Le Syndicat national des banques, établissements financiers, microfinance et commerce (SYNABEF) a organisé, à son siège, une conférence de presse, le mardi 27 avril, pour défendre l’une de ses membres, Mme Kané Djénéba Sall, ex-Directrice de l’agence BDM-SA de Missira, présentée comme » victime de l’acharnement de la Direction Générale « . Pour celle-là l’intéressée doit justifier «un manquant» de plus de 44 585 000 de FCFA au niveau du GAB et «des retraits suspects sur le compte d’un client résidant aux Etats Unis d’Amérique».
Dans ses explications, le secrétaire général du SYNABEF, Hamadoun Bah dira que « dans cette affaire, de bout en bout, la BDM-SA est en faute. Nous disons bien de bout en bout, l’amateurisme a prévalu « .
A en croire M. Bah « cette dame en état de grossesse devrait commencer ses congés pour l’accouchement le 1er décembre 2019. La BDM-SA l’obligea à rester 10 jours de plus. Sachant qu’elle partait en congé à cette date, elle prit soin de faire tous ses arrêtés de compte le 29 novembre 2019 avec la Directrice adjointe conformément à la procédure de passation de service. L’ayant obligée à dépasser son délai, dans la semaine qui suit, elle subit un accident et c’est là où elle fut conduite d’urgence à la Policlinique Pasteur. Elle y subit une opération d’urgence pour sauver son bébé. C’est dans son lit de convalescence que le contrôle passe récupérer les clés. Pour ensuite, sans présence d’huissier, sans présence de la Directrice adjointe, ouvrir le coffre pour soi-disant constater un manquant de plus de 40 millions de FCFA. Depuis janvier 2020, cette affaire reste lettre morte, puisque infondée « .
Le secrétaire général de poursuivre qu’après cette affaire la Direction générale de la BDM-SA, sur la base des documents découverts dans son bureau, l’accuse de retraits sur le compte d’un client basé aux Etats Unis. Pour le syndicat, Mme Kané a été mandatée par le vrai propriétaire dudit compte pour effectuer ces opérations en faveur de sa maman vivant au pays. Le syndicat affirme que le client a reconnu cela par une lettre adressée à la banque.
Et de regreter que c’est sur la base de ces irrégularités non fondées que la BDM-sa a saisi l’inspection du travail pour licencier Mme Kané.
Le SYNABEF s’est dit révolté à ce niveau par le fait que le secrétaire général du comité syndical de la BDM-SA s’est prononcé en faveur du licenciement de la dame. A l’entendre, cela est la preuve que « ce comité syndical de la BDM-SA est dans la poche de la direction générale. Désormais, le SYNABEF ne reconnait plus le comité syndical de cette banque qui ne le représente plus « .
Le Synabef d’ajouter que « les récriminations reprochées à son adhérente ne sont pas fondées. C’est pourquoi l’inspection du travail s’est opposée à son licenciement « .
Il relève que pendant tout ce temps, « Mme Kané ne reçoit aucune prime contrairement à ses collègues. Elle est privée de tout… « . Et d’exiger de la direction de la BDM-sa le paiement intégrale des primes de Mme Kané d’ici à la fin de ce mois d’avril.
Au niveau de la banque où nous avons recoupé l’information, notre source de révéler que » le 6 décembre 2019, Mme Kané Djénéba Sall, informa ses responsables hiérarchiques de son absence pour cause d’accouchement déclenché de façon prématurée. Une situation tout à fait normale car humaine « . Cependant, le fonctionnement de l’agence ne devrait pas êre perturbé, car il s’agit de situations récurrentes et le relais est immédiatement pris par l’adjointe de la Directrice « .
Pourtant, quelle ne fut leur surprise quand, quelques jours, plus tard, des clients alertent les responsables du réseau sur l’indisponibilité du Guichet Automatique de Banque (GAB) de Missira.
Les responsables du réseau dépêchés ont constaté que la Directrice absente avait emporté avec elle les clefs de son bureau et du GAB, » une situation à tout le moins impensable et inhabituelle et en violation des procédures de la banque « . Après la récupération des clés par une mission composée du réseau d’agences, du contrôle et de l’inspection qui procéda le même jour au décompte physique du GAB et relève un montant de 271 000 F CFA.
» L’arrêté des comptes du 31 décembre 2019 a mis au jour un manquant de 44 585 000 F CFA dans la gestion du GAB. Interpellée par l’inspection de la banque sur la cause des sommes manquantes, la Directrice Mme Kané se reconnait comme seule responsable car elle seule a toujours détenu les clefs du distributeur automatique de billets. Elle s’est aussi engagée à rembourser les montants en question selon un mode d’arrangement avec la banque, vérifiable devant la Direction des Affaires Juridiques. C’est bien plus tard qu’elle est revenue sur sa version des faits, alléguant que le GAB a été ouvert en son absence et sans le service d’huissier » explique t-on.
Il a été constaté, assure t-on, plusieurs opérations suspectes consistant à des retraits de fortes sommes d’argent et reversées 24 heures plus tard dans le sillage de Mme Kané. Toutes les opérations ont été effectuées au moment des arrêtés des comptes en vue de masquer très certainement le détournement.
La banque a aussi relevé « des opérations suspectes sur le compte d’un client » par la directrice. Ainsi, des retraits de 3 millions de FCFA par opération ont été effectués le 8 novembre 2019, la somme remise en place le 13 novembre soit 6 jours plus tard, le 27 novembre 2019 et replacés cette fois le 30 juillet 2020, puis le 28 novembre 2019 et reversés le 29 novembre soit 24 h après.
Or, précise t-on du côté de la banque, » pour toutes ces opérations Mme Kané n’avait requis, ni bénéficié d’aucun mandat du titulaire du compte. Elle a donc décidé de son propre chef de modifier les données du client pour les remplacer par sa propre identité et donc de manipuler à sa guise le compte du client sans l’en informer et sans mandat dûment établi « .
Devant cette anomalie constatée, la banque a, par précaution, décidé de bloquer le compte en question en attendant d’en savoir plus. C’est ainsi que face à » l’impossibilité pour lui d’accéder à son compte depuis l’étranger, le vrai titulaire débarque à Bamako et se présente à la BDM, le 9 Septembre 2020, pour avoir des explications. … Le client a affirmé n’avoir jamais donné un quelconque mandat à Mme Kané pour gérer son compte en modifiant son identité« .
Cependant, » le client a reconnu tout au plus que Djénéba lui a demandé de lui prêter de l’argent et il a autorisé une seule opération portant sur 3 millions afin de régler un problème urgent. Les autres opérations de virement, il n’en a eu ni connaissance encore moins les autoriser » précise notre source.
C’est donc à partir de ces faits allégués, vérifiés et vérifiables notamment » manipulation du compte de client, atteinte à la déontologie du métier de banquier, faux et usage de faux, violation des procédures » que la BDM-SA a écrit à l’inspection du travail pour demander le licenciement pur et simple de l’agent pour faute lourde.
Après analyse du dossier, l’inspection du travail a requis la clémence de la banque. Dès lors, en attendant de bien examiner son cas en profondeur et conformément aux textes règlementaires en vigueur, la Direction Générale de la BDM-SA n’a pris aucune mesure nouvelle concernant Mme Kané qui continue de bénéficier de l’entièreté de son traitement et des avantages dus.En ce qui concerne le détournement de 44 585 000 F CFA du GAB qu’elle n’a toujours pas remboursés, conformément à son engagement préalable, son avocat, dans une lettre du 30 novembre 2020 consécutive à une rencontre du 12 Octobre 2020, a sollicité un règlement amiable, avec l’accord de Mme Kané, dans le sens d’un remboursement intégral et de son maintien à son poste avec tous les avantages.
Cependant, pour la BDM-SA, « cette affaire n’est pas susceptible d’occuper la moindre ligne dans l’agenda d’un Directeur Général dont la gestion révèle plutôt, en grands traits, des résultats jamais égalés dans l’histoire de la banque et de la place bancaire du Mali « .
Y. CAMARA
Source: l’Indépendant