La question de l’emploi des jeunes, de façon générale, a toujours été une préoccupation nationale. Elle est devenue encore plus cruciale à la faveur de cette crise multidimensionnelle que notre pays a connue dans les derniers mois. Les jeunes des régions du nord sont les plus touchés. En effet, cette crise a les a durablement touchés, jusqu’au point d’avoir dépité en eux tout espoir de leur insertion post-crise. Ceci se sent à travers le nombre de jeunes déplacés ou réfugiés. Pourtant, beaucoup d’efforts avaient été déployés par les hautes autorités naguère pour juguler le phénomène de chômage et de sous-emploi qui prévalaient dans ces zones avant la crise.
La situation est d’autant plus compliquée pour ceux qui ont été mêlés de près ou de loin à des activités jihadistes, qui se retrouvent pour l’essentiel dans une situation d’inoccupation totale. D’un autre point de vue, il se trouve au même moment que les premières politiques à eux destinées semblent être inadaptées à leur situation. Toute chose, qui mérite un réajustement.
C’est pourquoi, aujourd’hui et plus que jamais, il est important de réfléchir à de nouvelles pistes de solutions pouvant faciliter la prise en charge de ces jeunes, pour éviter en eux toute velléité de reprise d’activités illicite.
Face à ce défi, somme toute important, les propositions suivantes sont faites pour prendre à bras le corps cette problématique assez cruciale.
Dans l’urgence, il importe de procéder à un recensement de l’ensemble des jeunes du nord déplacés ou réfugiés et de recenser leurs besoins en termes d’occupation. Ce travail peut être complété par les conclusions des concertations régionales sur l’emploi, tant prônées dans mes premières analyses.
Ensuite, il serait important de prendre en compte la formation professionnelle dans le renforcement des capacités des jeunes du nord appelés à servir dans les entreprises et à s’installer dans ces régions post-conflit. Dans cette perspective, la méthodologie «Approche Par Compétence» (APC) doit être privilégiée pour donner toutes les compétences nécessaires au jeune afin de lui permettre de servir utilement et durablement sa communauté.
Il faudrait également élaborer un programme spécial d’insertion des jeunes recensés, à l’image «d’un plan Marshall bis d’insertion» assorti d’un chronogramme clair d’exécution et surtout d’un système de suivi évaluation.
Le financement de ce plan Marshall d’insertion doit être recherché auprès des bailleurs ou imputés totalement ou en partie dans les financements déjà accordés au Mali par la Communauté internationale dans le cadre de la relance des activités économiques du Mali.
Aussi, faut-il noter qu’une place de choix doit être réservée à l’entrepreneuriat en vue de booster le développement économique de ces différentes contrées. Ceci devra se traduire concrètement par la création de PME-PMI économiquement rentables, socialement responsables et surtout pourvoyeuses d’emplois massifs. Des créneaux porteurs devraient faire l’objet d’études minutieuses par les spécialistes des questions d’entrepreneuriat et mis à la disposition des candidats prêts à se lancer dans cette aventure pour minimiser, autant que faire se peut, les risques d’échec.
Cheick O. SOUMANO, Spécialiste Emploi jeune
SOURCE: Le Flambeau