Le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle Maouloud Ben Kattra et le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Dr. Abdourhamane Sylla ont procédé ce jeudi 5 avril à Kayes, au lancement de la campagne régionale d’information et de sensibilisation sur la migration irrégulière et les opportunités d’emploi dans la région de Kayes.
Cette campagne intervient dans le cadre de la mise en œuvre des activités du Projet Ejom (l’Emploi des jeunes créé des opportunités d’emplois ici au Mali) exécuté par trois agences néerlandaises et l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej). Les régions de Koulikoro et de Gao avaient précédemment accueilli la même activité conformément au chronogramme d’exécution du projet qui se chiffre à près de 13 milliards de F CFA.
Après l’accueil officiel à l’aéroport Dag-Dag, les ministres ont effectué une série de visites notamment dans les structures relevant de leur tutelle. A ce titre, le ministre Maouloud Ben Kattra s’est successivement rendu à l’ANPE, à la direction régionale de l’emploi et de la formation professionnelle, à l’atelier-école de l’ANPE communément connue sous le nom de l’AEK.
A la direction régionale de l’ANPE, le ministre a visité les locaux, échangé avec les agents sur leurs conditions de travail ainsi que quelque 37 apprenants dont 20 en assainissement et 17 en infographie dans le cadre des programmes de reconversion financés par l’Apej.
A l’AEK, le ministre a pu appréhender le dynamisme du partenariat entre les différents acteurs de ce centre qui dispose d’importantes potentialités dans le domaine de la formation et de l’apprentissage : électricité, mécanique, soudure, réseaux solaires, embouche, etc. Au cours de ces 18 dernières années, l’AEK, avec ses 10 salariés, a formé 497 apprenants dans 15 modules différents dont les mines.
Le maire de Kayes Dembaya, présent à l’accueil, a témoigné de l’importance du centre pour sa localité en termes de formation et d’électrification. En effet, le centre dispose d’une capacité de production en eau et électricité qui ne demande qu’à être transportée dans les environs.
Pour soutenir le centre, le ministre a procédé à la donation de 100 tables bancs à la direction du centre par le biais du directeur de cabinet du gouverneur et la mairie.
Le ministre s’est également rendu au centre de formation en mécanique auto des apprenants dual fondé en 1947, la direction régionale du Fafpa puis la coordination régionale de l’Apej. L’Apej qui intervient à Kayes depuis 2004 intervient dans le domaine du renforcement de l’employabilité des jeunes, le développement de l’esprit d’entreprise et le financement des projets.
Dans l’après-midi, les deux ministres Ben Kattra et Dr. Abdourhamane Sylla ont lancé la campagne d’information et de sensibilisation sur les risques de l’immigration irrégulière et les opportunités d’insertion offertes par les structures techniques, projets et programmes des deux départements. Ces dispositifs sont essentiellement axés sur le financement des petites et moyennes entreprises. Les autorités locales et les forces vives de la ville et de ses environs sont venues en grand nombre pour assister à cette conférence publique qui s’est tenue au gouvernorat de Kayes.
Il convient de retenir que le projet “l’emploi des jeunes créé des opportunités, ici au Mali” a pour objectif de contribuer au développement des opportunités économiques et à la stabilité sociale dans les régions de Kayes, Koulikoro, Gao et le district de Bamako.
Cela, à travers l’horticulture, la gestion de déchets, l’agro-alimentaire et l’artisanat utilitaire pour 8.620 bénéficiaires directs, quelques 20 fermes horticoles gérées par des coopératives, des kits démarrage, 400 PME dont 150 dans le secteur de l’horticulture, 100 dans la gestion de déchets solides, 50 dans l’agro-alimentaire et 100 dans le secteur de l’artisanat utilitaire.
S’agissant spécifiquement de la région de Kayes, les 600 jeunes bénéficiaires, au titre de l’année 2018, ont été sélectionnés. Les formations en gestion d’entreprise et compétences de vie démarreront très prochainement.
Yélimané et la migration
A la suite des deux ministres, une mission conjointe des deux départements ministériels est arrivée le vendredi 6 avril à Yélimané pour une séance d’information et de sensibilisation.
A l’entame de la séance, le maire de la Commune rurale de Guidimé Yélimané et le sous-préfet central ont souhaité la bienvenue à la délégation conjointe et de fructueux échanges.
Dans son intervention Ibrahima Mahamane Touré, représentant le président du CNJ-Mali, a salué les initiatives prises par les plus hautes autorités pour freiner la migration irrégulière en donnant des opportunités d’emplois pour 8600 jeunes hommes et femmes. Il a invité les jeunes à rester ici pour construire le Mali.
Le ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine est à sa troisième séance de sensibilisation à Yélimané dont 15 000 ressortissants sont des migrants à travers tous les continents.
Le gouvernement du Mali a déjà élaboré une politique nationale de la migration et une politique nationale de l’emploi. Sur les dix projets pilotés pour réduire la migration cinq sont opérationnels dans la région de Kayes. D’autres dispositifs ont été exposés aux populations du cercle par les responsables des structures d’exécution.
La Politique nationale de la migration (Ponam) est un ambitieux projet de 120 milliards F CFA qui s’articule autour de deux volets essentiels : la gestion des migrations dans le cadre des normes internationales et la volonté de mettre en lien la migration et le développement. Il s’agit alors de mettre en œuvre tout un ensemble de mécanismes pour favoriser l’investissement de la diaspora et organiser la migration légale. Cet instrument de politique analyse la migration sous tous ses aspects et assigne des objectifs, des actions pertinentes pour positiver le phénomène en améliorant ses effets et impacts favorables et en réduisant ses aspects négatifs.
Elle consiste à assurer la protection et la sécurisation des migrants et les membres de leurs familles en veillant au respect de leurs droits et devoirs, en favorisant leur accès à un travail décent et à une bonne couverture sociale. Elle permettra également de mobiliser et valoriser les apports de la diaspora pour réduire la pauvreté et soutenir le développement national. Bref la Ponam envisage de faire de notre pays un carrefour ouest-africain de concertation et de dialogue sur les migrations.
Même si la pauvreté est mise en avant comme une raison fondamentale de la migration irrégulière, force est de reconnaître que dans le contexte actuel, elle est surtout liée au fait culturel chez les Soninkés par exemple. Les principales causes s’expliquent également par une combinaison de facteurs comme les contraintes consécutives aux actions anthropiques (dégradation des ressources naturelles, aléas climatiques, démographie etc.) A celles-ci s’ajoute l’insuffisance des opportunités d’insertion et de développement local. Ainsi, le contexte actuel de la migration exige de nouvelles réponses.
Une place de choix est réservée à la communication de proximité pour un changement de comportements en mettant à la disposition des populations l’information et les outils (textes et fiches, traduits en langues nationales) sur les réalités de la migration clandestine. Ensuite, l’État identifiera les opportunités d’investissements qui seront appuyées dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale.
Aujourd’hui, les autorités, à travers la Ponam, ambitionnent également d’aménager les cours d’eau dans les localités de départ pour occuper les jeunes pendant toute l’année. En plus, l’accent sera mis sur la promotion des activités comme l’élevage et l’installation des unités de transformation agricole dans ces zones.
Privilège chez les jeunes
Pour une bonne réussite de ces activités, la formation des jeunes sera privilégiée. Des centres de formation et d’apprentissage des métiers, comme la mécanique, la menuiserie, seront ouverts aux jeunes. La construction d’infrastructures routières créera des emplois qui pourront également retenir les jeunes candidats à l’émigration. Le gouvernement envisage aussi de mettre en valeur des ressources naturelles existant dans ces territoires.
Ainsi en 2014, le gouvernement a facilité le rapatriement de milliers de Maliens de la République centrafricaine et près de 800 personnes de la Libye. En 2015, près de 600 personnes de la Guinée équatoriale, du Gabon, du Cameroun et quelques dizaines venus des pays européens. Dans tous ces cas, le ministère des Maliens de l’extérieur a joué un rôle fondamental pour permettre un retour dans la dignité de nos compatriotes.
La problématique du retour est devenue davantage complexe avec les récents événements survenus dans les régions nord du Mali qui ont engendré des déplacements massifs de populations vers les pays voisins, le district de Bamako, les régions du centre et du sud. Ces déplacements massifs ont posé de nombreux problèmes d’intégration sociale et de réinsertion professionnelle. La gestion de cette situation a exigé de l’Etat, des collectivités territoriales et de leurs partenaires (Partenaires techniques et financiers, société civile), la mobilisation d’importants moyens logistiques et financiers.
Il faut retenir que la diaspora malienne dispose de capacités assez diversifiées que le pays ambitionne de valoriser et de mobiliser au service du développement national. Ces capacités concernent principalement le transfert de compétences techniques et scientifiques et la mobilisation des investissements et des ressources financières.
Vers une nouvelle banque
La Banque des Maliens de l’extérieur permettra d’aider les expatriés à investir dans les secteurs d’activités d’envergure pour la création d’emplois. Contrairement aux banques classiques, l’idée est de permettre aux Maliens de l’extérieur d’avoir accès aux crédits à un taux plus bas. A travers cette structure financière, l’Etat compte orienter l’apport financier de la diaspora malienne estimé à près de 500 milliards F CFA vers les investissements productifs.
Aujourd’hui, une prise de conscience s’impose chez les jeunes et leurs parents pour abandonner la migration clandestine. Les drames causés par le phénomène et les conditions économiques difficiles dans les pays d’accueil prouvent que la migration clandestine n’est pas une alternative crédible pour nos jeunes.
Le cadre institutionnel actuel comporte un ministère de plein exercice en charge de l’emploi et de la formation professionnelle avec des services centraux et personnalisés comme la direction nationale de l’emploi, la direction nationale de la formation professionnelle, l’Agence nationale pour l’emploi, l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes, la direction des ressources humaines, le Fonds d’appui à la formation professionnelle par l’apprentissage (Fafpa).
A ces structures s’ajoutent celles qui ont été créées à partir de 2014 comme l’Institut national d’ingénierie de formation professionnelle (Iniforp), l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (Onef), le Programme national d’actions pour l’emploi en vue de la réduction de la pauvreté (PNA/ERP) qui intervient au profit des actifs défavorisés, le Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entrepreneuriat des jeunes ruraux (Fier) et le Projet de développement des compétences et emploi des jeunes (Procej).
Des mécanismes nationaux de financement de la formation professionnelle et de promotion de l’emploi ont été également mis en place. Il s’agit de la Taxe de formation professionnelle, la Taxe emploi jeune et le Fonds auto renouvelable pour l’emploi.
Aussi, les entreprises, les organisations et les associations professionnelles et consulaires interviennent pour le paiement de la contrepartie des bénéficiaires et participent également aux organes de gestion des structures publiques de formation professionnelle.
Cellule Com MEFP
Le Point