Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré
Le président de la République par intérim a exposé à nos compatriotes l’état d’avancement du processus de sortie de crise
« Aventuriers » dans l’âme, voyageurs invétérés par nécessité ou par culture, nos compatriotes se trouvent un peu partout à travers le monde. Même dans les pays les plus éloignés. Traditionnellement, le Japon n’est pas une terre d’émigration pour nos compatriotes, certainement pour des raisons historiques et d’éloignement. Les premiers Maliens y débarquèrent à la fin des années 80. « J’ai été le premier Malien à émigrer au Japon. Je suis arrivé à Tokyo en 1988 en provenance d’Israël où je faisais des affaires. Quand je débarquais à Tokyo, je ne connaissais personne. J’avais quand même un peu de sous que j’avais amassés dans mon aventure israélienne et je me débrouillais en anglais. J’ai logé quelques jours dans un hôtel avant de faire la connaissance d’autres ouest-africains anglophones qui m’ont aidé à trouver un logement beaucoup moins cher. Le deuxième Malien est arrivé quelques mois après moi, toujours en 1988 », témoigne Diawara, le doyen de nos compatriotes installés dans l’archipel et dont la première épouse est une Japonaise bon teint, la deuxième étant une Malienne. Nombre de nos compatriotes auraient d’ailleurs épousé des Japonaises. « Je peux dire que 90% des Maliens ont des conjointes japonaises. La compréhension mutuelle est facile car il y a beaucoup de points communs entre la famille traditionnelle japonaise et africaine », confie encore Diawara.
En visite au Japon pour participer à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD V), le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, a rencontré les Maliens vivant dans l’archipel. Du moins une partie d’entre eux. « Ils ne sont pas tous là car ils ont des boulots très contraignants avec surtout des horaires de nuit », a expliqué l’ambassadeur du Mali au Japon, Bania Touré.
Aujourd’hui, ils sont environ 150 Maliens à vivre au Japon. La plupart sont installés dans la zone d’agglomération de Tokyo et Yokohama. Ils occupent divers boulots notamment dans l’industrie et la construction.
Lors de la rencontre avec le président Dioncounda Traoré, ils ont, par la voix de leur président, Abdrahamane Diallo (professeur dans une grande école), fait part de trois grandes préoccupations : l’absence de jeunes boursiers maliens dans les écoles nipponnes, l’ouverture d’un centre culturel à l’ambassade du Mali à Tokyo et la situation autour de Kidal.
Concernant la première préoccupation, Abdrahamane Diallo a souligné qu’actuellement, il n’y a pas d’étudiants maliens au Japon, mais des doctorants, contrairement à bien d’autres pays du continent et même de la sous-région ouest-africaine qui y envoient chaque année des bacheliers. Diallo pense qu’il serait avantageux pour notre pays d’investir dans les jeunes bacheliers même si cela n’empêche pas l’envoi de diplômés pour faire des études postuniversitaires.
Quant à l’ouverture d’un centre culturel à l’ambassade, il trouve sa pertinence dans la nécessité de favoriser les échanges culturels entre Maliens et Japonais. En outre, un tel centre permettra aux enfants des couples mixtes de mieux connaître la culture malienne.
Que se passe-t-il à Kidal ? Pourquoi l’armée malienne n’y est toujours pas ? A quoi joue la France ? Voilà un certain nombre d’interrogations posées par nos compatriotes au président de la République par intérim.
Sur la question qui déchaîne actuellement les passions dans le pays, Dioncounda Traoré a été clair : Kidal ne peut pas constituer une exception en République du Mali. L’armée est d’ailleurs dans la Région de Kidal. Il n’y a que la ville de Kidal qui échappe à notre contrôle. Mais l’arrivée de l’armée nationale n’est qu’une question de temps. Elle se fera dans tous les cas avant l’élection présidentielle qui se déroulera sur l’ensemble du territoire national. Dioncounda Traoré a donc demandé de la patience à nos compatriotes sur la situation à Kidal. « Personne ne peut nous empêcher d’aller à Kidal. Si nous devons aller seuls sans nos alliés, nous irons. Nous allons reprendre Kidal même si la guerre doit durer 100 ans », a martelé le chef de l’Etat.
Les assurances données par Dioncounda Traoré ont soulagé nos compatriotes. « Nous pouvons maintenant respirer. Nous recevons toutes sortes d’informations ici sur la situation à Kidal via Internet et la presse internationale. ça nous coupe des fois le sommeil. Avec vos réponses nous pouvons maintenant dormir tranquillement. Pardonnez-nous d’avoir été susceptibles à votre égard », lancera un jeune intervenant visiblement sous le coup de l’émotion et qui, comme tous les autres, a le pays très à cœur.
S’exprimant sur les deux autres préoccupations des Maliens du Japon, Dioncounda Traoré a indiqué que le gouvernement de la Transition qui tire vers la fin de sa mission a peu de temps pour gérer tous les dossiers. Mais l’Administration étant une continuité, les doléances seront suivies et transmises à qui de droit pour leur traitement futur.
La rencontre a été l’occasion pour le président d’exposer à nos compatriotes l’état d’avancement du processus de sortie de crise. Il les a invités à jouer leur partition dans ce processus comme tous les autres Maliens et leur a demandé de se mobiliser totalement pour les élections à venir afin d’élire des dirigeants légitimes qui auront la confiance de la population.
S. TOGOLA