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Renversement du régime IBK : Les leçons à tirer après un an !

Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a été renversé par un coup d’État militaire, le 18 août 2020, suite à des manifestations populaires du M5-RFP. Après un an de gestion du pays par des militaires, les leçons à tirer sont énormes non seulement pour les politiques qui refusent de faire des concessions entre eux autour de l’essentiel, mais aussi pour les militaires qui prennent goût du pouvoir.

Il y a juste un an que le vent du mouvement du 5 juin rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a emporté le président IBK avec l’implication des colonels du CNPS. Après des mois des manifestations, l’imam Mahmoud Dicko et ses alliés politiques ont chassé IBK qui était accusé d’incapacité de résoudre les multiples problèmes auxquels sont confrontées les populations du Mali. L’insécurité, la crise scolaire, la cherté de la vie, la corruption et l’impunité…sont, entre autres, les maux reprochés au régime « incompétent » du président IBK.

Les attentes après la chute du régime IBK

La chute du régime IBK a donné de l’espoir à pas mal de Maliens. Le Mali Koura, un Mali nouveau et avec de nouveaux types de Maliens, c’est ce qu’attendaient le plus grand nombre de citoyens. La sécurisation des personnes et leurs biens, la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière par la traduction de tous les délinquants financiers devant les juridictions, l’instauration de la justice sociale, les nécessaires réformes politiques et institutionnelles …bref, la refondation même de l’État du Mali qui était attendue et réclamée par des millions de Maliens.

Des espoirs brisés

Le coup d’État contre le régime IBK a été salué par la majorité des Maliens. Le premier discours des colonels du CNSP a convaincu plus d’un Malien. Ceux-là qui disent avoir parachevé le combat du peuple malien porté par le M5-RFP, ont déclaré tenir à la stabilité du Mali et non au pouvoir. Ils ont promis de mettre en place une transition civile. Ils ont également promis de travailler en toute inclusivité. Ce discours, en plus du M5-RFP qui l’allié du CNSP, a convaincu même des partis du régime IBK. Le désespoir des Maliens a commencé quand les militaires du CNSP ont commencé le dribble. Le M5-RFP qui était son allié a été écarté de la gestion du pays sous Bah N’DAW. Et de l’allié, les deux forces du changement étaient devenues des adversaires.

Le changement tarde à venir malgré la mise en place de la transition. La sécurité n’y est pas. L’insécurité continue d’ailleurs son bonhomme de chemin. Comme si on était sous IBK, les attaques terroristes contre les militaires et les populations civiles n’ont pas cessé. Face à l’absence et à l’incapacité de l’État de les protéger, beaucoup de localités, notamment au nord et au centre du Mali sont en train de signer des accords locaux qui mettent en cause la laïcité du Mali. Dans ces localités, les terroristes imposent leur diktat aux populations. Quant à la lutte contre la corruption et la délinquance financière promise, elle n’a pas beaucoup avancé. Justice n’a, jusqu’à présent, pas été faite pour les victimes des 10, 11 et 12 juillet 2020. La crise scolaire qui avait pris fin à un moment donné, a refait surface. Les réformes politiques et institutionnelles n’ont pas connu d’énormes avancés.

Cependant, il saluer les efforts des autorités de la transition pour certains acquis dont la réduction du train de vie de l’État, fin de la grève de l’UNTM, le paiement des arriérés des cheminots, le redémarrage des stages professionnels au niveau de l’APEJ, l’implantation des forages à châteaux dans des camps et zones en pénurie d’eau potable…. Aussi, faut-il ajouter, que si le premier ministre de la transition arrive à mettre en œuvre son plan d’action, il aura réussi son combat pour la refondation. De nos jours, la question des acquis de la transition est considérée par beaucoup comme un faux débat. Ce que réclament bon nombre de Maliens, notamment la classe politique, c’est le respect de la durée de la transition.

Des leçons à tirer après le coup d’État contre IBK

Il n’y aurait pas eu de coup d’État contre IBK, pardon parachèvent de la lutte du M5-RFP, si la classe politique malienne acceptait de faire des concessions entre elle. Au début, certainement mal conseillé par ses proches, IBK a négligé le M5-RFP. Ce qui était une erreur. Une autre grosse faute qu’IBK a commise, c’est de renvoyer le M5-RFP vers sa majorité présidentielle qui était, en fait, une coquille vide et qui n’était, il faut le dire, trop fidèle à lui. S’il avait, lui-même, pris les choses en main et accepter de discuter en personne, le contenu du mémorandum du M5 avec ses responsables, il aurait pu certainement sauver son fauteuil. L’ex majorité présidentielle, EPM, n’a pas fait de ces manifestations du M5, son problème. Si elle avait mis de côté les questions de personnes, et avait soutenu le président comme il le fallait, le régime aurait pu être sauvé. L’erreur du M5, c’est de refuser de faire des concessions après avoir su sa prochaine victoire contre IBK. Le résultat de cette posture, c’est sa trahison par les militaires. Aujourd’hui, même si le mouvement détient la primature, il pourra difficilement travailler librement pour un Mali nouveau, car il a la main liée.

Les colonels, quant à eux aussi, malgré le bon goût du pouvoir, conseilleront difficilement leurs autres collègues à faire un coup d’État. Ils ont su que chacun est bien dans son domaine. Ils sont sans expérience en matière de gouvernance et ont déjà prouvé qu’ils ne peuvent pas faire du Mali Koura une réalité. La preuve, l’insécurité qui était censée être combattue avec un militaire au pouvoir, s’intensifie au nord et au centre du pays. Les terroristes imposent leurs diktats sur les populations.

Enfin, bien qu’IBK n’était pas un bon dirigeant, avait échoué sur tous les plans, mais un Coup d’État n’était la solution. Malgré les difficultés, les politiques, entre eux, devaient accepter de faire des concessions et éviter toute prise de pouvoir par les militaires. Et ce qu’il faut craindre maintenant, c’est une prolongation de la transition. Si cela est fait, la communauté internationale qui a sanctionné le Mali après les deux coups d’État du colonel Assimi Goïta, risque de durcir sa position.

Boureima Guindo

Source: LE PAYS

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