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Résistance coloniale : Le trésor de Samory

Après l’exploit du capitaine Gouraud, venu à bout de Samori le 29 septembre 1898, à Guélémou, il y a eu un inventaire, en bonne et due forme, des hommes et des biens sur place. Samori, pour le moment, pouvait être considéré comme un homme politique d’une grande fortune. On peut parler d’un véritable trésor, un butin de guerre qui a alimenté les caisses de la puissance coloniale. Mais, il y avait aussi les objets personnels, de véritables objets d’art encore exposés dans les musées français.

Nous nous reportons au journal de marche du capitaine Gouraud. Ce survol renseigne sur les efforts entrepris par Samori pour s’équiper militairement. Les vainqueurs ont dénombré 1.800 sofas et cinquante mille individus. Ils ont reporté méthodiquement que Samori disposait de quatre fusils avec le matricule 1886, deux baïonnettes, soixante fusils de 1874, des fusils connus sous le nom de Kropatschek, quinze fusils Winchester, un fusil Lec Mitford environ cinq cents fusils à tir rapide de provenances diverses, environ 1.000 fusils à pierre, deux caisses de cartouches 1886 et trois caisses de cartouches 1874, quatre-vingt-cinq caisses de cartouches pour différents modèles de fusils, la plupart sorties de la manufacture de Spandu.
Il y avait vingt barils de poudre, des milliers de capsules, soixante chevaux, deux mulets, cent vingt bœufs. Il y avait même un canon anglais.
L’ensemble du trésor a été évalué à 2.130.000 francs environ. Mais, il ne s’agissait que ce qui a pu être estimé rapidement sur-le-champ. Le lieutenant Jacquin et le sergent Bratières qui ont convoyé Samori à Kayes avaient avec eux exactement douze caisses. Le contenu de ces caisses a été inventorié à Kayes par le capitaine Gouraud, assisté de l’adjudant Brail.
Le sous-officier a failli perdre connaissance au vu des richesses dignes de Zadig. « Mon capitaine, je n’ai jamais vu tant d’or », dit-il à son supérieur. « Croyez-vous qu’on nous en laissera un peu », interroge-t-il ? Le capitaine Gouraud est aussi sous le coup de l’étonnement. « Moi non plus, dis-je, je n’en ai pas vu plus que vous », répond-il à son compagnon. Il va jusqu’à penser qu’ils pourraient être rétribués sur la prise de guerre. Gouraud interroge ses supérieurs qui ne tardent pas à lui dire qu’il y a bien un règlement sur les prises de guerre, mais ce règlement ne s’appliquait pas aux troupes engagées au Soudan. Une grande déconvenue, donc. L’or est allé au Trésor de la France.
Les objets personnels ont été remis au Musée de l’armée. Il s’agit des objets personnels de Samori : une selle, un sabre, le bonnet de guerre de Samori, un de ses fusils Kropatscheck petit modèle avec des garnitures d’argent, fusil fabriqué par les forgerons de l’empereur, les colliers de ses fils Sarankégny Mory et d’Ahmadou, des bagues bizarres, un porte-allumettes et surtout le boubou de guerre de Sarankégny Mory, une pièce riche.
Gouraud pense qu’il peut faire des largesses au général de Trentinian. Il lui destine la hache de guerre, le chasse-mouches formé d’une queue d’éléphant engainée d’argent.
Il y ajoute le sabre de Sarankégny Mory, au moment de sa reddition. Gouraud, garde par devers lui, la petite chaise personnelle de Samori au moment de sa capture.
Gouraud sera célébré. Le 25 janvier, il est décoré de la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur.
Il s’agit de la distinction la plus convoitée par les militaires. La hiérarchie a le soin de le décorer en même temps que ses compagnons d’armes comme Gaden, Boyé, Jacquin, Georges Mangin, Bratières.
C’est après l’inventaire et la dévolution de ses biens que Samori a été condamné à l’exil au Gabon.
Et là aussi, l’histoire nous interroge toujours, car si Samori est mort de pneumonie, on n’a plus entendu parler de son fils Sarankégny Mori, ni de son griot et confident Morifindian Diabaté.
En ces moments, où il est question de restitution du patrimoine culturel africain pillé, il convient d’en faire cas.
La France, dans un élan sublime d’altruisme, n’a-t-elle pas remis au Sénégal, un présumé sabre de Al Haj Omar Tall ? Les objets de Samori font partie de notre patrimoine culturel. Nous devons réclamer leur restitution.

Source: Journal L’Essor-Mali

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