Après son lancement le 14 mars dernier à Tombouctou, la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé dans le nord du Mali est dans sa phase de concrétisation. Le programme de réhabilitation qui durera quatre ans a été dévoilé et le coût de reconstruction est estimé à environ 5,5 milliards de Fcfa. C’est à la faveur d’un un atelier de restitution et de validation du document organisé le vendredi 4 avril au CICB par le Ministère de la Culture en partenariat avec l’UNESCO et le Centre du patrimoine mondial.
L’ouverture des travaux était présidée par le ministre de la Culture, Bruno Maïga en présence de Mme SokonaTounkara, représentant le représentant de l’Unesco au Mali, du Directeur national du patrimoine culturel, les partenaires techniques , entre autres.
Le Mali et ses partenaires ont élaboré une stratégie de reconstruction et de réhabilitation du patrimoine culturel endommagé dans le nord pendant l’occupation des djihadistes.
La stratégie en trois étapes essentielles
Dans le document qui a été validé vendredi, la stratégie de reconstruction se décline en trois étapes essentielles. Elle consiste d’abord à l’achèvement du travail de documentation qui avait commencé en juin 2013, ainsi que de toutes les études et diagnostics qui sont encore nécessaires. Cette étape importante devra se poursuivre avec la rigueur scientifique et avec l’appui des experts internationaux et nationaux. Le travail d’études et de documentation restant pour les mausolées permettra de définir les solutions techniques et l’état physique à restaurer pour chacun d’entre eux.
La seconde étape consiste à la reconstruction du patrimoine culturel. Il s’agit de reconstituer : pour la ville de Tombouctou des mausolées, des mosquées, les bibliothèques de manuscrits, le monument El Farouk et le patrimoine immatériel. Pour les bibliothèques de manuscrits, un premier groupe de 3 à 4 bibliothèques sera réhabilité grâce à l’appui complémentaire de la MINUSMA pour permettre au retour des manuscrits dans la ville avant le mois de juin 2014. Quant aux autres bibliothèques privées, elles seront réhabilitées avec le concours de l’Ong SAVAMA DCI et ses partenaires.
A Gao, il faudra d’abord reconstituer le tombeau des Askia. Cela va connaitre un diagnostic détaillé sur l’état de dégradation des structures architecturales du Tombeau des Askia. Qui sera mené par des spécialistes. Aussi, l’élaboration d’un plan d’action pour la protection du site archéologique de ‘’Gao Sanèye’’. Pour les musées et objets culturels, un premier travail sera fait sur l’état des collections du musée du sahel qui sont dans une situation de stockage très précaire et préoccupante.
Enfin, la troisième étape consiste à impliquer les communautés des régions du nord et du centre affectées par la crise. Ces communautés auront la principale responsabilité de reconstruction. Leur forte participation déterminera la mise en œuvre harmonieuse des programmes de reconstruction et constitue un gage de la conservation durable du patrimoine reconstruit. L’étape vise également à impulser une dynamique régionale pour la paix, la cohésion sociale et la réconciliation.
Plus de 5,5 milliards de Fcfa et plusieurs partenaires mobilisés
Le coût global du budget de la stratégie de reconstruction est estimé à plus de 11.336.258 dollars américain, soit plus de 5,5 milliards de Fcfa. Dans la concrétisation du plan d’actions de réhabilitation du patrimoine endommagé qui s’étalera dans quatre ans, plusieurs partenaires sont mobilisés. La MINUSMA a mis en place une unité « environnement et culture » pour s’assurer de la sauvegarde du patrimoine culturel du Mali. Elle a déjà participé activement aux efforts depuis la transition. On peut noter également des pays comme la France, la Norvège, l’Union Européenne, l’Afrique du sud et tant d’autres.
L’appui du gouvernement Suisse est capital. En effet, depuis la visite, en mai 2013, de son secrétaire d’Etat à la Coopération internationale à Bamako, la Suisse manifeste une attention particulière pour la réhabilitation du patrimoine culturel. Le gouvernement suisse a confirmé officiellement un accord de financement à hauteur de 1.100.000 USD en faveur de la reconstruction du patrimoine culturel endommagé dans le nord du Mali.
Rappelons que, avec la crise entre mars 2012 et janvier 2013, ce sont au total 14 des 16 mausolées classés patrimoine mondial qui ont été détruits, trois mosquées dégradées, des bibliothèques privées également dégradées, près de 4200 manuscrits anciens brulés et plus de 320 000 manuscrits exfiltrés à Bamako. Aussi, le site de la Falaise de Bandiagara, en pays Dogon et celui des villes anciennes de Djenné, classés également patrimoine mondial de l’Unesco, ont été indirectement touchés par la crise du nord à cause des difficultés économiques induites par l’arrêt de l’industrie du tourisme culturel.
Daniel Kouriba
Source: Tjikan
