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Réformes politiques et institutionnelles au Mali : Éternelle contestation ?

Le président de la République déchu, Ibrahim Boubacar Keita, n’a pas réussi à mener les réformes politiques et institutionnelles nécessaires à cause du manque de consensus autour de la question. Le même échec attend les autorités en place, car les Maliens, surtout la classe politique est divisée sur la faisabilité de ces reformes pendant les 9 mois restants pour la Transition. Va-t-on donc rester éternellement dans les contestations ?

Le Mali, pour son bon fonctionnement, a besoin des réformes politiques et institutionnelles. Tout le monde est unanime sur la question. Tous les groupements ou partis politiques ont insisté sur la nécessité de réussir ces réformes pour de bon et sous cette transition.

Reforme politiques et institutionnelles, une nécessité

Les autorités transitoires auront échoué si elles n’arrivent pas à mener toutes les réformes politiques et institutionnelles. La révision de la Constitution de 1992 ; la relecture de la charte des partis politique ; la révision de la loi électorale ; la relecture de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger ; la création de l’organe unique de gestion des élections…toutes ces réformes sont attendues sous la Transition en cours. La classe politique est unanime sur la nécessité de ces réformes pour la stabilité du Mali. « Une réforme du système électoral est indispensable si nous voulons éviter de nouvelles crises politiques et institutionnelles », a déclaré le président du parti du bélier blanc en février dernier. Pour lui, les autorités en place auront échoué si « à l’issue de la période transitoire en cours, il n’y a ni réformes ni organe indépendant en charge des élections ».

De son côté, le mouvement hétéroclite à la base de la chute du régime IBK, a toujours réclamé ces réformes qui, selon lui, contribueront à stabiliser le pays.

Manque de consensus

Depuis sa nomination, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a exprimé sa volonté de créer un organe unique de gestion des élections que réclament la classe politique et la société civile malienne. « La voie sera ainsi balisée pour les réformes nécessaires à la Refondation du Mali. Il s’agira essentiellement de créer les conditions d’une refonte consensuelle des textes permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la charte des partis politiques et la loi électorale afin de mettre un terme aux conflits postélectoraux récurrents. Pour cela, il sera envisagé la création d’organe unique indépendant de gestion des élections réclamé unanimement par la classe politique et la société civile », a déclaré le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lors de son premier conseil de cabinet. Comme si cela ne suffisait pas, au cours de ses visites de courtoisie, le Premier ministre rassure ses interlocuteurs sur sa volonté de mettre en place de cet instrument.

Même si beaucoup de partis, groupements politiques et associations de la société civile ont salué la volonté du Premier ministre de mettre en place de cet organe pour la crédibilité des élections, d’autres mettent doutent sa faisabilité pour le reste de la durée de la Transition. Y en a même qui rejettent complètement l’idée. C’est le cas de la CNAS-FASO Hèrè de Soumana Sacko. « Il n’est pas exact d’affirmer que la création d’un soi-disant ‘’Organe unique’’ pour les élections est demandée unanimement par toute la classe politique », a indiqué le parti dans son communiqué. Selon cette formation politique, le Mali a un mauvais souvenir de telle structure. «La CNAS-Faso Hèrè rappelle que, en 1996 et 1997, le Mali a fait l’expérience dudit organe unique avec les conséquences à tous égards catastrophiques que l’on sait : gouffre financier, chaos organisationnel et logistique, annulation du scrutin législatif du 13 avril 1997 par la Cour Constitutionnelle, boycott du nouveau scrutin législatif et de l’élection présidentielle du 11 mai 1997, refus de la plupart des Partis d’opposition de reconnaitre le Président déclaré élu, et ce, pendant près de 3 ans, etc ». Ce n’est pas tout, ce parti s’oppose également à la révision constitutionnelle pourtant promise par les autorités de la Transition. « Le Parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du Peuple malien rappelle en outre que, non seulement les conditions constitutionnelles ne sont pas réunies pour entamer une quelconque révision de la Constitution démocratique du 12 janvier 1992, mais aussi il n’y a, à ce jour, au-delà des clichés éculés et des critiques à l’emporte-pièce sans aucun fondement, aucun argument valable pour changer ne serait qu’un iota à la Loi Fondamentale de l’État », a-t-on indiqué dans le communiqué.

Si la CNAS-FASO Hèrè s’oppose catégoriquement à la mise en place de cet organe, le président du Morema, Me Kassoum Tapo, lui, s’inquiète de sa faisabilité pour le reste de la durée de la Transition. Pourtant, le respect de la durée est exigé par tout le monde, la communauté internationale comme la classe politique malienne.

Aujourd’hui, il est évident qu’il n’y a pas de consensus réel entre les gouvernants et la classe politique malienne sur la tenue de toutes ces réformes. Même si tout le monde est unanime de la nécessité de ces réformes, il n’est pas évident que le gouvernement Choguel réussisse car le temps restant est insuffisant.

Nécessité d’avoir un consensus

Cette transition est une opportunité pour le Mali de mener toutes ces réformes nécessaires pour le fonctionnement normal de nos institutions. Il est difficile pour un président démocratiquement élu, donc politique, de mener ces reformes puisqu’il lui sera impossible d’avoir le soutien de ses adversaires. La transition, étant dirigée par un militaire, donc apolitique, elle doit pouvoir mener ces réformes. Pour cela, les autorités actuelles doivent bénéficier du soutien de toutes les forces vives de la nation. Si la création de l’organe unique de gestion des élections permettra au Mali d’organiser des élections libres, transparentes et crédibles, pourquoi ne pas s’entendre ? Si la Révision de la constitution de 1992 contribuera à la stabilité du Mali, il est temps de mettre les divergences de côté pour réussir cette réforme.

Le Mali n’a plus droit à une autre élection présidentielle contestée. Il n’a plus non plus droit à un autre coup d’État. Il faut taire les divergences pour réussir les reformes qui contribueront à la stabilité du pays.

Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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