Le Mali est à sa troisième transition (1991, 2012 et 2020). La première transition a duré seize (16) petits mois, la deuxième dirigée par le professeur Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale du Mali, président de l’ADEMA-PASJ, a duré seize (16) mois. La troisième transition débutée en 2020 et dirigée par le colonel Assimi Goïta avait une durée de dix-huit (18) mois puis vingt-quatre (24) mois ensuite trois (03) ans et maintenant on ne sait plus. Le report de l’élection présidentielle de février 2024 montre que la fin de la transition n’est pas pour maintenant. Or toute chose a une fin. Les hommes passent, les peuples demeurent.
Avec deux milliards de francs CFA, la première transition (1991) a organisé des élections transparentes et crédibles sur toute l’étendue du territoire national. Et le taux de participation était de 26%.
En 2013, le coût des élections présidentielles et législatives était très élevé. Le taux de participation plus de 60%. Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été élu avec 78% des suffrages exprimés.
Tenir des élections n’est pas souvent une preuve de démocratie. Et le pouvoir aussi n’est rien d’autre que de prendre en compte ce qui a été convenu ensemble avec le peuple. La demande sociale du peuple qui est le changement tarde à venir. Les mêmes politiques décriées hier reviennent au galop.
«L’État n’existe pas ou plus, les abus de pouvoir font légion». Entend-t-on dire dans les rues de Bamako. Les tenants du pouvoir exagèrent dans les faits. «On dépouille l’État de ses biens pour se faire fortune». Dès lors qu’une personne possède un lopin de pourvoir, il en abuse. L’État ne fait rien pour sévir. Une attitude qu’on voit dans les États faillis. Des enquêtes menées auprès de plusieurs sources montrent que les commanditaires de ces comportements graves sont pour la plupart des personnalités de plein pouvoir.
Les récents évènements qui secouent la République en sont de parfaites illustrations d’actes crapuleux émanant de certains grands commis de l’État. Des actes posés par certains fonctionnaires de l’État font légion, expropriation et spéculation foncière: zone aéroportuaire, Samaya Cité des cheminots, «garbale» de Niamana, la devanture de la direction de la médecine traditionnelle en commune II, des Titres fonciers (TF) sont aujourd’hui l’objet de rétrogradation ou d’annulation. Face à de tels comportements, l’État au lieu de sanctionner les cadres impliqués dans des malversations foncières, fait fi de ce qui se passe. Ainsi s’installe, une bourgeoisie de pouvoir, d’argent tout en maintenant un discours libéral destiné à justifier les inégalités dont elle profite, forme une corporation des riches, devient une classe. On voit alors la société se scinder.
D’un côté, la bourgeoisie dominante et héréditaire qui assure à ses enfants les meilleures places. De l’autre, la misère silencieuse, l’extrême pauvreté, maladie première des Maliens et les couches populaires joueront le rôle de perdants. Le fils du riche et le fils du pauvre à égalité sur la ligne de départ. La seule éducation suffit à fausser le jeu.
Lorsque s’y ajoute la transmission de la fortune, tout le système se trouve dénaturé parce que les gagnants sont connus d’avance. Dès lors le camp des vainqueurs, au lieu de se renouveler constamment comme chez les champions de sport, se transforme en classe héréditaire enrichissant sa fortune de privilège. Voilà un peu dépeint la situation de changement des militaires au pouvoir.
Safounè KOUMBA
L’Inter de Bamako