L’association n’a pas été entendue, car le ministre vient de publier un communiqué donnant la liste des contractuels concernés, admis à intégrer lesdits corps. Le gouvernement de Transition ne fait certes qu’appliquer un accord conclu entre un gouvernement d’IBK et un syndicat, mais il n’en demeure pas moins que c’est une violation manifeste de la réglementation en vigueur.
Cette décision fait suite à l’échec des tentatives des gouvernements précédents de caporaliser l’ENA et de manipuler les résultats du concours d’entrée dans cette école (cela a motivé la démission d’un DG de l’ENA suite aux agissements du Premier ministre d’alors). Il est de notoriété que l’ENA livre à la Fonction publique des fonctionnaires d’une grande compétence. Elle est l’une des rares écoles d’excellence du Mali, dont nous sommes très fiers, en raison du professionnalisme et de l’intégrité dont ses dirigeants et formateurs ont fait preuve jusqu’à présent, contre vents et marées. Ce genre de décision participe de sa mise à mort programmée dans un contexte de déficit chronique de compétences dans notre administration publique.
Ce processus d’intégration rappelle tristement le recrutement irrégulier des 263 agents de l’Etat, entre août 2011 et mars 2012, par un gouvernement d’ATT à travers la prise d’une vingtaine de Décisions, un scandale qui a défrayé la chronique en 2012 (des décisions annulées par le ministre en charge de la Fonction publique du gouvernement de Transition, en octobre 2012. Le député que j’étais a fortement élevé la voix contre ce recrutement irrégulier au cours d’une interpellation mémorable d’un ministre à l’Assemblée nationale, en 2012 (ces mêmes agents ont été réintégrés dans leurs emplois, plus tard, par un gouvernement d’IBK, sur décision de justice). La requête de l’Association des anciens élèves de l’ENA est fondée et il n’est pas trop tard pour le gouvernement d’arrêter le processus et de trouver une autre solution au problème posé par le syndicat. La violation des lois et règlements par le gouvernement pour la résolution des conflits ne doit plus prospérer.
L’intégration des combattants des groupes de rébellion armés dans la Fonction publique et dans les forces de Défense et de Sécurité, au titre de l’application de l’actuel Accord pour la Paix et la Réconciliation (comme pour les précédents) relève de la même pratique et elle est fortement contestée, à juste titre pour cela. Il est impératif de mettre fin à cette pratique de recrutement qui, en plus d’être illégale, est injuste, car elle rompt l’égalité d’accès des citoyens à la Fonction publique. Tous les fils et filles du Mali doivent avoir la même chance d’accès à la Fonction publique. C’est cela la voie de la Refondation de l’Etat, qui est au cœur de la feuille de route du M5-RFP pour la Transition.
*Ancien ministre, ancien député, Président du MODEC.