Passionnant, le débat sur la révision constitutionnelle refait surface. En signant un accord politique, le gouvernement pensait avoir une large adhésion au projet. Déjà, le projet fait face à une vague de contestations.
Malgré les conclusions des experts du comité de réforme, le processus de révision de la constitution est au point mort. Qu’est-ce qui bloque l’adoption du texte ? Au stade actuel, les difficultés se situent à plusieurs niveaux : crise politique, situation sécuritaire dégradée et manque de soutien des partenaires.
En conférence de presse la semaine dernière, le chef de file de l’opposition, SoumailaCissé, s’est montré catégorique au sujet de toute révision de la constitution de 1992, en particulier, et toute violation de l’article 118 de la loi fondamentale.
Plus loin, SoumailaCissé a manifesté sa farouche opposition à la révision constitutionnelle en vue. «Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire», a-t-il lancé. Selon le président de l’Urd, comme préalable au référendum sur la révision de la Constitution, l’Etat doit d’abord assurer l’intégrité du territoire. En particulier, dit-il, en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national.
À propos dela conduite des réformes institutionnelles et la modification de la Constitution, le président du parti présidentiel, Dr. Bocary, déclare : «Il est vrai que l’initiative de la révision appartient au président. Il met également en place l’organisation nécessaire pour ce faire. Mais nous avons tous en mémoire la tentative du président Alpha Omar Konaré en 2000, celle d’Amadou Toumani Touré en 2011, puis la nôtre en 2017. Nous pensons qu’il faut une vraie adhésion au projet de révision constitutionnelle. C’est pour cela que nous, la majorité, comptons jouer un grand rôle de facilitateur».
Lemouvement dénommé «An tala Anw Ko Faso» se veut la sentinelle de la Constitution de 1992. Des partis, associations et organisations composent ce mouvement qui a anticipé la lutte sur le terrain. Après sa cérémonie de mise en place, le mouvement entend mener plusieurs actions pour barrer la route à la révision de la Constitution.
Qu’est-ce qui a changé véritablement ?
C’est en raison de la forte contestation en vue que le gouvernement a jugé nécessaire la tenue d’abord de la conférence sur le dialogue politique pour entamer le processus de la révision constitutionnelle. L’idée est de permettre une large participation de toutes les couches.
S’exprimant sur les antennes de l’Ortm, le ministre chargé des réformes institutionnelles et des relations avec la société civile, Amadou Thiam, dira que le processus de la révision constitutionnelle se veut le plus inclusif possible. «La contestation de la révision constitutionnelle cédera aujourd’hui la place au dialogue politique.
En 2017, nous avons déploré que le processus ne fût pas le plus inclusif possible, les Maliens veulent être écoutés et entendus. Le dialogue politique discutera de toutes les réformes indispensables pour la sortie de crise», a-t-il déclaré.
Pour cette quatrième tentative de révision, le ministre Thiam dit être «très optimiste parce que l’élan qui anime les Maliens laisse croire qu’ils sont épris de paix».
La question qui fait débat et continue d’alimenter les passions est quel sera l’impact de l’accord pour la paix et la réconciliation sur la révision de la Constitution.
MoumouniSacko
Nouvelle Libération