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Refondation et gouvernance : Comment adapter l’Etat du Mali à nos réalités culturelles.

Depuis début 2012, le Mali souffre de trois crises majeures qui sont la crise alimentaire, la crise sécuritaire et la crise politique. Les conséquences de ces crises se matérialisent par une dégradation des conditions sociales, un risque sécuritaire très important et un risque sociopolitique conséquent. Un peu partout sur le territoire, nous assistons à des foyers de tension qui s’allument ou se réveillent, hypothéquant l’existence de tout un peuple.

La persistance de ces crises est le reflet d’un système de gouvernance qui a atteint ses limites. Tout laisse à croire que les crises actuelles et le réveil des consciences sociales nettement visible dans la forte demande des populations (en démocratie, en mieux-être, en éducation, en sécurité, etc.) sont aussi les signes que la société malienne est en transition politique, sociale et culturelle.

Plusieurs acteurs de la vie publique, considèrent cette transition comme une dernière chance pour amorcer les transformations institutionnelles, politiques et économiques souhaitées par tout un peuple suffisamment outré et meurtrie. En effet, maîtriser ces transformations profondes, signifierait d’une manière simple d’élaborer un agenda précis et cohérent qui situerait certaines suggestions dans un des domaines de la refondation de l’Etat.

Les propositions ci-dessous permettent d’esquisser des perspectives et, surtout, d’ouvrir le débat sur la place de nos réalités culturelles dans la dynamique de refondation enclenchée.

Il s’agit entre autres de :

L’adaptation de l’Etat à la réalité de notre société plurinationale. L’Etat plurinational doit permettre de prendre en compte la complexité de la société malienne, en reconnaissant que l’Etat du Mali est la somme de plusieurs nationalités sociologiques (unité dans la diversité).

Le constitutionnalisme inspiré des valeurs maliennes. La reconnaissance du statut des nationalités sociologiques conduit nécessairement à accepter l’idée de l’existence et de la légitimité de droits particuliers propres aux différentes nations sociologiques constitutives de l’Etat du Mali qui est plurinational. L’architecture institutionnelle (future révision constitutionnelle) du Mali devra alors être conçue pour offrir des lieux de génération et de légitimation du droit, selon que l’on traite des droits particuliers ou du droit général.

Légitimation des principes électoraux et de représentativité. Le principe du gouvernement de la majorité doit être maintenu, moyennant des aménagements profonds du système de représentation. Il est nécessaire que dans les conseils communaux, échelle à laquelle sont gérées la plupart des affaires relevant des droits particuliers, le mode de dévolution du pouvoir permette l’expression des légitimités (traditionnelles et religieuses) propres aux différentes communautés.

La prise en compte des autorités traditionnelles et religieuses dans la gestion des affaires publiques. Les autorités traditionnelles et religieuses gardent une grande influence sur la vie publique, surtout au moment des campagnes électorales. Le dialogue entre cette légitimité traditionnelle et les modalités nouvelles d’organisation locale, exige une reconnaissance mutuelle.

La formation des alliances positives avec les « élites locales ». Les élites « locales » (qu’elles émanent de la coutume, de la religion ou simplement d’un pouvoir économique) constituent des relais de médiation et de mobilisation sociale, du fait de leur crédit moral ou de leur poids économique.

La lutte contre l’instrumentalisation des particularismes. La construction d’un Etat plurinational, par la reconnaissance de fait des différentes nations qui composent l’Etat, réduirait déjà considérablement la stigmatisation des consciences nationales et les nombreuses sources de conflits qui déstabilisent le Mali.

La promotion des langues nationales. La construction et la codification du « commun désir de vivre ensemble » doivent se faire dans les langues et dans les références culturelles que les différentes communautés comprennent.

La création d’espaces de cogestion. Pour réduire la logique des « purifications ethniques », des espaces politiques de co-gestion peuvent alors être créées entre les différentes communautés maliennes.

Docteur Idrissa SANOGO.

Analyste en Gouvernance – Management Public.

Spécialiste en Management de projets.

Mail : idi_15@live.fr

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