“Nous vivons auprès d’une poudrière, dans une zone d’insécurité. Il suffit d’un mouvement d’humeur pour que les policiers se mettent à tirer n’importe comment. Assez ! C’est assez, il faut que les autorités prennent leurs responsabilités. On vit dans une psychose totale et nos femmes et nos enfants sont même traumatisés par toutes ces dérapages des policiers qui se tirent dessus comme dans un film western”, a déclaré Boubacar Diabaté, 62 ans, un notable du Badialan 3.
“La meilleure solution à ces problèmes de syndicats au niveau de la police passe par une remilitarisation de ce corps. Il faut que les plus hautes autorités de la transition, ou les députés prennent leur responsabilité en révisant le statut des fonctionnaires de police au Mali.
Car les policiers eux-mêmes n’ont pas compris leurs rôles dans une démocratie. Le syndicalisme dans un corps comme la police s’inscrit dans un cadre juridique et statutaire bien précis afin chaque policier malien comprenne que la lutte syndicale dans un corps armé s’effectue dans le cadre des règlements et de la discipline d’un service armé. La liberté syndicale dans une police doit avoir des limites eu égard aux missions régaliennes de ce corps”, a expliqué un contrôleur général de police à la retraite.
Au dire d’un conseiller municipal de la commune 3 du district de Bamako, “la démilitarisation de la police malienne a été faite dans le feu des actions de lutte pour la démocratie et pendant la conférence nationale après l’avènement de la démocratie en mars 1991, on a pris des lois sous la pression de la rue, sans pourtant donner des contenus raisonnables à celles-ci. Je pense que l’occasion est opportune avec cette situation de crise que les plus hautes autorités remilitarisent la police afin de pouvoir mieux la restructurer et l’organiser”, a-t-il souligné.
Selon un officier de l’armée malienne, une remilitarise de la police va permettre à l’état-major général des armées de pouvoir employer les policiers dans les opérations de sécurisation et de pacification des localités du septentrion malien.
“Nous avions des soucis d’effectif, car plus 3.000 éléments intégrés sont allés à l’ennemi. Ils sont devenus les bras armés des mouvements terroristes. Une remilitarisation va permettre à l’armée de déployer des policiers dans les groupements tactiques interarmes, (GTIA) en vue des opérations.
Elle mettra fin pour un bout de temps aux questions syndicalistes, puisqu’il n’y a pas de syndicalisme dans l’armée et toutes les formes de revendications son individuelles au sein des forces armées. Sinon cette corporation est présentement décriée par les populations civiles qu’elle ait censé protéger.
Il est très difficile de restaurer l’ordre, la discipline et la cohésion dans la situation actuelle de la police malienne”, a soutenu un officier des affaires publiques de Défense et de Sécurité du Mali. Ces déclarations font suite aux affrontements, le 4 avril, entre diverses tendances de la police nationale dans l’enceinte du Groupement Mobile de Sécurité (GMS).
Ces affrontements à répétition ont perturbé la quiétude des populations. Un détachement des forces armées et de sécurité a été dépêché sur les lieux par le gouvernement, le samedi 6 avril, pour désarmer les factions rivales. L’opération s’est soldée par un soldat tué, un policier blessé, seize policiers interpellés, des armes et des munitions saisies. Une enquête est ouverte, déclare le gouvernement dans un communiqué lu à la télévision nationale.
Source: Xinhua