Après une longue période d’arrêt du trafic ferroviaire, une lueur d’espoir brille à nouveau entre Kayes et Bamako. Le dimanche 23 juillet 2023, le président de la transition, Colonel Assimi Koïta, a officiellement lancé la reprise du train, suscitant un sentiment d’optimisme parmi les riverains longtemps désespérés par l’absence du train et les difficultés d’accès aux localités situées le long de cette voie. Cependant, cet espoir suscite beaucoup de prudence en raison de la qualité des engins roulants acquis dans le cadre de la relance. L’espoir est bien réel mais, attention au forcing !
La reprise du trafic ferroviaire est sur le point de devenir une réalité après de nombreuses tentatives, bien que certains demeurent sceptiques au regard de la qualité des engins roulants. Il est vrai que les autorités actuelles en ont conscience. Des pièces de rechange acquises il y a quelques mois ont permis de remettre en état les locomotives CC2205 et CC2207. De plus, une équipe technique a longtemps travaillé sur la voie ferrée entre Bamako et Kayes pour remettre les rails en état. Même le récurrent problème du pont de Mahina, qui a longtemps constitué un obstacle, a été suffisamment révisé.
Toutes ces avancées sont porteuses d’espoir et démontrent surtout la volonté des autorités actuelles de relancer le trafic ferroviaire. Toutefois, il convient d’insister sur la vétusté des locomotives, malgré le travail d’hercule des mécaniciens de Korofina. La crainte réside dans l’évidence que les locomotives actuelles ne sont pas en mesure de maintenir un rythme normal de trafic. La cadence du trafic devrait faire fi des considérations politiques. Le rythme de fonctionnement doit être en adéquation avec l’état des locomotives. Cela permettra de maintenir les trains en service et le personnel ferroviaire en poste.
Mais il urge surtout de chercher de nouvelles locomotives avant que les deux aïeules encore en vie ne rangent définitivement les armes. Un appel d’offres pour l’acquisition de deux locomotives avait été lancé dans le cadre du plan de relance du chemin de fer suite aux recommandations émises par le diagnostic des infrastructures ferroviaires et du matériel roulant. Ce diagnostic reste plus que jamais d’actualité car, même en temps normal, deux locomotives ne suffisent pas pour assurer une exploitation durable et efficace du réseau ferroviaire malien.
Pour une réalité durable…
Comme quoi la reprise du trafic ferroviaire suscite certes de l’optimisme au sein de la population, mais un optimisme mesuré. Elle espère voir les autorités agir avec prévoyance et diligence pour en assurer la pérennité. La mise en place de locomotives adaptées et en bon état est cruciale pour garantir le bon fonctionnement du réseau ferroviaire et répondre aux besoins de la population en matière de transport. Seule une approche réfléchie et planifiée permettra de concrétiser cet espoir en une réalité durable pour le Mali en général et pour les riverains en particulier.
Drissa Togola
Le Challenger