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Rencontre PM et délégation du Conseil de sécurité: ce que Modibo a dit à ses hôtes

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Ce que Modibo a dit à ses hôtes
En visite de 48 heures dans notre pays, les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont rencontré, le samedi dernier, le Premier ministre Modibo KEITA avec lequel les échanges ont porté sur la mise en œuvre de l’Accord, du processus de cantonnement et de la lutte contre le terrorisme.
Si la délégation onusienne a appelé à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix, le chef du Gouvernement, en bon capitaine de l’exécutif, a plaidé pour un retour rapide de l’Administration au Nord, à la réadaptation du mandat de la Minusma à la réalité du terrain et surtout à la mise en condition des Fama dans le seul but d’imposer la paix.

Deuxième du genre, depuis le déploiement de la Minusma sur notre territoire, cette visite a la signification de l’intérêt que le Conseil de sécurité, conformément à sa mission, attache à la restauration de la paix et de la sécurité au Mali. Ce, d’autant plus que la mission, de deux jours, effectuée dans notre pays, était axée notamment sur l’évaluation des progrès et des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et de la réconciliation. Un autre objectif étant également d’évaluer la situation sécuritaire et l’impact de l’accord sur les conditions de vie des populations.

Les questions à l’agenda
Voilà pourquoi cette visite de 48 heures aura permis aux membres du Conseil de sécurité conduits par son président, Ismael Abraao Caspar Martins, de rencontrer outre les autorités nationales, les représentants de la Minusma et d’autres acteurs nationaux et internationaux impliqués dans le processus de paix et de réconciliation en cours dans notre pays.
Arrivée vendredi soir à Bamako, la délégation s’est entretenue tôt samedi avec le Premier ministre, Modibo KEITA, avant de se rendre à Mopti, puis à Tombouctou où elle a échangé avec des autorités régionales, locales et différents acteurs du processus de paix.
Avec le chef du gouvernement, les échanges ont essentiellement porté sur le volet sécuritaire avec en toile de fond : la mise en œuvre de l’Accord de paix, la lutte contre le terrorisme, la possibilité du renforcement du mandat de la Minusma ou encore le besoin sinon la nécessité de mise en condition des formes armées maliennes en vue d’imposer la paix. Sans compter la sempiternelle question de retour de l’Administration au Nord.
En tout cas, cette mission, d’une si grande importance, se situe dans un contexte aujourd’hui marqué dans notre pays par un certain nombre d’éléments.
D’abord, c’est le Conseil de sécurité et partant toute la communauté internationale qui a contribué à ce qu’un accord de paix et la réconciliation au Mali puissent devenir effective à partir du 15 juin 2015. Et sa mise en œuvre est en cours.
Malheureusement, la mission intervient également dans le contexte d’une recrudescence de la violence et du terrorisme.
En recevant ses illustres hôtes, le Premier ministre a tenu à rappeler ces contextes et non sans clarifier certaines situations. Il a informé, mais surtout, rassuré ses visiteurs que malgré ce regain de la violence, il n’y a eu aucun coup de feu entre les différents mouvements signataires de l’accord (les groupes armés) face au gouvernement.
Certes, entre les mouvements armés, il y a eu quelques incompréhensions, mais il a avoué que les signataires n’ont jamais affronté et l’État et les forces armées et de sécurité.
Un autre élément du décor enthousiaste dépeint par le chef du Gouvernement aux membres du Conseil de sécurité : c‘est que les deux mouvements armés qui, au départ avaient quelques raisons de se méfier l’un de l’autre, ont finalement accepté de se retrouver, de regarder dans la même direction avec le Gouvernement. Toute chose qui a abouti, ce qu’il appelé, à la rencontre d’Anefis où le Gouvernement, la CMA et la Plateforme se sont rencontrés pour décider d’aller dans le même sens. Ce processus est en cours. Il pourrait s’achever au courant de ce mois à partir de la tenue du Forum de Kidal.

Ce qui a été fait
Voilà le contexte brossé par le Premier ministre lequel a aussi insisté sur les retombées que les populations attendent beaucoup de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation. Ce, d’autant plus que le baromètre qui indique la vitalité de cet accord c’est bien l’amélioration des conditions de vie desdites populations.
« Tant que cela se fait attendre, vous comprendrez que les impatiences sont légitimes », a-t-il indiqué à ses hôtes.
C’est dans ce sens justement, a-t-il informé les illustres personnalités de marque, que le gouvernement a tenté de réaliser un certain nombre d’activités, notamment les réformes politiques et institutionnelles qu’exige l’accord. Il a également cité des dispositions d’ordre sécuritaire, notamment, pour la période intérimaire, que le régime a tenté de les mettre en route. S’y ajoutent toutes les actions de développement, de fourniture de services sociaux de base qui ont été initiées, mais qui se heurtent malheureusement à l’insécurité sur le terrain.
En tout cas, c’était là les quelques grandes lignes des actions menées par le gouvernement dont le chef a tenu personnellement à faire part à la délégation onusienne conduite par son président du mois.
Il a ajouté à cela l’extraordinaire élan qu’ont connu les rencontres intercommunautaires dans le sens de la réconciliation.
Dans un optimisme qui lui a toujours caractérisé, et pour rassurer davantage les membres du Conseil de sécurité, le Premier ministre a insisté sur le fait que le gouvernement n’a pas d’autre choix que de mettre en œuvre cet accord de la façon la plus correcte et dans le sens essentiellement consensuel. Pour le locataire de la Primature, c’est ça qui motive sa mission. Et il se dit convaincu que telle est aussi la préoccupation des 15 membres du Conseil de sécurité.
Théâtre d’une mission multidimensionnelle qui, de toute évidence a été meurtrière, le PM a demandé à ses interlocuteurs d’avoir une pensée pieuse pour toutes les victimes tombées sur le sol malien pour défendre la paix et la sécurité : celles de la Minusma, de Barkhane et les victimes maliennes.
Il a aussi exprimé sa peine de voir les camps des soldats onusiens constamment attaqués au nord du pays par les ennemis de la paix. Toutes choses qui l’amènent à se poser la question de savoir si le Conseil de sécurité ne devrait-il pas adapter la mission de la Minusma à la réalité du terrain.

Les préoccupations du gouvernement
En tout cas, pour le chef du Gouvernement, les forces maliennes méritent d’être mises en condition, de relayer l’effort international pour assurer la paix, non pas pour faire la guerre, mais pour imposer la paix. Tout en se disant gré de tout ce que la communauté internationale a fait comme formation des forces maliennes au sein de l’EUTM, mais le PM croit fermement qu’il faut aller dans ce sens de mise en condition des FAMA.
Autres préoccupations évoquées : le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration).
Sur ce plan, il a attiré l’attention de ses hôtes sur les risques de retournement de situation de certains combattants par le camp opposé à la paix, et cela du fait des retards pris dans le processus de cantonnement et de désarmements des groupes armés. D’où la nécessité d’accélérer le processus de DDR et de cantonnement.
La nature a horreur du vide. Ce, d’autant plus que si le terrain n’est pas occupé par les forces positives, il va de soi qu’il en sera occupé par celles dites négatives.
Le Premier a aussi à cœur que l’administration puisse se déployer sur le territoire dans un sens uniquement inspiré par le souci de la paix et du développement pour toutes les populations maliennes du Nord, du Centre et du Sud. C’est ça le sens de ce qu’il a appelé la libre administration des collectivités pour que personne ne puisse se sentir comme un citoyen de seconde zone chez lui, dans un pays comme le Mali.
« Il nous faut réussir cela. Il nous faut également qu’il y ait une espèce de collaboration entre toutes forces impliquées aujourd’hui dans la restauration de la paix pour que les grands chantiers du développement puissent être sécurisés. Et ce n’est pas le cas pour le moment », constate-t-il à ses visiteurs du jour.
Voilà quelques préoccupations que le PM a tenu à apporter au Président du Conseil de sécurité ainsi qu’à la délégation qui l’accompagne avant de les assurer que son gouvernement mettra tout en œuvre pour le terrain leur parle dans la réalité, dans sa dureté, mais aussi dans ses espoirs.

Le message central de l’ONU
« Cette délégation du Conseil de sécurité est venue au Mali pour être avec vous et écouter le peuple et surtout les dirigeants du Mali, ce grand pays qui est dans une phase qui, où nous pensons, doit être dépassé le plus tôt possible. Le Conseil de sécurité et la communauté internationale sont là pour vous accompagner dans cette démarche.
Nous sommes là et après nous allons dans le Mali profond. Je pense qu’en allant dans le Mali profond nous serons mieux placés pour défendre le point de vue de ce que vous venez de nous présenter ce matin en termes de grandes lignes et des orientations à suivre dans cette recherche de la paix ». C’est par ses propos pleins d’espoir que le chef de la délégation, Ismaël Abraao Caspar Martins, a campé le décor de la mission qu’il a conduite dans notre pays.
A sa suite, c’est l’Ambassadeur de France à l’ONU, François DELATTRE, mandaté par la délégation, qui a eu l’insigne honneur de porter à la connaissance du Premier ministre les raisons de leur visite dans notre pays.
Pour le diplomate, c’est un Conseil de sécurité qui vient aujourd’hui exprimer aux autorités son plein et entier soutien et pour dire aussi que dans ce moment charnier que vit le Mali dans son histoire, il reste résolument aux côtés du pays pour une chance historique qui s’offre aux acteurs de sortir définitivement de la crise.
Comme message central apporté, le Conseil pense que la priorité aujourd’hui est à la pleine mise en œuvre de l’accord de paix, à l’accélération même de cette mise en œuvre et au fait de le décliner dans l’ensemble de la réalité du Mali, y compris sur le terrain.

Les domaines prioritaires
De ce point de vue, les domaines prioritaires que les membres du Conseil ont l’esprit, il a mentionné le fait de faire avancer le processus de décentralisation, de faciliter l’organisation des élections locales, d’opérationnaliser les nouvelles régions, la nomination des représentants de l’État et de nouveaux exécutifs locaux. Tous processus qui sont du point de vue du Conseil prioritaire.
S’agissant des DDR, l’organisme international estime que des progrès importants ont débuté dans le domaine du cantonnement. Mais le conseil se dit soucieux à encourager le gouvernement à progresser sur la réinsertion des anciens combattants rebelles, sur l’intégration aussi de certains d’entre eux dans les forces nationales.
Convaincu que l’accord de paix est indissociable du processus de réconciliation, le diplomate français rappelle que cela implique au-delà du dialogue un renforcement de la lutte contre l’impunité. Du point de vue du Conseil de sécurité, la Commission-vérité-justice et réconciliation ainsi que la commission d’enquête internationale, qui doit être mise en place, ont un rôle clé à jouer dans ce domaine.
En parallèle à ce message central sur mise en œuvre de l’accord de paix, la stabilisation du pays, la lutte contre le terrorisme sont aussi une priorité de tous les instants.
Sur ce plan, le Conseil se dit prêt et engagé à renforcer les moyens de la Minusma en termes de formation et d’équipements.
La mission onusienne a, par ailleurs, apprécié à juste valeur les efforts de coordination entrepris par notre pays et ses voisins dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le cadre notamment du G5
Juste après la rencontre avec le Premier ministre, la délégation s’est envolée pour Mopti et Tombouctou. Lors des échanges avec les autorités locales, il a notamment été question des défis sécuritaires, neuf mois après la signature de l’accord de paix.

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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