déclaration du Président Alpha Condé. Il dit être déterminé à s’opposer par tous les moyens à cette révision qui ne serait autre chose que de baliser le terrain à Condé pour un troisième mandat. Les militants et les sympathisants du FNDC disent être prêts à barrer la route à la dictature rampante d’Alpha Condé qui a l’intention de mettre un coup d’arrêt au processus démocratique et à l’alternance en Guinée.
Les questions que beaucoup d’observateurs de la scène politique guinéenne se posent sont celles de savoir pourquoi c’est à quelques mois de la fin de son deuxième et dernier mandat qu’Alpha Condé veut réviser la Loi Fondamentale de la Guinée ? Ne cacherait-il pas une ambition inavouée ? Le pouvoir a-t-il sa raison que la raison elle-même ignore ?
Ce natif de Boké, en Basse Guinée, est sur le point de surprendre, négativement, ses milliers de fans tant en Guinée qu’à l’extérieur. Alpha Condé va-t-il commencer son mandat en lion et terminer sa carrière politique en chat ?
Pour rappel, celui dont le parcours politique a séduit plus d’un à commencer par les artistes, est en train malheureusement de tomber dans le même piège que celui du capitaine Moussa Dadis Camara, du Général Lassana Konté et même d’Ahmed Sékou Touré, qui avaient voulu s’éterniser au pouvoir. Du haut de ses 81 ans, ayant combattu les régimes autocratiques qui avaient pignon sur rue en Guinée pendant plus de quarante ans et après dix ans à la tête du pays, Alpha Condé n’a plus rien à prouver aux guinéens, il doit se retirer en 2020 en laissant la place à d’autres jeunes cadres du RPG- Arc-en-ciel pour assurer la pérennité du parti. Il devrait s’inspirer de l’exemple de l’ancien Président sud-africain Nelson Mandela qui a cédé le pouvoir à Thabo M’Beki après seulement un mandat de quatre ans. Condé a-t-il appelé Alassane Ouattara, son voisin, qui a bien entendu réviser sa Constitution sans coup férir, mais qui semble renoncer à un troisième mandat pour la stabilité de la Côte D’Ivoire.
Que dire du Président sortant du Niger Mahamadou Issoufou qui pouvait pourtant briguer un troisième mandat, rien qu’à en juger par son bilan, mais il a préféré opté pour la stabilité de son pays et s’en ira à la fin de son mandat.
En définitive, un homme averti en vaut deux. Alpha Condé a désormais le choix entre finir son mandat en héros en organisant des élections crédibles et se retirer ou sortir par la petite porte de l’histoire comme une canaille.
Youssouf Sissoko
Inf@sept