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Représailles contre les paysans des villages des cercles de Bankass et de Tominian : des peulhs de Filabougou (Bankass) soupçonnés d’être de mèche avec des disciples du jihadiste Amadou Koufa

La cohabitation entre les cultivateurs et les bergers peulhs n’a jamais été facile. Ça ne date pas de notre siècle. En voici deux cohabitants qui ne peuvent pas aller l’un sans l’autre, mais qui ne peuvent  s’entendre une fois l’hivernage débuté. Ils se disputent l’espace. Avec l’avènement du jihadiste Amadou Koufa, la certitude se précise de plus en plus que le litige foncier se glisse vers un litige religieux. Des éleveurs peulhs sont soupçonnés d’héberger des disciples du prêcheur radical qui ne s’emprennent qu’à des paysans dans les cercles de Bankass et de Tominian, lesquels ont déserté leurs champs.

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Il faut prévenir un conflit communautaire dans les cercles de Tominian et de Bankass pendant qu’il est encore temps. Un conflit qui prend ses racines profondes dans la corruption de la justice. Les cultivateurs ne font plus confiance au juge. Car, à chaque fois qu’un berger peulh est pris la main dans le sac après avoir dévasté des champs et conduit devant un juge, il est mis en prison, mais libéré aussitôt après le départ des plaignants qui perdent tout, mais pas le juge. Pour éviter de tout perdre, les paysans font recours de plus en plus à leur mode traditionnel de règlement des conflits. Ceci n’étant pas du goût des éleveurs, ceux-ci se font venger par procuration. Ce n’est plus un secret et cela a été rapporté à qui de droit. En ce moment, les chefs d’une vingtaine de villages et leurs conseilleurs de l’arrondissement  de Timissa, Commune rurale de Tassilima notamment : Diamakan, Kéréré, Soudoh, Téounlé dans le cercle de Tominian et de Tiébana, Tiegounko, Samankoh, Beidjatoun, Tanga, Kassaro, Tina et Logoré dans le cercle de Bankass se sont réfugiés à Bamako ou à Sikasso pour échapper aux jihadistes guidés par certains peulhs. Car, tous ces villages énumérés sont peuplés de cultivateurs dogons, bobos, bambara, pas de peulhs, en tout cas en majorité. Le conflit qui oppose les uns aux autres depuis la nuit des temps autour de la terre se mue en conflit religieux.

Il a pris de l’envergure au début de juin dernier à l’entame du mois de carême quand l’imam de Sokoura et autres notabilités peulhs dans la région de Mopti ont commencé à offrir l’hospitalité à des motocyclistes enturbannés, portant des armes de guerre. En début d’hivernage, ils se sont présentés un jour au marché de Diamakan vers 17H, pour piller les boutiques et brûler les hangars. Vers le crépuscule, ils encerclent Tassilima et se rendent au domicile du chef de village pour lui remettre une lettre écrite en arabe destinée à l’imam dans laquelle ils revendiquent leur appartenance à la mouvance du fondateur de front de libération du Macina, Amadou Koufa. Les visiteurs ont proféré des menaces de mort et défié les FAMA et les forces de sécurité, incapables selon eux de leur tenir tête. Ils se replient ensuite dans les collines. Au quinzième jour du mois de carême, rapportent les villageois paysans, le lot des jihadistes a grossi. La Brigade territoriale de gendarmerie de Tominian, alertée a dépêché sur les lieux neuf gendarmes, épaulés par deux pisteurs chasseurs, Siaka Sanogo et Drissa Konaté. Les jihadistes sont traqués et délogés de leur antre. Au cours des affrontements (les seuls), un jihadiste est blessé, deux motos récupérées, des armes et des munitions saisies. Malheureusement, les gendarmes au lieu de camper ont replié le même jour, abandonnant les paysans à leur sort. Le jihadiste blessé a été filé discrètement par les chasseurs jusqu’à Flabougou, un hameau peulh où il a trouvé refuge.

Les jihadistes ont des partisans parmi les peulhs

Cette information a été portée à la connaissance des gendarmes qui ont demandé aux paysans de faire ce qu’eux-mêmes ne peuvent pas faire, c’est-à-dire de capturer vivant les jihadistes pour les conduire à eux. Au vingt et sixième jour du mois de carême, ils sont venus en grand nombre de trois groupes sur des motos pour s’attaquer à Diakaridia Sanogo, le chef de village de Tassilima. Ils le somment de leur dénoncer les chasseurs qui avaient guidé les gendarmes. Les visiteurs bien renseignés détenaient une liste avec les noms de leurs cibles. Suite au refus de collaborer de celui-ci, ils se rendent à la mosquée où se trouvaient le muezzin et le gardien. Tirant des coups de feu en l’air, ils prirent le micro pour proférer des menaces en l’endroit des populations, prévenant de tuer tout le monde, en commençant par  Tianou Dembélé et les deux pisteurs, Siaka Sanogo et Drissa Konaté. Pendant deux heures, aucun fidèle n’est sorti.

Avant de se retirer, les jihadistes ont menacé de repasser pour tuer tout le monde dans le village si les gendarmes étaient avertis de leur passage. Vers 3H du matin, ils se dirigent vers Kéréré. Dans la nuit du vingt et neuvième jour de carême, ils rendent visite à l’un des conseillers du chef de village, Emile Karaba et le tuèrent de sang froid à son domicile. Le commandant de cercle et le maire, invités à la cérémonie de funérailles n’ont pas daigné se présenter. A la veille du ramadan, un détachement des FAMA a séjourné deux jours dans la zone sans résultat, les jihadistes se confondant aux populations peulhs. Après le départ des soldats, les bandits guidés par leurs hôtes sortent de leur cachette pour s’attaquer au village de Soudoh. Oumar Traoré, jeune frère du chef de village, surpris en train de regarder la télé vers 23H, en compagnie de ses proches est fusillé à bout portant ainsi que deux de ses enfants et son grand-frère Lassana, abattu dans son lit. Deux enfants d’Oumar notamment sa fille de 19 ans et son garçon de 12 ans ont été blessés par balles. Au moment de l’évacuation des blessés au centre de santé, les villageois ont rencontré un détachement des FAMA qui se rendait au village. Une fois de plus, le maire de la commune  informé a brillé par son absence aux obsèques des morts. L’année prochaine, il faudra s’attendre à une famine dans les cercles de Tominian et de Bankass car, tous les bras valides ou presque ont déserté les champs de peur d’être abattus au champ.

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