«Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuse, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes» (Lénine).
Est-il besoin des rappeler à nos lecteurs que le mandat renouvelé de nos députés arrive à terme, le 30 juin courant. La question qui se posait, il y a si peu, n’est plus d’actualité. Il s’agissait de savoir si, pour la 2ème fois consécutive, IBK violera la loi et décider de proroger le mandat des députés de l’Assemblée Nationale du Mali.
Après une première prolongation du mandant des députés qui s’est achevé, le 31 décembre 2018, voila une deuxième prolongation décidée par Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Président de la République a, pour la 2ème fois, mis une croix sur l’article 64 de la constitution qui stipule: «Tout mandat impératif est nul». Certes, ce sont les hommes qui font et défont les lois!
Certes, le Président de la République est le premier magistrat de la République! En décidant pour la 2ème fois de remotiver le mandat des députés de la République, IBK peut s’appuyer sur l’argument selon lequel une élection législative s’avère impossible en ces moments cruciaux de la vie de notre pays.
Les affrontements intercommunautaires viennent s’ajouter à la chronique insécurité qui trouble de jour comme de nuit la quiétude de nos populations, toute chose rendant inopportunes les législatives constituant le seul créneau de légitimer qui doit couvrir nos honorables députés.
Le seul rescapé de l’Assassinat du Président du Faso Thomas Sankara, en la personne de Alouna Traoré, avait coutume de dire que les lois ne sont rien en elles-mêmes et que ce sont les circonstances qui font les lois! Est-ce cette vérité relative qui motive notre Président à faire fi de l’article 64 de notre Constitution? Tout compte fait, il convient de reconnaitre que l’Assemblée dont on prolonge le mandat pour la 2ème fois est vraiment budgétivore à un moment où, sous d’autres cieux, les députés doivent renoncer à leurs traitements financiers en vue de permettre au gouvernement de faire face aux priorités parmi les priorités nationales. Hélas!
Au Mali, on se bat pour les fortunes privées aux dépens des intérêts fondamentaux des masses laborieuses. La santé de la population est aujourd’hui un simple mot de passe pour les aveugles de vie politique nationale. Il n’est point besoin de dire que l’insécurité est aujourd’hui le lot quotidien des maliens. Aucun malien patriote n’approuve que Kidal soit de fait une République dans la République du Mali.
Les enseignants et leurs élèves venaient de passer cinq (05) bons mois dehors. La Première prolongation du mandat des députés aurait pu ne pas voir le jour au regard de l’ampleur et de la gravité de la crise financière qui frappe de plein fouet toute la société Malienne.
L’on dit souvent que commettre une faute n’est pas grave, mais y persister est tout simplement diabolique. Renouveler pour la seconde fois le mandant des mêmes députés est tout simplement diabolique. Mais c’est au nom de la «démocratie» que le Président de la République prétend agir. Il faut dire que cet argument brille par son inconsistance et son incapacité à convaincre tous ceux des Maliens qui veulent bien voir.
Lénine avait averti face aux déclarations pompeuses des hommes. Il disait: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes.»
En décident de prolonger pour la 2ème fois le mandant de nos députés, IBK met la constitution au service de quelques individus qui au lieu de servir notre Peuple au nom duquel ils s’expriment, servent leurs propres intérêts. En tout cas, le malien lambda se demande à quoi servent nos députés. Laissons aux justes la latitude d’épiloguer sur le bien fondé ou non des deux (02) prolongations du Mandant des députés.
Rappelons simplement que l’article 121 de notre Constitution affiche: «Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la constitution…» Or, il apparait clairement que les deux (02) prolongations du mandant de nos députés sont anticonstitutionnelles.
En conséquence, notre Peuple n’en a pas besoin. Mais dans tout cela, où sont ces opposants garants de la démocratie? Où sont ces leaders religieux qui font croire aux Maliens qu’ils veillent au grain? Où est cette société civile qui se dit au service de la société contre les actes contraires à la constitution? Tous ces gens partagent visiblement les mêmes intérêts fondamentaux que le Pouvoir. Une façon de tromper le Peuple travailleur du Mali.
Tous doivent faire la bonne lecture de cette prémonition du sieur Abraham Lincoln: «On peut tromper tout le Peuple une partie du temps, une partie du Peuple tout le temps, mais pas tout le Peuple tout le temps». Il est grand temps d’arrêter les calcules égoïstes pour servir loyalement, le Peuple travailleur. La dignité et l’honneur de notre Peuple le recommandent vivement.
Fodé KEITA
Inter De Bamako