Des membres de l’alliance RPM-CODEM-URD, dans la circonscription électorale de Sikasso, rejettent les premiers résultats des législatives et annoncent saisir la Cour constitutionnelle. Motif : la fraude par le bourrage des urnes.
Au lendemain du 2e tour des législatives, des partis politiques recalés à la porte de l’Assemblée nationale haussent le ton, tout en dénonçant la fraude massive lors de ce scrutin. Dans le cercle de Sikasso, l’alliance RPM-CODEM-URD est très révoltée de la manière dont ses adversaires ont remporté le processus. En effet, elle estime que des pratiques anti-démocratiques ont une fois de plus marquée ce scrutin.
« Dans la conscience collective des populations de Sikasso, jamais une élection n’a été autant émaillée de fraude de 1992 à nos jours. Ce scénario tristement célèbre qui était érigé en règle sous le règne de Alpha Oumar Konaré a refait surface dans certaines circonscriptions électorales considérées comme des bastions de certains candidats de la liste Adema lors du scrutin du dimanche dernier », nous a confié un membre du bureau politique national de la CODEM. Une déclaration partagée également par de nombreux habitants de Sikasso joints par nos soins qui affirment être déçus de ce qui s’est passé le dimanche dernier dans leur commune. Pour eux, cette situation atteste que notre pays n’est pas prêt à faire de la démocratie où le respect des suffrages est sacré.
Pour nos sources, les communes qui ont été les plus affectées et touchées par ces fraudes sont en occurrence à Lobougoula, Niena, Kourouma et dans la commune urbaine de Sikasso. « Dans ces localités, ce sont des fantômes qui ont voté parce que les urnes ont été bourrées avec le vote des électeurs fictifs », indique le responsable politique de la CODEM très remonté. Plus en détail, il ajoute que la stratégie la liste Adema, ASMA, ADP-Maliba a été de choisir les délégués et assesseurs parmi les dissidents du RPM et de l’URD. Les plus fidèles ont été menacés avec leur famille dans plusieurs localités afin qu’ils ferment les yeux sur les fraudes, le bourrage d’urnes, précise-t-il.
De même, certaines communes ont été mises sous pression, accuse-t-il en les obligeant à voter pour leur liste au risque de suspendre de tous les projets de développement de la mairie dans leur localité. Du chantage ! Outre ces faits dignes d’un autre système, il y a de forts soupçons de fabrication des bulletins de vote dans un pays voisin. Sinon, il serait difficile de comprendre comment on peut avoir dans un bureau un nombre de votants largement supérieur au nombre d’électeurs qui a émargé sur la liste.
« Les témoins font état d’un même individu joignant plusieurs bulletins avant de le mettre dans les urnes. Pour équilibrer les choses afin de ne pas laisser apparaitre le flagrant délit, certains présidents de bureau ont procédé à des éliminations de certains bulletins, en particulier ceux du RPM et ses alliés », affirment des sources à Sikasso.
Dans certaines communes, un électeur était habilité à voter plusieurs fois. Certains ont voté au moins 5 fois. Dans les localités de Dadoumabougou, Coulibalybougou, Dognène, les présidents des bureaux de vote ont été contraints de retirer des bulletins pour maintenir l’équilibre. Par ailleurs, dans la commune de Kaboïla, c’est l’achat des consciences qui était à la mode. Ici, l’argent a régné en maître absolu.
Cette situation qui est loin d’être anodine interpelle l’opinion nationale et les sages de la cour constitutionnelle. D’où viennent ces bulletins ? Qui a ordonné leur confection ? Que rôle la mairie de Sikasso a joué ? Telles sont les questions que l’État doit répondre, car Sikasso refuse de se laisser spolier son choix.
Par Sikou BAH
Source: info-matin