Trois semaines après la mort du chef militaire et stratège rebelle Cheick Ag Aoussa, à sa sortie d’une réunion de coordination de la Minusma, Confidentiel Afrique qui a démêlé l’écheveau , sur la base d’informations en sa possession recueillies auprès de sources secrètes et diplomatiques , livre en primeur, les contours de la nébuleuse Ag Aoussa. Infograhie d’un guêpier mortifière.
Loin du sable mouvant des QG ( postes de commandements de la rébellion ), quelques jours avant la mort le samedi 8 octobre 2016, de Cheikh Ag Aoussa, un des principaux chefs militaires de l’ex-rébellion touareg, les nuits ont été longues et difficiles pour les services de renseignements algériens, officiant depuis la Tour du service contre-espionnage d’Alger. Confidentiel Afrique dans ses investigations est tombé sur une source crédible X au parfum des connexions établies avec le désert malien. Notre source révèle que des officines secrètes policières algériennes, étaient sur le qui-vive depuis un certain moment, avec des fiches d’alerte régulières et persistantes sur des évènements dramatiques qui devaient se produire à Kidal. Si la proximité d’Alger et Iyad Ag Agaly d’Ansar Dine est établie et n’est plus un secret de polichinelle chez les autorités de Bamako et de Niamey, Cheick Ag Aoussa prenait de l’épaisseur et commençait à glisser dans la toile des services de renseignements algériens. Déjà fin juillet dernier, certains agents »chocolatés » d’Alger, étaient en service commandé discrètement au nord du Mali. Sous la barbe et le nez des services de renseignements maliens. Ils étaient munis de passeports diplomatiques. A la question de Confidentiel Afrique de savoir quelle est l’utilité de cette mission algérienne au Nord Mali, notre source X fulmine. << Cette région s’entre grenouille et les services de renseignements français et américains ne contrôlent pas en réalité le système et parfois font des notes avec Valeur 2 ou même 3.>> Dans cette partie de poker militaro-diplomatique, où tout converge, Alger a pris une longueur d’avance dans le renseignement militaire, devant le Mali, pays abritant le théâtre des opérations militaires régulières et djihadistes. Les services secrets algériens, qui surveillaient de très près les mouvements du HCUA, dans une logique de s’approcher de l’ex chef militaire rebelle, avaient cherché à alerter Cheick Ag Aoussa, de ne pas se rendre à la réunion de sécurité organisée par le commandement unifié des forces onusiennes et Barkhane, renseigne notre source. Sans succès. Pourquoi Alger voulait vaille que vaille que Cheick Ag Aoussa ne soit pas présent dans les locaux de la Minusma ? Savait -il ce qui s’y tramait et attendait le numéro 2 du HCUA ( Haut conseil pour l’unité de l’Azawad ). Une coïncidence troublante puisque aussitôt la réunion achevée, sa voiture a été carbonisée dans une explosion aux abords de Kidal. Que s’est -il passé entre la nuit du 6 et 7 octobre 2016 pour que Cheick Ag Aoussa ne s’en aperçoive des signaux envoyés par Alger ? Confidentiel Afrique a appris aussi que des agents d’une société de sécurité et de logistique immatriculée américaine, étaient à Kidal, la veille du guêpier mortifère de Ag Aoussa. Que cherchaient-ils dans les environs ? Pour preuve, les services diplomatiques américains étaient bien au courant de l’arrivée de cette société de sécurité et de logistique. Là aussi, le contre-espionnage de Bamako est passé à côté et n’a pas vu les choses ? Ou peut-être, Bamako aurait coopéré. Mais ce crime lui profite t-il ? Le voisin malien, le Niger a bien compris l’enjeu diplomatique et militaire qui se joue dans la région nord du Mali post Cheick Ag Aoussa, en dépêchant vendredi dernier à Alger, son Premier ministre, Brigi Rafni . Niamey s’est engagé à diversifier ses canaux en recyclant ses officines classiques, alors que du côté de Bamako, ça goinfre et les moyens de surveillance de l’armée et ses services de contre espionnage sont sous évalués financièrement. Alger et Niamey doivent coopérer avec Bamako dans l’équité et la complémentarité dans le domaine de la prospective et le renseignement. Sans un jeu de dupes.
Ismael AIDARA
Confidentiel Afrique