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[Repères] Forces et groupes armés au Mali: qui est qui?

Par Arnaud Jouve Alors que les attentats terroristes islamistes se multiplient à travers le monde, des mois après l’attaque de l’hôtel Radisson Blue de Bamako, et après les accords de paix d’Alger, des années après le début d’une guerre qui s’est enkystée dans le paysage du nord du Mali, les autorités tentent toujours de reprendre le contrôle du territoire. Le pays reste divisé, sous le contrôle de forces armées ou de petits groupes autonomes qui s’affrontent ou pactisent. Un échiquier dangereux et fragile, en constante mutation, qui menace toujours la réconciliation nationale et un véritable retour à la paix.

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Pour comprendre quelles sont les forces en présence, il faut s’interroger sur l’histoire de chacune de ces composantes et sur ce que chacune nous dit de la crise qui déchire le Mali. Hors, même si la situation actuelle est directement liée à la dernière guerre qui a embrasé le Nord en 2012 et à son évolution, les causes plus profondes sont à chercher dans l’histoire et les erreurs du passé qui ont permis la division entre les Maliens du fait, entre autres, du racisme, de la corruption, de l’affairisme, de l’impunité et des promesses non tenues comme ce fut le cas par exemple avec l’accord de Tamanrasset en 1991, le Pacte national en 1992 ou l’Accord d’Alger de 2006.

Entre guerre et paix

Pour mémoire, la guerre actuelle est née des suites d’une rébellion touarègue, qui a mis en déroute l’armée malienne, mais qui s’est faite, elle-même, dominer par des groupes jihadistes, liés à al-Qaïda, qui se sont emparés du nord du Mali en mars-avril 2012.

En janvier 2013, pour arrêter la progression des jihadistes vers le Sud, la France, à la demande du président du Mali, intervient militairement dans le cadre d’une opération internationale et se lance dans la reconquête du territoire, chassant de nombreux groupes armés du Nord. Les grandes opérations militaires internationales vont ensuite laisser la place aux casques bleus et à l’armée malienne, et aux forces spéciales, notamment françaises pour sécuriser le pays.

Dans le cadre du processus d’Alger, un accord de paix a été conclu entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du Mali le 15 mai et le 20 juin derniers. Mais cet accord ne met pas un terme à la crise malienne. Les islamistes extrémistes, censés être définitivement isolés par cet accord, se sont redéployés et contrôlent des zones entières qui échappent toujours aux forces maliennes et étrangères. Depuis 2015, leurs actions se sont même étendues au centre et au sud du pays. Pour encourager le processus de paix, la communauté internationale accompagne le Mali et multiplie les initiatives à travers des actions de la Minusma pour mettre en place des accords qui peinent encore à être appliqués. Dans cette perspective, une nouvelle initiative devrait rassembler à Kidal du 27 au 30 mars prochain un forum « pour la réconciliation » qui devrait réunir les ex-rivaux que sont les représentants de la plate-forme et du CMA, à savoir la coalition des mouvements armés soutenant le gouvernement et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ex-rébellion à dominante touarègue.

Le contrôle du Sahara

En janvier 2013, pour arrêter la progression des combattants islamistes vers Mopti, dernier verrou avant la capitale, Bamako, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, demande une aide immédiate à la France, qui décide d’intervenir le 11 janvier 2013 avec l’opération Serval. De l’aide logistique venant de plusieurs nations arrive au fil des jours pour appuyer cette mission : c’est la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma). Le 25 avril 2013, la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies crée la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui prend le relais de la Misma à partir du 1er juillet 2013. La mission de la Minusma, qui dispose de 10 000 casques bleus, est de soutenir la mise en œuvre de l’accord de paix signé le 20 juin, à la fois sur le plan politique et sécuritaire. Du côté de l’armée française, Serval laisse la place à l’opération Barkhane, un dispositif de 3 000 hommes, composé en grande partie de forces spéciales, dont le commandement est basées à Ndjamena, au Tchad, et qui est chargé de continuer le combat contre les cellules jihadistes sur un ensemble territorial qui rassemble plusieurs Etats sahélo-sahariens.

Dans le cadre de la lutte contre les divers groupes islamistes, des pays de la région (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) décident d’unir leurs efforts et créent en 2016 le G5 Sahel (la prochaine réunion annuelle du G5 Sahel est prévue à Bamako en janvier 2017). Début mars 2016, les membres du G5 Sahel ont décidé d’installer en Mauritanie un « Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce (CSAMAP) » et de créer une école de guerre qui devrait s’appeler le « Collège de défense du G5 Sahel ».

L’armée et les milices

Les forces armées du Mali (Fama) comptent, depuis janvier 2015, entre 8 000 et 8 200 soldats. Une formation de l’Union européenne lancée en 2013 a permis de renforcer les capacités militaires de cinq bataillons et deux autres devraient l’être dans les mois à venir. Mais les Fama, principalement positionnées le long de la boucle du fleuve Niger, sont encore peu nombreuses sur les points chauds du Nord comme Kidal, Aguelhok ou la région de Taoudéni, seul un petit groupe est déployé sur Tessalit aux côtés des forces françaises.

Sur le terrain, à plusieurs époques, des milices d’autodéfense se sont créées et ont, dans certains cas, appuyé l’action militaire. On se souvient du Mouvement Patriotique Ganda Koi (MPGK) dirigé par Djibril Diallo, une milice songhaï de Gao, née lors de la rébellion touarègue de 1990-1996, par d’anciens soldats de l’armée malienne. Leur objectif : libérer le nord du Mali des mains d’AQMI, du MUJAO, d’Ansar Dine mais aussi du MNLA qu’ils considèrent comme des islamistes. Ils ne reconnaissent pas la réconciliation de 1992 mais restent fidèles au pouvoir de Bamako. En 2013, un rapport des Nations unies estime qu’ils sont 1842 combattants. Autre milice Songhaï et Peule créée en 2012 près de Sévaré estimée à 1500 volontaires à sa création, c’est le Mouvement National de libération du Nord Mali plus connu sous le nom de Ganda IZO. Son chef Ibrahim Dicko, déclare : « Notre problème c’était le MNLA qui voulait créer un État dans lequel on ne se reconnaissait pas. Les islamistes, en revanche, ce sont des musulmans, comme nous ». Le 21 juillet 2012, Ganda Koy, Ganda Izo et les Forces de libération du Nord (FLN) qui poursuivent les mêmes objectifs avec un groupe de 700 hommes se regroupent au sein de la Coordination des Mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR).

Le 14 août 2014, après la défaite de l’armée malienne à Kidal, les combattants loyalistes de la tribu des Imghad (tribus touareg rivale des Ifoghas) annoncent la création du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia). Cette milice loyaliste, de 800 à 1000 hommes, dirigée par le général El Hadj Ag Gamou qui affirme disposer d’une base entre Gao et Kidal, est un mouvement opposé à l’indépendance ou à l’autonomie du nord du Mali. Le jour de l’officialisation de la création du mouvement, son secrétaire-général, Fahad Ag Almahmoud, déclare :« Nous venons de créer le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) pour défendre les intérêts de notre communauté dans le nord du Mali, notamment contre le MNLA. Nous sommes pour le processus de paix, nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali, et nous ne réclamons pas d’autonomie. Nous voulons travailler avec le gouvernement malien pour amener la stabilité du pays. »

En janvier 2015, la Minusma constate que plusieurs miliciens du groupe, blessés au cours des combats de Tabankort et soignés à Gao, étaient des militaires de l’armée régulière malienne qui avaient suivi une formation de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali à Koulikoro. Officiellement, le gouvernement malien nie être l’origine de la création du Gatia.

Alliée au GATIA, il y également la branche loyaliste du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA loyaliste) qui est un mouvement politique et militaire arabe, regroupant 500 combattants. Créé pendant la rébellion touarègue de 2012, il s’est d’abord appelé le Front de libération nationale de l’Azawad (FLNA) avant d’être rebaptisé vers la fin 2012 le MAA. En 2014, le mouvement est divisé en deux tendances : l’une alliée aux rebelles du MNLA et du HCUA, et une autre, appelée le MAA loyaliste, fidèle à l’Etat malien. Selon Mohamed Lamine Sidad, secrétaire général du FLNA, le mouvement est opposé à l’indépendance de Azawad et à l’instauration de la charia, il réclame « le retour à la paix et à l’activité économique ». Le MAA se revendique non-terroriste et ayant pour principal objectif de défendre l’intérêt des populations arabes du nord Mali. Il se dit prêt à « collaborer avec la France contre le terrorisme, le narco-trafic ainsi que le crime organisé. » Pendant les pourparlers d’Alger entre les gouvernement malien et les groupes armés rebelles du nord du Mali, une branche du MAA se sépare finalement du mouvement et le 30 août 2014, annonce la création du Mouvement populaire pour le salut de l’Azawad (MPSA). Le MPSA de Boubacar Sedigh Ould Taleb son Secrétaire général, se présente comme un mouvement à caractère national politiquement, et non comme un groupe armé tribal. Il affirme reconnaître le drapeau malien, ne pas être un groupe indépendantiste et ne pas souhaiter la partition du Mali, mais réclame l’autodétermination de l’Azawad.

Source: RFI

 

 

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