Le 28 février 2022, le HCUA, bras armé de la CMA (groupes rebelles armés contre le Mali) a affirmé dans sa déclaration, son attachement “à l’unité et au droit à l’autodétermination du peuple de l’Azawad”. Il n’y a pas eu de référendum réalisé auprès des populations du NORD du MALI dont le résultat aurait acté l’existence d’un peuple uni d’un Azawad fantasmé, encore moins de sa volonté d’autodétermination. Imposer par les armes sa volonté minoritaire à une majorité réfractaire, ne peut aboutir qu’à une guerre civile fratricide. Tel est, au pire, l’objectif et au mieux, l’une des conséquences néfastes de l’application de l’accord d’Alger, Dugu tji Sèbèn.
Accord dont le HCUA “exige l’application diligente et intégrale”, face à un gouvernement qui prône une application “intelligente” et, entre les lignes, une relecture. Relecture impossible du fait de l’article 65 qui stipule que “Les dispositions du présent Accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les Parties signataires du présent Accord et après avis du Comité de suivi”. Consentement que le HCUA, en tant qu’élément incontournable de la CMA, n’est clairement pas prêt à donner.
Quelle est la stratégie du gouvernement pour sortir du piège que représente cet accord ? Quand le HCUA ose rappeler “au Gouvernement malien, […] que le seul instrument qui lie le mouvement à l’Etat malien reste l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger”, n’affirme-t’il pas qu’un renoncement à cet accord, ou sa simple relecture, l’autorise à déclarer l’indépendance d’un Azawad imaginaire, autrement dit à repartir en guerre contre le peuple malien ?
Face à ces menaces à peine déguisées, le gouvernement malien entend-il imposer aux groupes armés l’application du DDR (articles 18, 19 et 20 de l’accord d’Alger), préalable à la résolution politique du conflit ? En faisant étalage de sa force militaire lors de son congrès extraordinaire tenu à Kidal, les 12 et 13 janvier derniers, devant des personnalités étrangères mais également des représentants du gouvernement malien, quel message le HCUA leur envoyait-il ? Quelle a été la réaction des autorités face à une telle débauche d’équipements militaires, dont on se demande comment ils ont été financés ?
Le document signé à Rome, début février 2022, entre le ministre de l’application de l’Accord d’Alger et les groupes armés, sera t’il rendu public afin que les Maliens aient une vision claire de la stratégie du gouvernement concernant l’application de cet accord d’Alger, inique, illégitime, au contenu néfaste pour le Mali ?
Au nord, au sud, au centre, à l’est ou à l’ouest du Mali, s’imposer par les armes appelle les armes en retour, pour la dignité du Mali et des maliens.
Bamako, 3 mars 2022 – 19h28
Ibrahima KÉBÉ Tamaguidé
Association politique Faso Kanu – Membre du FRAA
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