« Je récuse l’échec de l’intervention militaire française au Mali», a martelé Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse d’annonce officielle du retrait de l’opération Barkhane et de la force Takuba du territoire malien, une allégation burlesque et exaspérante, qui est à l’origine de l’inexorable discorde entre Bamako et Paris entrainant ce retrait inopiné mais prévisible.
En effet, cette conférence de presse particulière, tenue à l’Elysée le 17 février 2022 , fut l’occasion pour le président français de faire montre de sa considération condescendante à l’égard des chefs d’Etats Sénégalais et Ghanéen qu’il a lui-même conviés pour la circonstance. À l’entame déjà de cette conférence de presse, on pouvait aisément anticiper le blâme systématique de la Transition malienne et les esquives du bilan catastrophique de l’intervention militaire français au Mali. Cependant, comme il est de coutume avec lui, Macron dans un ton de mépris, a fait de nombreuses déclarations aussi choquantes qu’effarantes dont on retiendra en substance : « la France ne peut pas se substituer au rôle que doit jouer avec responsabilité les Etats sahéliens en proie au terrorisme», « l’Afrique doit s’approprier sa propre sécurisation» , « l’intervention militaire de Wagner au Mali a une finalité prédatrice » , « la junte au Mali a l’ambition de s’éterniser au pouvoir». Ces propos discourtois et offusquant n’ont jamais fait l’objet d’une réplique convenable de la part de Macky Sall et de Nana Akufo-Addo, qui étaient visiblement programmés à ne pas contrarier la fuite en avant digressive du président français.
En vérité, il paraitrait ubuesque de s’attendre de la part de Macron à l’étalage du redéploiement stratégique des forces Barkhane et Takuba dans la région sahélienne tout en leur faisant passer pour de parfaites victimes au lieu de consentir à un minimum de modestie en admettant un mea culpa susceptible d’estomper l’ardente tension diplomatique qui entrave les relations Mali-France.
Ousmane Tiemoko Diakité
Retrait de l’opération Barkhane et de Takuba du Mali :
Ce pense le président du cadre pour une transition réussie, Dr Modibo Soumaré
« En fait concernant cette situation, je pense que c’est un pari plutôt perdant pour le Mali parce que nous ne savons rien de ce que le pays ou en tout cas les organes de la transition préparent aujourd’hui pour combler ce vide. C’est à la limite un saut dans l’inconnu avec quand même les indicateurs qui fragilisent aujourd’hui nos pauvres populations qui se trouvent dans les zones qui étaient sécurisées par les forces Barkhane et Takuba , donc il est important aujourd’hui déjà de regretter cette décision mais aussi de dire que, quand on regarde bien les choses ça arrive à un moment ou quand même il y’a une sorte d’escalade dans la surenchère entre le Mali et ses partenaires. Donc le Mali aurait dû tout faire pour éviter que cela arrive dans un tel climat qui rend difficile la mission du gouvernement actuel, des pouvoirs actuels et même ceux des prochaines années. Donc il est important aujourd’hui qu’on résolve les questions qui fâchent avec la CEDEAO, lever les sanctions, trouver le consensus pour avancer et pouvoir normaliser nos rapports avec nos partenaires. J’ose espérer que ce n’est pas un départ définitif et qu’on pourra créer de la place pour négocier discuter et se respecter les uns et les autres, surtout reconnaître les efforts fait par nos partenaires pour qu’ils se sentent au moins à l’aise dans notre pays et qu’ils nous aident à régler cette question des narco terroristes. Voilà la première réaction que je peux avoir sur ce sujet. »
Source: Le Témoin