Le droit de grève est un droit reconnu, inaliénable au Mali. Le droit à l’éducation n’en est pas moins un. Mais ces dernières années le premier a étouffé le second au point que mort pourrait s’en suivre. De millions de parents inquiets par le sort des enfants vadrouillant dans la rue, abandonnés à eux-mêmes, craignent que l’avenir de cette génération ne soit perdu à tout jamais. Et pour qui connait la place de l’éducation dans la difficile construction d’un pays, on comprend aisément que le Mali ne peut pas indéfiniment se permettre le luxe de fermer les yeux sur ce génocide intellectuel rampant mais certain. Durant ces années de grèves ininterrompues, le Mali a perdu beaucoup d’argent, mais aussi beaucoup de la crédibilité de son système éducatif. Il n’est pas aisé de blâmer nos amis les enseignants, mais ils ont incontestablement trop tiré sur la corde au point de la casser et avec elle l’avenir de tout un pays.
Le Gouvernement aussi commençait à se faire blâmer dans l’opinion des maliens face au manque de solutions alternatives pour que les enfants gardent école. Car le droit des uns, ne doit point être la négation de celui des autres. C’est pourquoi cette décision du Docteur Boubou Cissé apparait pour l’écrasante majorité de nos concitoyens comme une initiative responsable et bien mesurée, dans la mesure où elle permet aux enfants de retrouver le chemin des classes tout en gardant langue et en continuant les négociations avec les syndicats d’enseignants.
En bon Peulh, le PM a retenu la leçon des éleveurs qui consiste à faire que l’équilibre de la vie à la ferme ne se casse : Ni que le pot-au-lait soit vide, ni que le veau ne manque de tétée, chacun dans son droit. En annonçant donc le recrutement dans un contrat à durée limité de quinze milles enseignants, le Gouvernement apporte le soulagement sans violer ses engagements, permettant ainsi de remettre la balle dans le camp des syndicats.
En tout cas cette annonce représente un brin d’espoir pour des milliers de diplômés des IFM, qui voit en elle une opportunité d’emploi et la possibilité d’émarger, un certain temps pour un salaire bien mérité. Faudra-t-il préciser que le salaire des enseignants grévistes sera coupé, conformément aux textes en vigueur et, la manne financière que cela représente servira en grande partie à payer celui des volontaires qui les remplacent en classe. Cette fermeté responsable et salutaire du Premier Ministre est attendue partout où besoin sera, pour restaurer l’autorité de l’Etat et faire avancer le pays.
La Rédaction
La Lettre du Mali