Plus d’un mois après l’installation du bureau et des groupes parlementaires de l’hémicycle, l’impatience de la classe politique, mais aussi de certains de nos concitoyens, s’accentue par rapport à la formation d’un nouveau gouvernement à l’image de l’actuelle configuration politique. Une tradition respectée par les précédents régimes démocratiques qui se sont succédés. Les murmurent se multiplient, à plusieurs niveaux, créant une peur et une insécurité intérieures dans le camp de ceux qui pensent que le moment est enfin venu pour eux d’être récompensés. Des dates et même des noms de futurs membres, avaient été divulgués par certaines presses. Mais, c’était peine perdue. Pendant ce temps, le chef d’orchestre, visiblement, serein, semble ne pas se préoccuper de cette situation.

Constitutionnellement, le président de la République n’est pas tenu, ni obligé de procéder à un remaniement Ministériel dès la mise en place de l’Assemblée nationale. Il a le choix de garder l’équipe qu’il juge capable de faire son affaire jusqu’au moment où la nécessité de remanier, se fait sentir. Dans le cas actuel du Mali, des observateurs estiment qu’IBK est dans cette logique. Ce qui est à retenir aujourd’hui, c’est que les uns et les autres, doivent se mettre à l’évidence que le président accorde une très grande considération aux hommes et femmes qui sont chargés de conduire l’action gouvernementale. Aussi, cela prouve que, cette situation découle d’une marque de confiance que place IBK en cette équipe.

Pourtant, ce qui se passe aujourd’hui, ne devrait surprendre personne. On se souvient de l’adresse du locataire de Koulouba au gouvernement lors de la présentation des vœux du nouvel an 2014. En cette circonstance, le chef de l’Etat, avait, clairement, dévoilé à la face de tous qu’il a confiance au premier Ministre Oumar Tatam Ly. Partant de cette base, on ne doit pas être étonné si ce même gouvernement continue de travailler. La question qui se pose plutôt est de savoir si IBK n’est pas en train de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui se sont précipités pour se rallier à lui aux premières heures qui ont suivi la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle de juillet 2014. Ces derniers qui se réclament aujourd’hui de la majorité présidentielle, sont, en effet, dans une situation embarrassante au regard de l’évolution de cette problématique de la formation du gouvernement.

La situation est embarrassante quand on sait que même le parti au pouvoir, n’a pas bien gobé la composition du gouvernement Tatam Ly. Pour la formation du nouveau gouvernement, le RPM n’entend pas se laisser faire. De toutes les manières, ce qui se passe, révèle le contre coup parfait d’IBK qui aura su déjouer tous les pronostics en ce qui concerne ce renouvellement gouvernemental. IBK, conscient qu’il sera le seul comptable du bilan de son mandat, ne veut pas prendre le risque de se faire entourer par des hommes qui ne pensent qu’à eux-mêmes.

Les gens doivent comprendre que c’est aussi la situation actuelle du pays qui l’oblige à prendre le temps nécessaire pour choisir la bonne graine. Par cet acte, IBK entend affirmer son indépendance vis-à-vis de la classe politique et prouver son autorité. En somme, c’est lui qui décidera, en dernier ressort.

Jean GOÏTA