Les assises nationales pour la refondation de l’Etat, ont été reportées à une date ultérieure. Que va faire le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, pendant ce temps ?
Si le report des dates pour la tenue des assises nationales pour la refondation de l’Etat constitue une grande surprise, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que les Maliens doivent se rassembler autour de l’essentiel qu’est la sauvegarde de la patrie. L’annonce de la tenue de ces assises nationales pour la refondation de l’Etat, par l’actuel chef du gouvernement, avait suscité beaucoup de commentaires et les divergences de vue ont fini par créer le doute sur l’opportunité d’une telle approche pour redresser le Mali.
Pour certains observateurs, une telle démarche doit être inclusive et recueillir le maximum d’adhésion ; Car disent-ils, il s’agit de l’avenir de tout d’un pays qu’il faut discuter. On ne saurait, à ce titre, se permettre de ne pas tenir compte de l’avis et des observations faites par ceux et celles qui n’ont pas embarqué dans le même bateau que les initiateurs de la démarche. Or, tout laisse croire que c’est ce que fait et continue de faire le chef d’orchestre qu’est le premier Ministre qui s’arroge la paternité des assises nationales pour la refondation de l’Etat.
D’un autre côté également, il y a ceux et celles qui trouvent l’idée bonne mais jugent le temps trop court pour parachever telle œuvre. Référence faite au temps impartit pour la transition. Bref ! Les Maliens sont divisés sur la tenue des assises nationales pour la refondation de l’Etat.
L’annonce faite sur leur report permet d’espérer que ce temps sera mis à profit pour corriger le tir. Si une telle démarche est jugée salutaire par une frange partie de la population malienne, il y a ceux et celles qui pensent que le Mali dispose suffisamment de données lui permettant aujourd’hui d’amorcer son vrai changement dans le sens de mettre fin à la crise générale qui secoue le pays depuis plusieurs années et dont les conséquences sont dramatiques sur la vie de la population.
Des assises nationales ont été organisées dans ce sens. Alors pourquoi encore rassembler les Maliens pour discuter sur ce qui a été déjà discuté ? C’est la question posée par les Maliens qui sont restés sceptiques quant à la « démarche Choguel ».
Le report annoncé des assises nationales pour la refondation de l’Etat, est-il un échec de la méthode Choguel décriée par une grande partie de la population malienne qui estime qu’elle n’est pas assez inclusive pour permettre aux Maliens de fédérer leur énergie et de parler d’une seule voie ; ce qui ferait leur force face au mal qui ronge la société malienne.
La question que l’on peut toutefois se poser est celle de savoir que va faire le colonel Assimi Goita, le président de la transition, pendant ce report. Va-t-il continuer à faire confiance en son premier Ministre, Choguel Kokalla Maiga et lui laisser l’entière responsabilité dans l’organisation des assises nationales pour la refondation de l’Etat en sachant qu’il est déjà considéré comme un paria par une partie de la classe politique qui lui en veut à mort non seulement pour sa politique d’exclusion depuis qu’il a été nommé à la tête de l’exécutif mais aussi pour ses propos désobligeants tenus récemment et qui ont valu une levée de boucliers des acteurs du mouvement démocratique du 26 mars 1991 ?
Choguel ne fait plus l’unanimité au sein de sa propre famille politique (le M5 RFP) et cela pose un problème de légitimité que devra résoudre Assimi Goïta s’il veut continuer avec l’homme. Car, Choguel a été élu premier Ministre par la grâce du M5 RFP, considéré comme un acteur dans le changement opéré le 18 Août 2020 qui a permis aux militaires d’être aujourd’hui au pouvoir.
Si cet homme ne fait plus l’unanimité au sein de son groupement, sur quelle base devrait-il être maintenu à son poste actuel ?
La tendance est favorable à un changement d’homme à la tête de l’exécutif pour apaiser la tension autour de la transition. Il faut un premier Ministre « moins clivant » qui saura rassembler les Maliens et afin permettre de mener les réformes envisagées pour une sortie de crise. Mais, seul Assimi Goïta a la clé du problème. C’est lui et ses conseillers qui devront trouver les voies et moyens pour éviter au pays de sombrer une énième fois.
El hadj Tiémoko Traoré
Source : Le Pouce